Agiter le risque inexistant d’un « 21 avril régional » dénote un manque de respect pour les électeurs de gauche
Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, bénéficie d’une longue interview dans Le Télégramme du 31 octobre. Cette interview est surmontée d’un titre qui reprend une citation de Jean-Marc Ayrault : « Tout faire pour éviter un 21 avril régional » .
L’Union démocratique bretonne (UDB) est profondément déçue de constater que l’un des principaux responsables de ce qui reste encore le premier parti de l’opposition en France reprend à son compte la formule lancée par le député Jean-Christophe Cambadélis… chargé des élections au PS. Ce n’est pas un hasard et c’est déplorable.
L’UDB rappelle que les conditions d’une présence au second tour des régionales sont radicalement différentes de celles d’une présence au second tour de l’élection présidentielle. A l’élection présidentielle seuls les deux candidats ayant recueilli le plus de suffrages au premier tour pouvaient se maintenir, d’où l’élimination de Lionel Jospin avec 16% des voix. Aux élections régionales peuvent se maintenir au second tour toutes les listes ayant recueilli 10% des suffrages exprimés au premier tour. Qui peut croire un instant qu’aucune liste de gauche ne franchira ce seuil le 21 mars 2004 La couleuvre est un peu grosse… et le PS mise à l’évidence sur l’idée que les électeurs n’auront pas intégré les modalités du nouveau mode de scrutin régional. Ce n’est pas très digne.
Sur la forme les déclarations de Jean-Marc Ayrault dénotent donc un manque total de respect pour les électeurs de gauche dont il pense qu’ils pourraient se laisser abuser.
Mais il y a plus grave. Sur le fond des choses, ces déclarations prouvent que le PS n’a toujours pas tiré les leçons pour lui-même ni analysé les causes internes de son échec au premier tour de l’élection présidentielle. En cherchant à marginaliser les expressions différentes à gauche par un discours trompeur le PS donne le sentiment de préférer demeurer hégémonique dans l’opposition plutôt que de partager le pouvoir de décision dans une nouvelle majorité plus équilibrée.
L’UDB quant à elle parie sur le rassemblement de la gauche alternative, écologiste et bretonne, un rassemblement qui peut répondre aux attentes de plusieurs centaines de milliers d’électeurs de gauche en Bretagne. Cette gauche différente du PS veut elle aussi la défaite de la droite en mars prochain mais avec le souci non pas d’une simple alternance mais d’une véritable alternative sur tous les plans : social, environnemental, culturel et institutionnel. Il faut que les leaders du PS comprennent que la gauche n’est pas la droite : la gauche ne peut pas être caporalisée.
Christian GUYONVARC’H
porte-parole de l’UDB / mouezh an UDB
(maire-adjoint de Lorient / eilmaer An Oriant)
Tél : 06 81 10 70 86