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Anniversaire : ActionsGay, l'association militante gay et lesbienne à 5 ans !
Anniversaire - ActionsGay à 5 ans ! A l'occasion des 5 ans d'existence d'ActionsGay, l'association militante gay & lesbienne de Bretagne, nous avons posé quelques questions à Fabien Le Bihan, Président-Fondateur. Fabien, peux-tu présenter ton parcours personnel avant la création d'ActionsGay ? J'ai aujourd'hui 35 ans et j'ai vécu à Lorient (Dept.
Par Fabien Le Bihan pour ActionsGay le 17/10/04 12:54

Anniversaire - ActionsGay à 5 ans !

A l'occasion des 5 ans d'existence d'ActionsGay, l'association militante gay & lesbienne de Bretagne, nous avons posé quelques questions à Fabien Le Bihan, Président-Fondateur.

Fabien, peux-tu présenter ton parcours personnel avant la création d'ActionsGay ?

J'ai aujourd'hui 35 ans et j'ai vécu à Lorient (Dept. 56) jusqu'à 24 ans. Assumé ou non j'ai découvert que j'étais "différent" en classe de 4ème et j'ai mis un nom à ma sexualité en classe de 2nde. Enfance et adolescence ont été des périodes difficiles à vivre. J'ai été violé plusieurs fois entre 5 et 8 ans par le fils d'amis de mes parents qui devait avoir entre 15 et 19 ans pendant la durée des faits. J'ai vécu cette douloureuse expérience dans le secret. Aujourd'hui avec l'aide d'une thérapie j'ai réussi à faire face, à forger mon caractère et à vivre le présent avec optimisme. Mais je ne vous aurais pas dit ça il y a 10 ans. Ceci est donc un message d'espoir à tout(e)s celles et ceux qui ont vécu cette douloureuse expérience.

Et ton adolescence ?

Dès le collège je me sentais "différent", replié sur moi même et en éternel conflit avec mes parents. Au lycée j'avais des "amis" mais jamais je ne leur ai parlé de ma sexualité. Ce que je regrette c'est que dans le milieu scolaire il n'y a aucune information sur l'homosexualité. J'ai eu des expériences avec des filles pour faire comme les autres, mais ça a été un véritable échec des deux côtés. Malgré tout j'ai réussi à décrocher le Bac et un BTS.

Quels sont tes traits de caractère ?

Généreux, sensible, tenace, sociable, dynamique, pragmatique, humour décalé et sarcastique, fidèle en amitié et loyal en politique, homme d'action mais aussi un peu casanier et surtout très bordélique.

Comment as-tu fait ton coming out ?

A 21 ans, j'ai eu mon premier salaire, j'ai pu m'installer et passer plusieurs week-ends "libres" à Paris pendant trois ans. J'y ai connu mes premiers amis gay et surtout mes premiers grands amours (Christophe et Ludovic). A 24 ans, je suis arrivé à Brest. Fragile psychologiquement et financièrement, mon passé a fait surface et j'ai vécu une dépression. Perdu, sans repères, je suis rentré chez mes parents et leur ai tout déballé viol et homosexualité. J'ai eu le sentiment d'être rejeté, incompris et j'ai dû demander, sans autre recours, une hospitalisation en psychiatrie qui a duré 1 mois. La première à avoir accepté mon homosexualité, c'est ma grand-mère. . Aujourd'hui ma mère l'accepte “ parce ce que ma sexualité n'est pas un choix ” contrairement à mon père qui éprouve encore des difficultés à en parler ouvertement.Au bout de 15 ans, ils sont désormais prêts à accepter que je vienne chez eux avec mon futur petit copain. Je comprends que se soit dur pour ses parents d'apprendre que son fils est gay. Leurs principales craintes, à l'époque, étaient leur propre rejet et les commérages des voisins. Malgré mon insistance, ils n'ont jamais voulu contacter l'association "Contact". Ils ont préféré rester avec ce secret de famille. Mais, aujourd'hui, depuis ma visibilité dans les médias, ils sont bien obligés d'assumer leur fils d'autant que la société est désormais plus tolérante. Comme dit ma mère "aujourd'hui c'est plus facile à vivre pour nous".C'est l'occasion pour moi de remercier des hommes politiques qui ont participé à cette visibilité "positive" Bertrand Delanoë et Jean-Luc Roméro. Mais aussi les associations, les élus de Gauche qui en portant le projet du PACS ont réellement bouleversé les mentalités, les médias (Canal + et ARTE) et les maisons de productions comme Réservoir Prod.

Pourquoi Brest ?

Je suis arrivé à Brest en 1994 à la suite d'une mutation professionnelle.Après quelques difficultés d'adaptation à cette nouvelle ville (le gris des façades sous la bruine), j'en suis tombé amoureux (les avantages d'une grande ville et sans la pollution, avec une situation géographique exceptionnelle qui offre des paysages variés, encore sauvages, des îles et la mer à portée de mains), je ne veux plus la quitter. Tout était à construire à Brest entre 1994-1998, il n'y avait qu'un seul bar et une seule association non militante et surtout aucune visibilité dans la presse locale ou auprès des élus. Ce challenge m'a plu et avec l'un de mes meilleurs amis (Frédéric, qui est aujourd'hui notre correspondant à Paris) nous nous sommes lancés dans l'aventure.Brest compte désormais 1 club, 1 "sauna", 4 bars et 6 associations complémentaires. Nous avons su créer des liens avec les élus, et la presse participe à la visibilité des gay et lesbienne dans la région. Brest n'est d'ailleurs pas la seule ville de l'ouest à suivre ce mouvement de société.

