Le communiqué qui suit est la copie de la lettre adressée ce matin 14/07/2014 aux parlementaires et conseillers régionaux bretons.
Destinataires : Mesdames, Messieurs les Parlementaires bretons et conseillers régionaux.
De : Bureau « Bretons du Monde – OBE » - (voir le site)
Copie au conseil d'administration.
Mesdames, Messieurs,
En charge de l'animation et de l'administration du réseau Bretons du Monde – OBE, le bureau de l'association tient à exprimer ses craintes concernant un projet d'amendement visant à fusionner la Bretagne historique et ses cinq départements dans un ensemble « grand-ouest » incluant également les départements de la Sarthe, du Maine et Loire, de la Mayenne et de la Vendée.
Reconnaissant que des accords de coopération sont indispensables avec les territoires voisins de la Bretagne, qu'il s'agisse de la Normandie ou du Val de Loire, les élus bretons doivent pouvoir maîtriser le destin de la péninsule en fonction des ses intérêts, sociaux, économiques et culturels comme le feront les futurs élus de la Normandie réunifiée ou d'un Val de Loire cohérent que nous appelons de nos v½ux.
Si cette fusion de la Bretagne avec les dits « Pays de la Loire » devait s'effectuer, peut on croire que cette future assemblée régionale puisse être à l'écoute des intérêts des Bretons alors que le Conseil Régional des Pays de Loire a déployé tous ses efforts pour débretonniser la Loire-Atlantique et même en s'en prenant aux enfants des écoles de la République.
Il nous est expliqué que la Bretagne pourra continuer d'exister dans un tel ensemble hétéroclite grâce à la détermination des Bretons. Belles paroles, mais nous avons mieux à faire pour défendre notre unité, nos emplois, notre économie et par là nos équilibres sociaux plutôt que d'avoir à dépenser tant d'énergie à défendre des droits collectifs qui devraient être inaliénables et garantis constitutionnellement.
Où est cette garantie constitutionnelle dans le projet de fusion ? Qui va se battre dans ce « grand-ouest » sans âme, sans base historique, sans projets futurs pour porter haut un territoire créé par la volonté partisane de quelques politiciens n'ayant pour seul horizon que la prochaine élection voire la prochaine nomination en récompense de « bons et loyaux services » ? Il est évident qu'un tel territoire n'aura aucune légitimité à perdurer et deviendra l'enjeu de nouvelles joutes électorales pour des décennies à venir sans plus de perspectives que les ambitions de quelques-uns au détriment de tous.
Beaucoup d'entre nous s'investissent bénévolement dans des actions de promotion de la Bretagne, que ce soit pour la recherche, l'industrie, l'agriculture, le tourisme et la culture, parce que l'entité pour laquelle ils sont fiers de se battre a un sens, une philosophie de la vie, quelque chose qui nous dépasse. Par respect pour cette fierté qui s'exprimait dans les générations précédentes, ils veulent que cette volonté perdure aussi dans les générations futures. Cette fierté est l'un des éléments nous permettant de prendre notre place dans un monde divisé par la guerre économique et où il n'y a pas que de bons sentiments entre les hommes.
Qui demain voudra investir dans une région habitée par un peuple qui aura perdu foi en lui ou pire qui aura perdu sa conscience d'exister ? Cette flamme existe encore chez les Bretons, la preuve, ils manifestent pour leur unité ! Avons-nous vu des populations se rassembler par milliers dans des événements populaires au Mans, à Angers ou à la Roche-sur-Yon pour s'affirmer « Ligériens et fiers de l'être » ?
