Avant propos : Durant son histoire, la Bretagne a contribué plusieurs fois à « faire » des rois anglais. Guillaume le Conquérant tout d’abord, puis Henry II Plantagenêt, Henry de Lancastre (Henry IV), Henry Tudor, qui passa 14 ans de sa jeunesse en Bretagne Armorique auprès de François II, et parlait breton ! Rappelons qu’à la mort de Richard Cœur de Lion, les coutumes angevines désignent Arthur de Bretagne, son neveu, comme héritier du trône d’Angleterre, Shakespeare en parle abondamment dans « le Roi Jean ». En 1690 encore, c’est de Bretagne, que le prétendant aux trônes d’Écosse et d’Irlande, Jacques II, descendant des Stuart, embarque avant d’être défait à la bataille de la Boyne. Nous savons aussi qu’un Breton est à l’origine de la dynastie des Stuart et que Marie Stuart trouva secours et refuge en Bretagne. Après avoir soutenu Henry IV d’Angleterre contre Richard II, la Bretagne soutint Owen Glendower, le dernier prince de Galles d’origine galloise, dans sa lutte pour l’indépendance. Et tout cela n’aurait guère été possible sans une flotte puissante capable de se projeter au delà de la Manche.
Dans cette chronique, nous verrons ensuite apparaître le nom du fameux corsaire Coatanlem. Comme histoire et vérité vont ensemble, nous remarquerons que son titre d’ «Amiral de la mer» lui a été conféré par ses compatriotes bretons, au cours d’une enquête sur les titres de noblesse de la famille (réformation), Coatanlem était "censé notoirement roy et gouverneur de la mer, et il n'avait trouvé oncques en la mer son plus puissant ne son supérieur", voir Bulletin... du Finistère, t. VIII, Charles de La Roncière : quant à ce titre fameux «de grand amiral du Portugal », nulle mention dans les annales portugaises. Les historiens, charmés par ce titre prestigieux, se copient les uns les autres sans jamais donner la source de cette assertion ... qui reste à prouver !
Chronologie :
1403, Les premières années du XVe siècle furent une période de vaste activité navale dans la Manche. En juillet, l’amiral de France, avec 120 bateaux et 1200 hommes, partit de Brest, débarqua à Haverfordwest et causa de nombreux dégâts, puis il se joignit à Glendower à Tinby. Norman Longmate.
Bien que les négociations avec les Écossais et les seigneurs de l'Irlande aient échoué, Owain Glendower espérait que Français et Bretons seraient plus accueillants. En effet, il y eut un traité et une aide franco-bretonne. Une force galloise et franco-bretonne mit le siège devant le château de Kidwelly. En 1403, les Bretons battent les Anglais dans le chenal et dévastent Jersey, Guernesey et Plymouth tandis que les Français atterrissent sur l'île de Wight. Les alliés débarquent à Milford Haven au pays de Galles. Ils rencontrent l'armée anglaise près de Worcester. Mais pour des raisons peu claires, les Anglais se retirent, comme les alliés peu de temps après. En.wikipédia.
1403, août, Guillaume du Chastel, avec 30 bateaux et 1200 hommes, conduisit un raid sur Plymouth qui causa d'importants dégâts. Thomas de Walsingham.
1403, les Bretons avaient débarqué à Plymouth et attaqué Jersey et Guernesey. La politique navale des ducs de Bourgogne 1384-1482 Par Jacques Paviot
1403, la guerre recommença entre la France et l'Angleterre. Clisson embarqua douze cents hommes à sa solde sur trente vaisseaux bretons conduits par l'amiral de Bretagne, Penhoët, par le seigneur de Blois et Guillaume de Chastel. Ils battent la flotte anglaise et lui enlèvent quatre navires avec mille prisonniers. La Bretagne ancienne et moderne. A Le Saint. Biographie de Du Chastel dans Biographie bretonne : recueil de notices sur tous les Bretons qui ..., Volume 1 Par Prosper Jean Levot
1403, "Depuis dix mois les Anglais tenaient la mer sur les côtes de France.... Ils voulaient, tout en faisant quelque bonne prise, empêcher les Bretons de porter secours aux Ecossais. Sans craindre les périls que la navigation du détroit de Saint-Mathieu présente aux étrangers, les Anglais avaient passé à travers les écueils dont ce détroit est semé et qui ne permettent pas d'approcher de la côte sans un pilote habile. En juin, ils touchaient aux rivages de la Bretagne et s'emparèrent de dix bâtiments vides et d'un vaisseau chargé. Les Bretons, excités par le ressentiment, choisirent pour capitaine le sire de Penhoët, messire Jean, son fils, amiral de Bretagne et Guillaume du Châtel, et s'embarquèrent sur trente vaisseaux dans les premiers jours de juillet et se mirent à la poursuite des Anglais. Ayant appris le lendemain que la flotte anglaise stationnait à l'extrémité du rivage dans l'endroit appelé ras de Saint-Mathieu, ils se dirigèrent de ce coté et découvrirent l'ennemi au coucher du soleil ... Les Bretons retournèrent au port avec mille prisonniers..." Chronique de Charles VI et Le Religieux de Saint Denis. Voir aussi Dom Morice, ainsi que Chronographia Regum Francorum.
