Ned Thomas, était l'invité hier soir à Quimper, d'Europe Écologie dans le cadre de la campagne électorale pour les élections régionales.
Mise à part la dévolution qui a commencé il y a dix ans et et que la plupart des Bretons envient, l'exposé de Ned Thomas a montré l'incroyable similitude sociologique, voire coloniale, entre la Bretagne et le Pays de Galles.
La Bretagne et le Pays de Galles ont une culture, une langue et une histoire similaires, mais ça va plus loin avec des similitudes sociétales étonnantes
Cardiff, qui avait voté contre la dévolution (la décentralisation administrative) lors du référendum, a une identité galloise des plus faibles de tout le pays. Ceci est à rapprocher de Rennes, incapable de voter un voeu pour la réunification à l'inverse des autres grandes villes bretonnes. Les Gallois regardent pour la plupart les chaînes de télévision anglaises et lisent les journaux de Londres. Ce n'est pas si différent en Bretagne, sauf qu'il n'y a pas de chaînes bretonnes, mises à part les chaînes locales comme TV Rennes et Tébéo, dont le succès est tout relatif.
L'identité galloise est la plus forte dans les zones pauvres de l'ancien bassin minier où l'immigration (anglaise principalement) est la plus pauvre. On peut dire la même chose du centre Bretagne. En gros le Pays de Galles, encore plus près de Londres que la Bretagne de Paris, reste très influencé par l'Angleterre, même après dix ans de dévolution. D'après Ned Thomas, près de 25 % des habitants du Pays de Galles ne sont pas nés au Pays de Galles. Les chiffres pour la Bretagne pourraient être similaires, surtout si on y inclut la Loire-Atlantique. À ce sujet, l'arrivée massive de retraités anglais ou gallois et les constructions de résidences secondaires sur le littoral ont causé les mêmes problèmes fonciers que sur les côtes bretonnes. Les Gallois du littoral comme les Bretons de l'Armor risquent d'être ghettoïsés dans leur propre pays.
Vers un nouveau référendum
Dans quelques jours, l'assemblée galloise votera pour l'organisation d'un nouveau référendum, qui, si le OUI passe, donnera des pouvoirs législatifs à l'Assemblée galloise. Elle deviendra alors un parlement comme en a été doté l'Écosse. Aujourd'hui, le Pays de Galles doit demander la permission au parlement de Westminster pour voter une loi. La procédure byzantine fait que seulement 9 lois spécifiques ont été passées en 3 ans.
Le phare britannique
Les Gallois regardent vers l'Écosse. Les Bretons regardent avec attention vers le Pays de Galles. Si comme l'a exprimé Ned Thomas, "la dévolution fut une révolution en Écosse, mais elle est évolution au Pays de Galles", elle n'est encore qu'un mirage en Bretagne. On s'en éloigne même avec la recentralisation fiscale en cours.
La seule chose qui puisse consoler les Bretons c'est qu'en politique les Britanniques ont toujours été les pionniers en Europe. C'est eux les précurseurs. Tôt ou tard, même s'il a fallu une révolution ou un désastre militaire, la France a toujours suivi. La liste est longue. Elle comprend le parlementarisme, la liberté de la presse, les droits syndicaux, le vote des femmes, les privatisations, l'abolition du service militaire etc. etc. Il n'y a aucune raison de penser que la dévolution ne finira pas par entrer dans les moeurs politiques françaises.
Philippe Argouarch