Dans l'histoire de la marine française, la marine bretonne est inexistante. Il faut visiter le Musée de la Marine de Brest pour s'en convaincre. Dans ces chroniques, je voudrais réparer cette injustice et ressortir des oubliettes, où « l'unité » française les a plongés, les hauts faits de ces flottes bretonnes, tant militaires que commerciales, et tout ce passé maritime, qui sont une part essentielle de notre histoire.

Avant propos : Dans l'histoire de la marine française, la marine bretonne est inexistante. Il faut visiter le Musée de la Marine de Brest pour s'en convaincre. Il suffit de compulser les ouvrages consacrés à cette histoire pour constater que la Bretagne y est citée presque par inadvertance. Volonté délibérée ou ignorance, un peu des deux sans doute. Il est vrai qu'avant Richelieu, la France se voyait contrainte de louer des flottes hétéroclites pour des résultats aléatoires et que, par conséquent, elle ne souhaite guère s'étendre sur cette époque peu glorieuse qui vit l'Angleterre ravir la maitrise des mers et la première place parmi les nations, bien que moins riche et moins peuplée. A part l'étude magistrale d'Henri Touchard sur Le Commerce maritime breton à la fin du moyen-âge (jamais rééditée depuis 1967 !) et quelques notices éparses, il n'existe, à ma connaissance, aucun livre faisant état de l'histoire maritime de la Bretagne dans son entier, bien que cette « province » ait été, en tout temps, la première de France dans le domaine maritime. Aussi bien que les Normands et avant même que ces derniers n'entrent dans l'histoire, les Celtes, puis les Bretons, des deux côtés de la Manche, sillonnaient les mers, dans des esquifs ou de plus grands bateaux faits de peaux cousues sur une armature d'osier, les curragh dont le terme caraque dérive sans doute. Ensuite les Vénètes, bien que défaits, firent l'admiration de César, car leurs navires de chêne, possédant amarres et ancres de fer, étaient capable d'affronter les mers orageuses de l'Armorique et faisaient commerce avec la Grande-Bretagne, le sud de la Gaule et l'Espagne.
Dans ces chroniques, je voudrais réparer cette injustice et ressortir des oubliettes, où « l'unité » française les a plongés, les hauts faits de ces flottes bretonnes, tant militaires que commerciales, et tout ce passé maritime, qui sont une part essentielle de notre histoire. Cette étude s'arrêtera vers 1532, sauf à parler de gens et de faits peu connus, car, à partir de cette date, l'histoire française se fera l'écho de tout ce qui se rapporte à la Marine dans ses moindres détails. Ces chroniques sont bien sûr un premier pas vers une meilleure connaissance de notre passé maritime, limité trop souvent aux derniers siècles. J'espère qu'au travers elles, des chercheurs se mettront à l'ouvrage et délaisseront les thèmes ressassés pour explorer cette matière au cœur de notre identité, avant que ne fleurissent quelques ouvrages et pourquoi pas, rêvons un peu, un musée consacré au passé maritime de la Bretagne. Prochain article : les Rois et les Saints traversent la Manche
Marc Patay