1403, une flotte bretonne et française, entra dans la mer d’Irlande pour soutenir les Gallois. The Castles of Edward I in Wales 1277-1307 Par Christopher Gravett
1403, les Bretons encouragés par leurs précédents succès, prenaient de plus en plus gout aux courses sur mer. Ils firent en 1403, des descentes à Jersey, Guernesey, Wight et jusqu’à Plymouth … le roi d’Angleterre envoya contre eux son amiral Guillaume de Wilford. Histoire maritime de France, Volume 1 Par Léon Guérin
1403, novembre, une flotte anglaise sous le commandement de Wilford prit les Bretons par surprise. 40 bateaux transportant du vin et venant de la Rochelle furent capturés ou détruits tandis que 4000 hommes ravageaient ensuite Penmarch. Norman Longmate.
1403, la fête nuptiale d’Henry IV (d’Angleterre) fut bientôt interrompue par la nouvelle d'une descente des Français sur l'île de Wight ; mais les habitants contraignent les envahisseurs à se retirer …. ensuite, la flotte bretonne … commit de grands ravages sur la côte de Cornouailles et sur les navires marchands, causant beaucoup de malaise au roi. Lives of the queens of England, from the Norman conquest, Par Agnes Strickland. Le 7 février 1403, Henry IV épousait Jeanne de Navarre.
Parmi les seigneurs de Bretagne que poussait l'instinct maritime, il faut placer au premier rang les sires de Châteaubriand, de Clisson, de La Jaille, Tanneguy du Chastel et son frère Guillaume; ils comprenaient que le vaisseau couvre la patrie mieux qu'une armée; ils avaient l'instinct de ces grandes forces qui font les nations puissantes et riches. La Bretagne Par Gabriel Janin
1404, Le combat du cap Saint-Matthieu fut gagné par le sire de Penhoët, amiral de Bretagne, à la tête de six cents vaisseaux de guerre; aussitôt qu'ils eurent en vue les voiles anglaises, les Bretons voulurent marcher à l'escadre ennemie; l'amiral remit le combat au lendemain. La nuit fut bien employée ; protégés par une ombre propice, les Anglais s'étaient retirés dans la Manche; les Bretons, pour leur couper leur retraite, avaient divisé leur flotte en deux escadres : la première escadre resta sous le commandement de Penhoët, l'autre fut dirigée par Guillaume Du Châtel. Les Anglais, arrêtés dans leur marche, partagèrent, comme avaient fait les Bretons, leur flotte en deux divisions. Les Bretons engagent le combat, sans s'inquiéter des forces de l'ennemi; le combat dura six heures. Après six heures d'une lutte acharnée, les deux escadres bretonnes se réunirent en un seul corps de bataille, et l'action recommença avec une nouvelle furie. A la fin, les Anglais succombèrent. Quarante vaisseaux, deux mille prisonniers furent conduits à Brest, au milieu des cris d'enthousiasme des populations rurales, accourues sur les côtes, pleines de joie et d'orgueil. La Bretagne par Jules Gabriel Janin
1404, Les Bretons firent un nouvel armement cette année, pour se venger des ravages que les Anglais avoient faits sur leurs côtes l'année précédente. Deux mille chevaliers et écuyers s'embarquèrent à St Malo sous le commandement des Sires de Châteaubriant, de Jaille et du Chastel. Une partie de la flotte ayant fait une descente au port de Yarmouth, les Bretons furent reçus par six mille Anglais, dont ils tuèrent d'abord près de 1500 : mais ensuite, accablés par le nombre, ils furent tous tués ou pris; le brave Guillaume du Chastel y perdit la vie, n'ayant jamais voulu se rendre. Après cet échec, le reste de la flotte Bretonne rentra dans le port.
