Angèle Jacq est sortie du même moule qu'Anjela Duval ou Marcela Delpastre. Ce moule si précieux des paysannes-poètes témoins d'un monde en voie de disparition a généré des perles rares et Angèle Jacq en est l'une d'entre elles.
Le livre est une anthologie de poèmes et de contes rassemblés dans un recueil bilingue breton-français à la manière, justement, des nombreuses veillées qu'Angèle Jacq a animées et au cours desquelles le français suivait le breton alternativement.
Les illustrations, des peintures rupestres et naïves de Lucien Pouëdras, tombent à merveille entre des souvenirs de moissons en sabots, de ponts de pierres cernés d'ajoncs servant de frontière entre les fermes ou d'aventures avec les fées et les korrigans. Même les pommes de terre y sont des métamorphoses merveilleuses touchant à la magie. Quiconque a un jour planté une patate et vu la multiplication des pains conviendra du miracle.
Initiée au breton par son grand-père qui ne parlait que cette langue, Angèle Jacq est une militante de la langue et de la cause bretonnes et à ce sujet le livre contient plusieurs pages sur ces milliers de saints bretons redevenus prénoms en Bretagne. Elle en raconte l'origine et les luttes pour leur reconnaissance face à une administration laïque ou religieuse faisant la sourde oreille. Des prénoms qui sont à la fois poésie et mémoire.
A la différence des Paul Gauguin ou des Brizeux, Angèle Jacq n'est pas une observatrice charmée mais une actrice témoin d'un monde disparu. Paysanne dans sa jeunesse, elle fait aujourd'hui des moissons de souvenirs. Après neuf romans, un projet de film basé sur son roman "Les Braises de la Liberté", ce livre est un travail de mémoire où les souvenirs sont poésie et l'imaginaire du vécu.
Distribué par Coop Breizh. 15 euros. Signature au marché de Ste Cécile à Briec mardi 23 juillet toute la soirée à partir de 17 h.