Comment pourrions-nous avoir foi dans de belles paroles prononcées par un personnel politique agissant de façon opposée à celle qu'il affirme dans les médias au moment des campagnes électorales ? Ainsi une partie de ce personnel politique s'est opposée à la réunion administrative des cinq départements historiques sous prétexte d'un déséquilibre entre un axe Rennes-Nantes prétendu trop puissant par rapport à une communauté brestoise isolée dans son « far-west » finistérien et maintenant les mêmes qui trouvaient la capitale bretonne trop à l'est ne seraient plus gênés si les conseillers régionaux qui décideront de leur avenir sont des élus des circonscriptions situées à 400 km de nos îles du Ponant .
Que pèsera l'avenir de ces territoires maritimes pour des « terriens » plus soucieux de leur carrière politique parisienne que de leur devoir de solidarité avec des « finis-terrae » éloignées de c½ur comme de corps ?
Le « choix » qu'on voudrait imposer aux Bretons est la soumission aux décisions du pouvoir central et ce n'est donc pas un choix, alors que la seule option raisonnable est celle qui fut toujours défendue par les partisans de la réunification. La Bretagne n'est pas qu'une « circonscription » électorale, c'est un territoire sur lequel s'est écrite une histoire avec la culture d'un peuple qui depuis le déclin de l'empire romain a aussi marqué l'histoire tant par sa réalité que par la Matière de Bretagne qui par ses récits épiques et romantiques influença la littérature européenne du Moyen Age comme elle continue d'inspirer la cinématographie la plus moderne en constituant toujours une référence solide dans un monde qui perd beaucoup de ses repères.
L'imaginaire est un puissant auxiliaire intellectuel, c'est grâce à cela que la Bretagne n'a pas besoin pour exister de dépenser des millions d'euros comme les Pays de la Loire. Sans qu'il soit nécessaire de dépenser autant en frais de promotion que sa dispendieuse voisine, la Bretagne peut offrir une « marque », qui est incidemment très visible en ce moment sur le Tour de France, bientôt nous verrons le « .bzh » sur le Réseau International, l'intérêt du label « Produit en Bretagne », n'est plus à démontrer, ceci est si vrai que même la Généralité de Catalogne va s'en inspirer pour développer un logo équivalent. Il est inutile d'énumérer tous les avantages procurés par le nom « Bretagne », il suffit de se poser la question comment faudrait-il faire pour remplacer tous ces signes de reconnaissance si ce nom se dilue dans une appellation que personne ne connaît encore ? Qui est prêt à assumer la dilution du nom universel de « Bretagne » qui s'est imposé depuis le Vème siècle, bien connu dans le monde alors que bien des états reconnus par l'ONU n'ont pas cette notoriété.
Pour les Bretons dispersés dans le monde, ce sont ces repères qui leur permettent de se situer, de faire connaître qui ils sont et par là aussi d'agir avec plus d'efficacité dans les missions d'exportation ou tout simplement de nouer des liens d'amitié sans arrières pensées avec les peuples étrangers.
Que nous soyons des « Bretons du Monde » ou des Bretons résidant en Bretagne, que nous soyons Bretons d'origine ou d'adoption, nous voulons exister avec cette appellation et nous comptons sur votre prise de conscience en faveur de la réunification administrative de la Bretagne. C'est la seule alternative face à la fusion dans un vague « grand-ouest » que seuls 6% de la population bretonne sembleraient accepter selon un récent sondage, soulignant qu'en matière de sondage se pose la différence sémantique entre « fusion » et « réunification ».
Certains d'entre nous vivent dans des pays où la parole donnée a la même importance que l'engagement écrit, il serait souhaitable pour la crédibilité du discours politique que nos institutions traduisent cette vertu, pour que le politique soit encore digne du respect des citoyens de ce pays.
Veuillez croire, Mesdames, Messieurs nos élus à toute notre considération, espérant par ce communiqué avoir contribué au débat dans notre rôle de citoyens de la République.
Pour le Bureau de Bretons du Monde-OBE
Michel Guillaume, Jakez Le Foll à Ho-Chi-Minh Ville
Jean Cévaër (44), Erig Pianezza Le Page (29), Reun Allain (56), co-administrateurs