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- Communiqué de presse -
L’affaire Kerviel : un jugement inique et imbécile
Inique et imbécile. Voilà ce que l'on peut dire du jugement qui condamne Jérôme Kerviel à cinq ans de prison dont trois ferme et à 4,9 milliards d'euros de dommages. Inique parce que c'est une parodie de justice. Imbécile parce que les banques françaises vont en supporter les conséquences sur la scène internationale. Seuls les hypocrites et les innocents goberont une telle énormité. Que l'ancien cambiste (trader en anglais) soit coupable, personne n'en doute. Qu'il soit le seul, personne ne le croit
Par Alain Glon pour Institut de Locarn le 6/10/10 17:26

Inique et imbécile. Voilà ce que l'on peut dire du jugement qui condamne Jérôme Kerviel à cinq ans de prison dont trois ferme, et à 4,9 milliards d'euros de dommages. Inique parce que c'est une parodie de justice. Imbécile parce que les banques françaises vont en supporter les conséquences sur la scène internationale. Seuls les hypocrites et les innocents goberont une telle énormité. Que l'ancien cambiste (trader en anglais) soit coupable, personne n'en doute. Qu'il soit le seul, personne ne le croit.

Une salle de marchés s'apparente à un casino où les dés sont pipés et les banques jouent avec l'argent de leurs clients. Les cambistes n'ont qu'une raison d'être : gagner de l'argent et en gagner toujours plus. Le métier est bien rémunéré mais émotionnellement usant. Il est rare de trouver des cambistes de plus de quarante ans. Il quitte avant, fortune faite. Les sommes en jeu étant considérables, la direction des banques les soumet à des règles encadrant les risques qu'ils prennent. Toute l'ambiguïté est là. Pour réussir il faut prendre des risques mais ces risques peuvent "faire sauter la banque", expression consacrée qui ici prend toute sa saveur. Tout cambiste bien né sait qu'il est impossible de réussir en les respectant. La direction le sait et ferme les yeux tant que la salle de changes fait des profits. Si les pertes excèdent les gains, le cambiste est sanctionné pour faute professionnelle. Il retrouve généralement un emploi dans une autre banque (tous les cambistes de la place se connaissent). Voilà le fonctionnement normal du marché.


Qu'est-ce qui distingue le cas Kerviel ?

Il est hors norme. Kerviel a poussé le bouchon trop loin. Il a failli faire sauter la banque – crime impardonnable dans le monde feutré de la finance. Mais crime dont la responsabilité incombe aussi à la direction générale, car, de deux choses l'une : ou elle couvrait ses activités et elle est co-responsable ou elle les ignorait et elle est coupable de négligence. Le dirigeant d'une entreprise agroalimentaire dont les produits contiendraient de la salmonelle serait voué aux gémonies, mis en garde à vue puis en détention provisoire ! Dans le monde de la finance, les choses se passent différemment. Un président peut être coupable et innocenté. Le beurre et l'argent du beurre.

Ceci étant, la Société Générale et les banques françaises auraient tort de se réjouir de ce verdict qui ne peut que les handicaper dans la compétition mondiale. En effet, quel cambiste sera assez sot à l'avenir pour s'affranchir des règles qui régissent les salles de marchés ? Aucun. La sentence est trop lourde. Mieux vaut travailler pour les Britanniques ou les Américains. Or pour gagner de l'argent les cambistes doivent prendre de gros risques, des risques qui parfois sortent du cadre qui leur est assigné !

Daniel Bouton – ancien PDG de la SG, inspecteur des finances, intouchable aux yeux de la République – peut s'estimer satisfait. Après l'affaire de la fraude à la TVA, il sort à nouveau vainqueur, vainqueur d'un combat inégal. Kerviel a le malheur d'être Bigouden, le parfait lampiste, tout comme Edmond Hervé, seul condamné dans l'affaire du sang contaminé.

"Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir"

Jean-Luc Baslé, ancien directeur de Citigroup New York

Lire "Les intouchables" de Ghislaine Ottenheimer.

ou "La Nomenklatura française" de Sophie Coignard et Alexandre Wickham.

et "Les Animaux malades de la peste" de Jean de La Fontaine.

Cet article a fait l'objet de 2166 lectures.
L'Institut de Locarn est le résultat de la nécessité ressentie face aux enjeux considérables de l'époque nouvelle. Ce nouveau monde est, en particulier, synonyme d'unification de l'Europe. Toutefois la concentration du pouvoir à l'échelon européen a été corrigée au traité de Maastricht par l'introduction du principe de subsidiarité : tout ce qui n'est pas délégué par les États à l'Europe reste de la compétence de ceux-ci. Le même principe doit être appliqué dans les relations entre la France et ses Régions. L'échelon national ne doit traiter que ce qui ne peut être mieux réalisé au niveau régional. La remontée de certains pouvoirs à l'échelon européen sur un vaste territoire doit obligatoirement s'accompagner d'une politique de décentralisation et de proximité au niveau des régions. Dan
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