Témoignage de Sylvain. La Présidente du Tribunal a accepté de lui un témoignage écrit, et il a été entendu plusieurs fois pas la brigade financière. A l'époque des faits il était responsable de la production informatique à la FIMAT groupe Société Générale)
Pour illustrer la photo :
Une salle de marché, c'est toujours organisé de la même manière, en open space, pas de cloison et de petit bureau, impossible de traiter dans son coin, vous avez un collègue de chaque côté de vous à 80 cm, qui peut lui aussi voir et vos écrans, et voir avec qui vous êtes sur votre téléphone de trading,tout le monde voit ce qu'il se passe, et discute les uns avec les autres, les positions des traders sont surveillées par leurs collègues pendant leurs pauses.
Les rangées de traders sont organisées de cette manière, typiquement, ceux qui traitent le même produit sont assis par rangé tous ensemble, du coup, c'est impossible d'opérer dans sa bulle,(voir la photo), on travaille en toute transparence sous le regard d'une hiérarchie omniprésente, du fait que toute l'activité est informatisée, donc, surveillée et contrôlée, par de nombreux services aux compétences, et droit d'accès complètement différents des traders.
Dire que Jerome Kerviel a réussi à passer tous ces contrôles reviendrait à dire, en quelque sorte, qu'un commandant de bord d'un gros porteur, est à la fois : contrôleur aérien, bagagiste, mécanicien au sol et Stewart en même temps dans sa journée de travail, c'est humainement inconcevable et techniquement impossible, même pour un stakhanoviste du travail.
A tout moment, un responsable de salle des marchés, peut voir les positions de ses traders,c'est même une obligation sans quoi, il y a une absence de contrôle de l'activité, ce qui est très grave, et règlementairement interdit.
De toute manière, informatiquement, les traders doivent respecter des limites (similaires au plafond de paiement d'une carte bleue par exemple), et avec les logiciels de trading, c'est impossible d'aller au-delà des limites qui sont préfixées individuellement. pour le trader ces limitations sont calculées et mises en place par plusieurs services qui travaillent en parallèle avec les traders de la salle des marchés
Il y a une multitude de services, de compétences, et de personnes qui analysent le travail des traders dans la journée; les procédures et contrôles sont encore plus poussés quand la banque est grande,car elle dispose de moyens énormes pour mettre cela en place, son activité règlementée, l'oblige à le faire, et rien que par le nombre de personnes qui interviennent, qui vérifient qui sont présentes derrière les traders, qui doivent vérifier avec chaque trader les transactions de la journée avec les contres parties, avec les relevés de comptes, etc. il est impossible pour un trader de sortir outrageusement des limites données sur une longue période comme dans le cas de Jérôme, car tout le monde à ses limites.
Même si des dépassements de limites peuvent arriver sur de faibles pourcentages, et toujours sous contrôle, c'est une chose, mais, là les positions prises étaient au-dessus des fonds propres de la banque, cela rend totalement kafkaïen la fable racontée par la Société Générale, si la vie d'un homme, qui a déjà beaucoup payé dans cette affaire et utilisé comme un lampiste, n'était pas en jeu.
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