1404, Pour venger la mort de son frère tué dans cette expédition, il (Tanneguy Du Chastel) arma aussitôt une petite flotte. S'étant mis en mer (4 semaines après) avec quatre cents gentilshommes, il descendit à Yarmouth (Dartmouth), réduisit la ville en cendres, parcourut la côte pendant deux mois, évita l'armée que le roi d'Angleterre avait envoyée à sa rencontre, et se rembarqua, laissant après lui les traces d'une vengeance cruelle mais légitime. E Richer. Norman Longmate.
1404, Les marins bretons et flamands, à bord de seize navires, débarquent dans l’estuaire de la Humbert, mais furent tous pris par des marins de Hull … le duc (de Bougogne) fit don de quarante francs à son valet Alain de Trietre «pour soy monter et armer et arbillier pour aller sur mer en la compagnie des Bretons contre les ennemis du royaulme», sans doute avec Jean de Penhoët … La politique navale des ducs de Bourgogne: 1384-1482 Par Jacques Paviot
1404, en avril/mai, Guillaume II du Chastel (chambellan de Charles VI), pilla les îles de Jersey et Guernesey. Il assemble une flotte de 300 navires à St Malo. Il embarque 2000 chevaliers, des hommes d'armes, de l’infanterie légère et des arbalétriers. Il avait deux vice-amiraux, Chateaubriand et Jaille. La discipline était faible et le premier jour, une partie de la flotte attaque les alliés espagnols. Bien que l'ordre fut restauré, une partie de la flotte se sépare, quitte du Chastel et part vers Dartmouth avec des forces réduites. Au large de Blackpool Sands, au sud-ouest de Dartmouth, la flotte attend pendant six jours pour permettre à tous de se rejoindre. Après six jours, la flotte française n'était pas pleinement réassemblée. Du Chastel et de Jaille confèrent (Chateaubriand semble avoir été absent) et décident d'attaquer les anglais avec les 200 hommes qu'ils avaient sous la main. Du Chastel estime que la position anglaise doit être encadrée, mais de Jaille insiste pour une attaque frontale, accusant son collègue amiral d'avoir peur. Du Chastel ordonne une attaque immédiate. Contrairement à leur habitude, les français ne déploient pas les arbalétriers et les hommes d'armes mènent seuls l'attaque. Comme ils avancent, ils sont mitraillés par les archers anglais et bombardés de pierres. Une tentative est faite pour passer le fossé et, bien que certains se noient, d'autres parviennent à passer mais sont incapables de prendre pied. Finalement, les français abandonnent et tentent de se replier vers leurs bateaux. Du Chastel, refusant de se retirer, est tué. Nombres de français sont tués et une centaine de prisonniers sont faits, y compris trois seigneurs et 22 chevaliers. Plus tard dans l'année, Tanneguy du Chastel aurait conduit un raid sur Dartmouth et avec plus de succès, pour venger son frère. En.wikipedia, Norman Longmate, Defending the Island.
1405, une troupe de 2600 hommes sous le commandement du maréchal de Rieux (Jean II, sire de Rieux) part fin juillet 1405 (de Bretagne) sur deux grands vaisseaux et trente petits navires. Accueillis par 10000 Gallois à Milford dans le Pembroke, ils ravagent ensemble la frontière anglaise et s'emparent de Carmarthen et Cardigan qui ne sont pas encore soumises à Owen Glyn Dwr. Ils font ensuite une incursion de soixante lieues en Angleterre et rentrent au Pays de Galles
Vers la Toussaint après avoir échoué devant Worcester. Une flotte réunie par l'amiral Jean de Penhoët, partie de Saint-Pol de Léon fin octobre, vient chercher les hommes d'armes. Skol Uhel Ar Vro et Histoire maritime de France, Par Léon Guérin
1405, 22 juillet, Une flotte de 120 navires se rend au secours des Gallois. Elle appareille de Brest. Elle stationne dans le ras de Saint-Mathieu par défaut de vent. Chronicon regum francorum. Voir aussi Monstrelet et le chroniqueur Thomas de Walsingham, Historia brevis, ed. Camden.. Elle débarque à Milford Haven début Août. Norman Longmate.