Comment avez-vous eut l'idée de créer un fanzine régional ?

Lors des débats sur le PACS en 1999 nous n'étions pas contents des articles publiés à l'époque dans la presse locale, le Télégramme mais surtout Ouest-France. Je dis bien à l'époque, parce que aujourd'hui ces deux journaux offrent une réelle visibilité aux associations ou aux établissements. Bref Frédéric et moi avons créé en décembre 1999 un fanzine au départ local 50 exemplaires 4 pages puis régional aujourd'hui 1 500 exemplaires 24 pages et financé exclusivement par les dons et les publicités. Je tiens d'ailleurs à m'indigner sur les factures impayées de certains annonceurs. Ce fanzine est diffusé gratuitement dans les établissements gay et lesbien de Bretagne mais aussi auprès des élus et de la presse. Nous y abordons des articles de fonds, nos revendications ainsi que nos actions. D'où le nom ActionsGay. Sur notre site, vous pouvez consulter l'actualité de la pointe bretonne, la dernière édition, mais également les archives depuis la création de ce fanzine (trois numéros par an). Nous sommes une petite équipe de 25 personnes bien structurée avec des rôles bien définis et plus que jamais motivés.

Pourquoi des articles en breton dans votre fanzine ?

La première réponse est que nous sommes en Bretagne, donc rien de plus normal. La deuxième est qu'il y a plusieurs bretonnants ou brittophones dans l'association. Frédéric a le premier, au début de l'association, écrit un article en breton dans chaque numéro, ce qui a mis du baume au cœur de lecteurs et a attiré plusieurs autres rédacteurs. Ceux-ci ont toujours reçu le soutien de l'équipe sur la présence d'articles en breton. Les minorités qu'elles soient linguistiques ou sexuelles ont quelque chose en commun. Les bretonnants comme les gays ont souffert d'une image négative et d'un taux de suicide élevé, même si tout cela change rapidement, il y a tout de même des restes douloureux et importants de mépris. Il n'est pas étonnant de voir que la tolérance des gays semble plus grande vis-à-vis du breton et la tolérance des bretonnants vis-à-vis des gays que dans le reste de la population. La difficulté de vivre sa différence dans la société française est un facteur connu dans les deux cas. Le manque de respect qui fait souffrir est commun. La lutte pour la reconnaissance est commune. Cette double difficulté est d'ailleurs l'approche du fanzine ActionsGay dans son dernier numéro et les 2 suivants, abordant un dossier de fond la double exclusion.

ActionsGay n'est pas seulement un fanzine, c'est aussi une association LGBT avec des revendications régionales ?

Après avoir fait une campagne de sensibilisation des maires bretons sur la nécessité d'organiser des cérémonies de PACS en mairie. Action très positive pour l'image de notre région. Nous avons pour projet la création d'un observatoire régional des discriminations. Cette revendication fait suite aux conclusions du rapport Stasi et à la récente création de la haute autorité sur les discriminations en France, souhaitée par l'Union européenne. C'est dans ce cadre que nous avons été reçu par la vice-présidente du Conseil régional; Gaëlle Abily. L'échange a été constructif, mais nous ne pouvons pas en dire plus à l'heure actuelle. Nous communiquerons sur ce sujet en temps voulu.

Plus personnellement quels sont tes engagements au niveau de la politique brestoise ?

Un jour un élu m'avait dit qu'en revendiquant pour l'égalité des droits de la population LGBT nous créions un "ghetto" et donc nous nous exclusions de la société. Je l'ai donc pris au mot et actuellement je lui démontre le contraire. Oui je suis gay avec des revendications, mais je suis également un citoyens avec des aspirations autres que celles qui sont liées à mon orientation sexuelle. J'aime Brest et je veux participer aux projets de la ville en y associant ses habitants.Je suis donc conseiller de quartier de Brest-rive droite depuis 2 ans (40 000 habitants). Nous avons un rôle consultatif sur les dossiers concernant le territoire défini et jouons les intermédiaires entre les conseils d'habitants et les élus locaux. Je participe également au conseil d'habitants du célèbre quartier historique de Brest : Recouvrance (4 500 habitants). Et au risque de faire mentir le chanteur rock Christophe Miossec qui dans son dernier titre "Tonnerre de Brest" dit que "Recouvrance ce quartier que l'on délaisse". Aujourd'hui nous travaillons sur un Plan de Renouvellement Urbain afin de mettre en valeur, les rues, les immeubles d'avant-guerre et la réhabilitation de certains appartements de ce quartier de Recouvrance. Par ailleurs un nouveau quartier en centre ville verra bientôt le jour "les capucins" avec la récente cession à la ville de Brest par l'arsenal d'un grand terrains bâtit au bord de la rivière Penfeld.Ces projets ne sont pas conséquences sur l'évolution du prix du m2 sur l'immobilier de la rive-droite de Brest. D'un quartier populaire, Recouvrance deviendra, notamment avec la future station de tramway, un quartier résidentiel. C'est ici l'occasion pour moi de remercier, pour leur écoute et leurs actions François Cuillandre, Maire de Brest ; Patricia Adam, Députée du Finistère ; Pierre Maille, Président du Conseil Général du Finistère et enfin Jean-Yves Le Drian et son équipe, Président du Conseil Régional de Bretagne.

Vous pouvez contacter Fabien Le Bihan via son mail : fabien-le-bihan [at] wanadoo.fr

ActionsGay, 8 rue Borda, 29200 Brest.

Le site : (voir le site)

Le mail : actionsgay [at] wanadoo.fr

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