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- opinions -
Du monde comme-si au monde nazi.
Dernière en date des grandes manoeuvres de discrédit de l'identité bretonne : la parution d'un opuscule de Brud Nevez signé Nelley Blanchard, de l'UBO, et préfacé par Ronan Calvez.
Par pour AberLiger le 1/12/03 1:04

Dernière en date des grandes manoeuvres de discrédit de l'identité bretonne : la parution d'un opuscule de Brud Nevez signé Nelley Blanchard, de l'UBO, et préfacé par Ronan Calvez.

Ce petit ouvrage de 117 pages ( 7,50 € ) bénéficie d'une large diffusion sur tout l' Hexagone. On peut notamment le trouver dans les magasins de la chaîne Forum. Peut-être dans les grandes surfaces?

Ce résumé en français d'un mémoire de maîtrise rédigé en allemand et soutenu à l'UBO en 1999 ( " Leo Weisgerber und die Bretagne " ) est donc diffusé grand public à la veille des élections régionales mais aussi --- faut-il le rappeler --- à la veille du jugement des prisonniers politiques bretons.

Les Corses ont eu l'arrestation de Colonna, les Bretons ont eu la mise en examen de Guingamp. Cerise sur le gâteau : le petit brûlot de Nelly Blanchard intitulé " Un agent du Reich à la rencontre des militants bretons " Quel beau titre suggestif ! Ce texte, confidentiel universitaire en 1999, devient très médiatique fin 2003. C'est purement fortuit, nous dira-t-on. Voire !

L' Université bretonne : la Grande Muette.

De tels procédés sont éminemment méprisables. L'UBO n'a aucunement commenté, en 1999, ce mémoire de maîtrise d'un intérêt pourtant évident ( l'auteure a eu accès à des archives allemandes inédites). Sa diffusion grand public par Brud Nevez entretient, juste avant mars 2004, le sentiment diffus que Brest incarne l'esprit de la Résistance et que Rennes incarne celui de la Kollaboration. On sait par ailleurs que le Conseil général du Finistère vient de relancer la guerre de l'orthographe, d'une manière feutrée, à propos de signalétique en breton.

Après le " Monde comme si " de Françoise Morvan, les dénonciateurs du " Monde nazi " en remettent une couche. La moralité de la publication de Brud Nevez est la suivante : On peut certes essayer de les comprendre ( les Kollabos bretons) , mais quand même !!! Les annexes 2, 3, 4, en fin de volume, sont des fac-similés d'allégeance de Roparz Hemon et de Taldir au délégué culturel (Weisgerber) de l'autorité allemande occupante.

Question symétrique : où sont les fac-similés des billets d'allégeance innombrables des grandes figures culturelles françaises, du monde littéraire, du monde cinématographique et théâtral sous l'Occupation? Jean Cocteau, Jean Marais, Raimu, Pagnol, Albert Préjean, Danielle Darrieux, Viviane Romance, Maurice Chevalier, n'ont-ils jamais eu d'échanges avec le représentant du Reich chargé de contrôler les affaires culturelles à Paris? Bien sûr que si. Ce fut l' "Age d'or " du cinéma français, dit-on. Mais personne ne va fouiller dans les archives allemandes pour exhumer périodiquement telle ou telle preuve manifeste de collaboration. Les lycéens ignorent que Jean Giraudoux fut ministre de l' Information du Maréchal Pétain. Touche pas à ma gloire française, tel est le mot d'ordre. Pas de symétrie dans la critique. Et si on allait examiner d'un peu plus prêt les archives du quotidien Ouest-Eclair ?

On ignore même le nom des préfets de Bretagne qui appliquèrent sans broncher la loi sur les Juifs de l'Etat Français, avec l'aide de la gendarmerie et de la justice. L' opprobre ne doit pas toucher leur descendance. Il y avait pourtant des agents du Reich chargés d'aller à la rencontre des fonctionnaires français, en Bretagne. Aucune monographie n'est connue sur le sujet. En existe-t-il une ?

Une concession ambiguë:

Pour prétendre à l'objectivité historiographique ( pour obtenir sa maîtrise ), Nelly BLANCHARD devait faire une concession : publier la proposition de loi du député Trémintin, faite en 1936 et dont voici le début :

"Article premier.

La langue bretonne sera enseignée officiellement, en même temps que le français, dans les écoles primaires de Basse-Bretagne.

Article 2.

La langue bretonne sera admise comme deuxième langue aux examens du baccalauréat, au même titre que les langues étrangères et coloniales."

L' exposé des motifs de cette proposition de loi évoque Ar Falz et le Bleun Brug.

Notons aussi l'intérêt que présente un texte bilingue breton/allemand qui n'avait jamais encore été publié dans sa totalité : le mémorandum daté des 21 et 22 septembre 1940, signé des représentants de 7 associations ( Ar Brezoneg er Skol, Brezoneg er Skoliou, Gwalarn, Sav, Ober, Feiz ha Breiz, Dihunamb ) et demandant que la langue bretonne soit enseignée à l'école.

De "Comme-si" à "Nazi".

Le petit monde kollabo de Nelly Blanchard s'inscrit dans la lignée du monde-comme-si de Françoise Morvan. L'opuscule " Un agent du Reich..." mérite d'être analysé et dénoncé pour ce qu'il est : un soutien universitaire au maintien de la partition administratvo-politique de la Bretagne, un plaidoyer " de gauche " pour le maintien de l'existant, une diabolisation de tout projet de réunification, une diabolisation aussi de l'orthographe peurunvan.

On attend avec intérêt la réaction des universitaires de Brest, de Rennes, de Nantes, après la diffusion en masse de cet ouvrage.