1412, la disette que subit la ville (de Lisbonne) explique l’appel direct aux Bretons pour qu’ils apportent de la nourriture, en particulier des fèves et des légumes secs. Yves Coativy
1413, une flotte anglaise assiège le Mont Saint Michel, une flotte bretonne fut armée sous le commandement de Brient de Chateaubriand, les Anglais durent se retirer. Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Dom Morice
1422, le duc de Bretagne (Jean V), craignant de voir tomber au pouvoir des Anglais une place qui couvrait les frontières du duché du côté de la Normandie, résolut de se défendre, malgré l'alliance conclue avec le duc de Bedford. Une flotte, partie de Saint-Malo, et montée par des archers, atteignit celle des Anglais. Les Bretons eurent d'abord le désavantage, mais ayant monté à l'abordage, les vaisseaux ennemis tombèrent bientôt en leur pouvoir. Le reste de la flotte prit la fuite, les troupes de terre n'attendant plus de secours, levèrent le siège. E Richer
1423, Au quinzième siècle ces bourgeois aux façons si relevées le disputèrent à la noblesse en ardeur militaire et en dévouement au pays. Les Malouins, pour faire lever aux Anglais le siège du Mont-Saint-Michel, équipèrent à leurs frais trente vaisseaux. L'ennemi fut battu; et, pour reconnaître ce service, Charles VII exempta Saint-Malo de tous impôts durant trois années. Revue historique de l'Ouest, Gaston de Carné
1424, Rassemblement à Saint-Mathieu d'une nouvelle flotte destinée à porter une aide aux Ecossais. Armée aux ordres de Plusquellec, elle aura le soutien de la cour de France qui affectera de la considérer comme une affaire privée...
1424-1426, les Anglais sont en guerre contre la Bretagne, et prennent des précautions contre des raids sur leur côte. The reign of King Henry VI : the exercise of royal authority, 1422-1461 Par Ralph Alan Griffiths
1425-1427, les Bretons menacent l’Angleterre avec une flotte si importante qu’elle obligera les insulaires à garnir leur côte de toutes les forces dont elle pouvait disposer. J P le Mat, Henri Poisson, Histoire de Bretagne.
1426, Réouverture des hostilités avec les Anglais; En échange d'un droit de 1/20 ème de la valeur des marchandises, l'Amiral de Bretagne escorte les navires de tous les pavillons qu'il prend en charge à Saint-Mathieu. Plusquellec compte parmi les initiateurs de cette pratique du convoi. Dates de départ: 15 septembre, 15 janvier et 1er mai. Charles de La Roncière, Histoire de la Marine
1430, des marins bretons embusqués dans les rias côtières de Galice lancent deux raids de pillage contre Viana, au Portugal. Des traités signés en 1430 et 1435 stabilisent la situation et stipulent que des deux côtés, on tentera de limiter la piraterie. Yves Coativy
1432, des enquêtes sont menée auprès des marins de Plymouth, Dartmouth, Teignmouth … concernant les attaques perpétrées par des bateaux bretons, une normalisation intervient après la visite en Angleterre de Gilles, fils de Jean V de Bretagne.
1432, au sujet des relations entre les Hollandais et les marins bretons, voir La politique navale des ducs de Bourgogne: 1384-1482, Jacques Paviot
1435, René Ogor découvre en 1985 une épave en face de l’Aber-Ac’h qui s’avère être celle d’un navire médiéval, et qui est fouillée de 1987 à 1989 par Michel L’Hour. Le lot de monnaies bretonnes et espagnoles semble avoir été perdu (en même temps que le navire) dans les années 1420-1435, et les restes de céramique «onctueuse», typiquement armoricaine, indiquent que les marins ont l’habitude de fréquenter des ports bretons et ibériques. Il pourrait s’agir du navire de l’Anglais Richard Barquiez qui se perd à cet endroit en 1435, naufrage attesté par une lettre ducale de Jean V. L’acte précise que le navire emportait une cargaison d’une valeur de 850 écus, et que les marchands avait déjà exporté vers l’Espagne des draps et tapisseries contre du cuir. Yves Coativy
XVe siècle, La Bretagne jouissait (au 15e) alors d'une richesse intérieure et d'une prospérité commerciale à quoi rien dans ses annales, ni avant ni depuis, ne peut se comparer. Les navires de ses marchands, sillonnant de tous côtés l'Atlantique, visitaient incessamment l'Angleterre, les Flandres, les villes de la Hanse d'Allemagne, l'Espagne et le Portugal, tout prêt à pousser leur course jusqu'aux ports du Levant. Mais quoi ! de bons catholiques comme les Bretons, entrer en commerce avec les Turcs, ces terribles ennemis du nom chrétien? La chose était impossible, et pour vaincre leurs scrupules il ne fallait rien moins que la parole même de Rome. Le duc François II, qui favorisa beaucoup pendant tout son règne les arts et le commerce, se chargea de lever cette difficulté et fit demander au pape Sixte IV, en 1479, la permission de trafiquer avec les Turcs. La réponse du Saint-Père fut favorable ; elle est contenue dans une bulle, conservée au Trésor des chartes de Bretagne. Mélanges d'histoire et d'archéologie bretonnes, Volume 1 Par Arthur Le Moyne de La Borderie, Paul Delabigne-Villeneuve
1438, prise de 18 navires par les Bretons et les Castillans à Brouage et à Nantes. La politique navale des ducs de Bourgogne: 1384-1482 Par Jacques Paviot
1449, Robert Wenyngton attaque des marins bretons qui pirataient en Manche …La politique navale des ducs de Bourgogne: 1384-1482 Par Jacques Paviot
1451, Le vicomte du Fou, amiral de Bretagne, conduisit une flotte devant Bordeaux, et contribua à la reddition de cette ville devant les forces de Charles VII.
