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- Présentation de livre -
Hopala!La Bretagne au monde n°43 est paru
« Hopala ! La Bretagne au monde » n°43 est paru Le dernier numéro d’ « Hopala ! » est essentiellement consacré aux peintres et écrivains autochtones du Québec. Trop souvent on considère que les Français, débarquant au
luc lefranc Par Hopala! le 7/10/13 15:51

« Hopala ! La Bretagne au monde » n°43 est paru

Le dernier numéro d' « Hopala ! » est essentiellement consacré aux peintres et écrivains autochtones du Québec. Trop souvent on considère que les Français, débarquant au Canada, n'y ont découvert que le désert, ou des populations qui les ont accueillis les bras ouverts... Le cliché en vigueur est que les Français, eux, contrairement aux anglo-américains, n'ont génocidé personne. : « Nous sommes les premiers francophones qui n'avons jamais été colonisateurs », affirmait ainsi Gaëtan Dostie en 1976, dans le n°5 de la revue « Bretagnes » (p. 16). De tels propos laissent sûrement un goût amer chez les derniers « Abénaquis, Algonquins, Attikameks, Cris, Hurons-Wendats, Innus, Micmacs, Mohawks, Naskapis » qui « sont, avec d'autres encore, les premières nations amérindiennes » du Québec, comme l'indique Jean-Louis Coatrieux, maître d'½uvre de ce numéro. De fait, les autochtones du Québec et du Canada ont été, comme aux USA ou en Océanie, voués à l'ethnocide, aux massacres, parqués dans les réserves... Aujourd'hui encore, à Montréal et à Québec comme à Tahiti ou au Brésil, les SDF des grandes villes sont souvent les aborigènes. A eux les tourments provoqués par la déculturation et la dépossession : chômage, alcoolisme, maladies, drogue, sida...

S'ils ont depuis quelques décennies justement revendiqué leurs droits et exprimé leurs différence, les écrivains francophones du Québec ont le plus souvent oublié la présence autour d'eux des membres de ces nations. Le copieux et fort intéressant dossier que la revue « Foldaan » (n°5) consacra ainsi à la poésie moderne du Québec, en 1984, ne mentionne jamais leur existence. Les sept poètes invités se montent préoccupés par les questions relatives à la poétique : formalisme, modernité ; évoquent les relations avec les USA et l'anglais, le rock, le corps, la place de la femme... mais n'ont visiblement jamais entendu parler des Amérindiens ! « Parler français, ou le type de français que l'on parle au Québec, c'est une espèce de délinquance à l'intérieur du corpus américain » écrit Claude Beausoleil dans ce n° de « Foldaan » (p. 40). Les peintres et artistes invités par Jean-Louis Coatrieux pourraient dire que « Parler ou s'exprimer en tant qu'Amérindien est une espèce de délinquance à l'intérieur du corpus francophone au Québec », en somme... Et c'est, j'imagine, valable aussi pour les Amérindiens des zones anglophones.

J.-L. Coatrieux est allé au Québec et a fraternisé avec les artistes amérindiens. Sa présentation en est particulièrement chaleureuse : visiblement, c'est peu dire que le contact est passé ! Les échanges qu'ils nous offrent sont riches d'émotions partagées. On découvre ici avec allégresse, dans un article de Laure Morali, la poésie de Natasha Kanapé Fontaine, auteure d'un ouvrage au titre drôle et profond : « N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures » – et l'on sait que les colonisateurs ne se sont pas gênés pour le faire ! A découvrir aussi  la poésie viscérale de Joséphine Bacon (« Je me suis faite belle / Pour qu'on remarque / La moelle de mes os ») et le langage tellurique de Rita Mestokosho, qu'a célébrée JMG le Clézio dans son discours de réception du Prix Nobel. La nouvelliste Marie-Andrée Gill et le poète Jean Sioui complètent cette anthologie.

