Décidément la grille de lecture de Jean-Luc Melenchon ne lui permet pas de comprendre la Bretagne. Sa culture jacobine l'a conduit à être le seul député européen de gauche à voter comme l'extrême droite au Parlement européen à propos de la diversité linguistique (voir La survie des langues régionales suscite une opposition hétérogène, de Le Pen à Melenchon).
Et quand il s'exprime à propos des manifestations qui sont prévues aujourd'hui à Quimper et Carhaix, il le fait dans un communiqué, avec son sens habituel de la nuance, en ces termes :
“A Quimper manifestent ceux qui veulent que continuent la souillure de notre belle Bretagne par les nitrates de l'agriculture productiviste.
A Quimper manifestent ceux qui veulent les salaires de misère pour les agriculteurs et le règne de la grande distribution.
A Quimper les esclaves manifesteront pour les droits de leurs maitres.”
Nous pourrions avoir des points d'accord avec ce texte, en particulier sur la dénonciation de l'agriculture productiviste (voir Crise en Bretagne dans l'agro-alimentaire : c'est le modèle de l'agriculture productiviste qui est en cause) , même si pour quelque qui veut fonder son analyse sur une approche marxiste, il est pour le moins réducteur de considérer les “agriculteurs” comme un ensemble homogène, aux intérês liés à ceux du capital, alors que depuis les analyses de Bernard Lambert dans les années 1970 on sait que la paysannerie n'est pas un ensemble aux intérêts identiques contrairement à ce que la FNSEA veut faire croire.
Mais il est une affirmation qui montre que la grille de lecture de Jean-Luc Melenchon sur ce sujet s'est arrêtée il y a de nombreuses années, celle qui accuse “les cléricaux des départements bretons ” d'être les artisans de la mobilisation quimpéroise. Il y bien longtemps qu'en Bretagne les cléricaux n'ont plus l'influence que leur prête encore, et probablement est-il le seul à le faire, le leader du Parti de Gauche, y compris dans les pays les plus imprégnés par la présence catholique, comme le Léon.
Sans doute est-il encore, dans son imaginaire daté, à l'époque où le peuple se mobilisait fortement contre l'expulsion des congrégations religieuses, et s'opposait pour cela à l'armée. C'était, entre autres, à Ploudaniel et à Saint Méen en 1902, ce qui il faut bien l'admettre commence à dater.
Jean-Luc, nous ne sommes plus au début du XX ème siècle, mais bien engagés dans le XXI ème. Et pourtnat tes référence srestnet celles de la fin du XVIII ème quant tu écris “les bretons qui réfléchissent préfèreront se souvenir de leurs ancêtres qui déclenchèrent la grande révolution de 1789 contre les privilèges des riches et créèrent le club des jacobins plutôt que de marcher derrière les saigneurs de leur époque !”
Il est temps de mettre ta grille de lecture du monde à l'heure : comme je doute que tu sois capable de la faire, je te suggère au moins de cesser de traiter comme tu le fais avec une certaine délectation de “nigauds” la majorité des Bretons en les oppposant à ceux “qui réfléchissent“. Et certains qui réfléchissent se permettent de ne pas penser comme toi.
sur (voir le site)