1453, 17 juillet, bataille de Castillon, à la fin de la guerre de cent ans, une flotte combinée française, espagnole et bretonne assiège Bordeaux en bloquant l’embouchure de la Gironde. "François (duc) de Bretagne fit équiper quelques vaisseaux pour envoyer par mer joindre l’armée du roi." Bertrand d’Argentré. A noter que les troupes bretonnes jouèrent à Castillon un rôle majeur dans la défaite anglaise.
1454, Tanneguy du Chastel entra au service d'Arthur III, duc de Bretagne, qui le fit chambellan. Le duc François II le créa grand-maître de Bretagne.
1455, Jean de Coatanlem est peut-être le petit fils d'un fermier de la région de Morlaix figurant sur la liste des producteurs de crées de cette ville en 1408. A vingt ans, il se fait corsaire du roi de France, Louis XI, qui lui prête un capital de deux cents livres pour acheter une nef espagnole réformée, le duc de Bretagne François II n'encourageant pas lui même les courses en mer. Le Duc n'accordait ses brefs, autorisation de commercer, qu'aux marchands qui s'engageaient à naviguer en convoi de mer et à payer une taxe. S'engager auprès de l'ennemi du Duc, s'était donc d'abord échapper à un impôt qui constituait une part essentielle du revenu du duché. L'opération entre un petit gentilhomme bas-breton et la cour de France a été rendu possible par le traité de Caen (1465), consolidé par le traité d'Ancenis en 1468, pour mettre un terme à la guerre du Bien Public. Par le second traité, Louis XI rattachait la Normandie au domaine royal direct, contestant, grâce au port de Dieppe principalement, la suprématie sur mer de François II.
La Croaz zuff (orthographe de l'époque), bannière de Bretagne, ne pouvait être arborée que par les navires armés dans le duché souverain auxquels elle garantissait une forme de monopole. Les marchandises, pour y échapper, devaient appartenir à une marque obtenue par l'affréteur, une autorisation appelée bref.
La période est celle d'un boum économique, la flotte bretonne acquérant peu à peu en cette fin du XVe siècle une position dominante dans le trafic atlantique. En sus de l'exportation du blé et de chevaux, du transport croissant de vins de Bordeaux et de La Rochelle, le port de Morlaix profitait spécifiquement du développement du manufacturage du lin. Les crées du Léon étaient très recherchés pour la qualité de leur tissage jusqu'au Portugal pour faire des voiles, concurrentes des poldavys de Locronan, et pour leur blancheur pour servir de linge. Pour le port de Morlaix, les accords commerciaux passés avec l'Angleterre ont porté l'exportation de ces pièces à près d'un million de mètres pour l’année 1480, trois fois moins que cent ans plus tard.
Les cargaisons saisies par Coetanlem sur les navires anglais et flamands permirent de rembourser rapidement le trésor royal et de fonder une société d'armement. Devenu riche armateur, Coetanlem se livra à la course aux dépens des bateaux cabotant sans le Croaz zuff, contre les anglais surtout, clients (45 % des exportations), concurrents et anciens occupants du Léon durant le guerre de Cent Ans. Son navire amiral s'appelait La Cuiller, mais plusieurs autres navires étaient sous ses ordres, comme le Singe, la Figue, le Sainte-Marie de Penmarc'h, le Barque de Morlaix, le Picard. L'escadre de Coatanlem se composait de cinq à dix bateaux de 150 à 250 tonneaux, escortée d'un grand nombre de barques de 30 à 80 tonneaux.