On dit qu'il y avait 100 constructeurs d'automobiles en 1900 aux États-Unis mais que seulement cinq ont survécu au XXIe siècle. Contrairement à ce que l'on pense, ceux qui ont survécu n'étaient pas ceux qui faisaient les voitures les moins chères, ni même ceux qui faisaient les meilleures voitures mais ceux dont les coûts étaient les plus bas.
Si on applique ce principe à l'agriculture on pourrait penser que ceux qui survivront auront les coûts les plus bas avec les plus grosses exploitations et les plus gros élevages. Eh bien non. De plus en plus d'agriculteurs se rendent compte qu'ils peuvent baisser sérieusement les coûts en abandonnant les produits chimiques tels que la chaux, la potasse, l'azote et en arrêtant les désherbants et les pesticides. L'objectif donc de la nouvelle agriculture est de diminuer les coûts de productions. Pour l'élevage c'est de diminuer le coût alimentaire et vétérinaire au litre de lait produit. Une fois revenu à ce type d'agriculture, passer bio est très facile si on le désire.
Il suffit de revenir aux pâturages d'antan et de reconstruire l'humus naturel de la terre. Ces pâturages sont principalement le méteil à base de céréales ou des pâturages composés de légumineuses et herbacées. Des éleveurs qui sont revenus à ces vielles méthodes ont vu littéralement leurs vaches courir vers les prés ! Et plus de maladies comme l'acidose ou la coccidiose dues à la surconsommation de maïs de silos dont la qualité s'est détériorée au fils des ans selon les dires du nutritionniste Michel Le Pertel. Finis les frais de vétérinaires, plus d'antibiotiques (que l'on retrouve dans le lait) et le taux d'urée du lait baisse aussi. L'herbe pousse naturellement en Bretagne et sans azote. Voila ce que beaucoup avaient oublié et ce que les grands marchands d'engrais avaient voulu faire oublier aux Bretons en leur vendant des produits dont ils n'avaient pas besoin. La terre redevient rentable même pour les producteurs de lait dès que l'on quitte l’alimentation industrielle du bétail. De plus, l'éleveur devient autonome. Il produit lui-même toute l'alimentation de son bétail et sans apport exterieur ou très peu.
Pour reconstruire le sol, les agriculteurs redécouvrent qu'il faut éviter de labourer trop profond car la violence du labour détruit l'écosystème. Quinze centimètres maximum suffiraient pour éviter le pire. Par contre il faut nourrir la terre de micro-organismes avec des bactériosols et des bactériolites comme ceux de la méthode SOBAC. Ces micro-organismes d'origine forestière, et donc semblables à ceux qui peuplent les riches éco-systèmes des haies du bocage armoricain, revitalisent le sol et rééquilibrent très rapidement et durablement le pH de la terre acidifié par les lisiers. L'agriculteur n'a plus besoin d'utiliser de la chaux pour réduire l'acidité de ses champs, même en Bretagne où les sols sont plus acides qu'ailleurs. Finalement et non des moindres : un sol vivant est un sol humide. Riche en bactéries, en levures, en champignons et autres micro-organismes et oxygéné et arosé par les galeries de vers de terres, l'humus résiste bien mieux à la sécheresse qu'un sol abreuvé d'engrais chimiques. L'humus retient dix fois son poids en eau.
Mardi dernier les représentants de la société SOBAC avaient rassemblé plus de deux cents agriculteurs venus de toute la Bretagne pour exposer les bienfaits des bactériosols. Marcel Messy, le fondateur et l'inventeur du procédé de régénération des sols, et son fils étaient venus tout spécialement à Plozevet pour l'occasion. La SOBAC organisait deux journées sur le thème "Autonomie, Environnement, Rentabilité". 8.000 agriculteurs dont 5.000 en France et peut-être un millier en Bretagne (les 5 départements) se sont déjà reconvertis aux méthodes de la SOBAC (voir le site)
Sur une ferme de Landudec, ABP a pu photographier la quasi transmutation du sol traité avec des bactériosols et des bacteriolits de la SOBAC. Deux tranchées avaient été creusées dans deux parcelles distinctes. L'une témoin, comportait des ajouts chimiques traditionnels, l'autre avait été traitée avec des micro-organismes pendant 4 ans. Les deux fosses séparées seulement de 25 mètres et dans la même couche géologique montrent par leur couleur et leur texture, à une profondeur de 1,20 m, la métamorphose d'un sol sableux et granuleux vers un humus argileux gras et humide. Avec des micro-organismes et sous l'influence de bactéries, le sol sablonneux se transforme en silicate d'aluminium avant de devenir de l'argile jaune favorable à la création d'un humus riche et humide. (voir le site) de notre photo en grand format.
Le bacteriolit s’applique aux fumiers, y compris les lisiers du cochon et tous les effluents d’élevage et de l’aviculture. Transformer les lisiers avant de les répandre sur le sol, au lieu de les laisser pourrir serait probablement un frein sérieux au problèmes des algues vertes, au bout de la chaîne.
Philippe Argouarch