Le remarquable essai de Maurizio Gatti : « Littérature autochtone du Québec à vol d'outarde » évoque les problèmes rencontrés par les auteurs amérindiens soucieux d'écrire en français ou dans leur langue d'origine, les difficultés à trouver un éditeur, à être diffusés... Comment rendre en langue ancienne les réalités du monde moderne ? Comment écrire les langues autochtones ? Être lus par les autres Québecois ? Les problèmes rencontrés sont ceux que rencontrent les écrivains bretons : « Même s'ils parlent couramment leur langue maternelle, plusieurs d'entre eux ne l'écrivent pas très bien », « Standardiser l'innu écrit signifie sacrifier les différences dialectales des innus parlés. » : on se croirait chez nous, même si la littérature bretonne comprend plus de gens qui parlent mieux français que breton et écrivent ou parlent ce dernier avec une syntaxe et un accent français.

Le cahier consacré aux plasticiens permet à J.-L. Coatrieux de présenter les peintures naïves et lumineuses de Christine Sioui Wawanoloath et leur légendaire onirique ; Virginia Pésémapéo Bordeleau, dont les fresques colorées nous éclaboussent de fraîcheur et de force, et la polyvalente Natasha Kanapé Fontaine, qui véhicule son patrimoine par le biais d'½uvres abstraites mais compréhensibles. Pour enrichir ce dossier, Sabine Clément analyse le « katajjaq », ce « chant ou jeu vocal ludique diphonique pratiqué par les femmes inuits dans l'Arctique canadien » avec ses compétences de musicologue. Un électron libre s'invite à la fête : Louis Hémon n'était certes pas Amérindien, mais il n'était pas non plus Canadien... Le triomphe de « Maria Chapdelaine » a peut-être agacé certains natifs du Québec – Blancs ou Amérindiens - , mais le pauvre Hémon n'y était pour rien, lui qui mourut percuté par un train, à 33 ans, sans jamais avoir prévu le succès de son chef d'½uvre. Yann Mortelette lui consacre un article vibrant de sympathie et d'érudition, qui nous présente le quasi-apatride (ou multi-patride?) Hémon à la lumière de «  Trois cartes inédites de l'écrivain. »

Ce n°43 d' « Hopala » ne se résume pas à ce riche dossier sur le Québec, qu'on appréciera, on l'espère, des deux côtés de l'Atlantique. On y lit la suite et la fin de l'essai que consacre Maria de Los Angeles Vega Vazquez à André Suarès, qui voulait décrire la Bretagne à la manière des estampes japonaises. On lira en breton la deuxième partie d'une nouvelle de Gérard Gwenn, traduite de manière juxtalinéaire pour faciliter l'apprentissage de la langue aux néophytes. La rubrique nécrologique est, hélas, encore abondante. Si Heather Dohollau, que présente Marylise Leroux, s'en est allée vers les prairies du ciel à un âge vénérable et vibrante de sérénité, on aurait aimé voir encore un peu plus longtemps parmi nous Alain Jégou, poète visionnaire de la mer, dont Eve Lerner brosse le portrait avec tendresse tandis que Marc Legros analyse son style si personnel et rabelaisien. Plus insoutenable encore est la disparition si précoce de Clément Méric, promis à un bel avenir intellectuel et militant, à qui René Le Corre rend hommage.

Ronan Gouézec poursuit son panorama des romanciers nord-américains en offrant un portrait du très déjanté Donald Westlake. A.-G. Monot livre un très riche entretien avec la harpiste et chanteuse Cristine Mérienne, qui vient de sortir le CD « Madame est dans le jardin », merveille de pureté musicale et verbale. Voilà qui conclut, avec l'agenda habituel, un sommaire particulièrement munificent du dernier Hopala !

Hopala ! Le n° : 12, abonnement 3 n° : 30¤ - 13, rue du Pontigou – 29000 Quimper

Pour les sommaires précédents, cf. hopala.canalblog.com

Voir aussi :
Vos 1 commentaires :
luc lefranc Le Vendredi 11 octobre 2013 11:28
Attention: le site est en reconstruction & a été provisoirement remplacé par le blog hopala.canalblog.com, qui reprend les couvertures & sommaires depuis le n°1.
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