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Drapeau de la gauche indépendantiste catalane
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- Chronique -
Catalogne : indépendantistes, souverainistes et nationalistes
France-Info a cru savoir que, Convergence et Union (CiU), le parti du centre droit qui a gouverné et gouvernera demain la Catalogne, est autonomiste.
Christian Rogel pour ABP le 29/11/12 15:46

France-Info a cru savoir que, Convergence et Union (CiU),le parti du centre droit qui a gouverné et gouvernera demain la Catalogne, est autonomiste. ( voir l'article )

Pas de chance pour le journaliste, l'autonomisme n'a aucun avenir dans un pays déjà autonome, car le nom officiel en est Communauté autonomique de Catalogne (on dit aussi La Généralité de Catalogne). Les Catalans parlent d'« autogouvernement ».

Peu de gens ont remarqué que CiU n'a jamais demandé l'indépendance de la Catalogne, mais, la création d'un État souverain.

Cette option a été validée par les électeurs qui ont élue une large majorité approuvant l'autodétermination qui est un droit reconnu par l'ONU.

Artur Mas, son président, n'éprouve pas le besoin de se qualifier lui-même de nationaliste, car, le mouvement catalaniste de droite comme de gauche existe depuis des dizaines d'années et a toujours gouverné la Catalogne, même quand le Parti socialiste catalan, anti-indépendantiste et en perte de vitesse, dirigeait, en coalition, la Généralité.

CiU contrôle une fondation, Nous Catalans (Nouveaux Catalans), qui a organisé des réunions en direction des immigrés de fraîche date (15 % de la population), en particulier, dans le lieux de cultes fréquentés par les Marocains, pour les convaincre que la Catalogne souveraine leur serait bénéfique.

Le souverainisme est un terme employé par les partis québécois dans le contexte du Commmonwealth britannique qui aurait pu permettre de garder la Reine d'Angleterre comme lointain chef d'Etat, ce qui est encore le cas du Canada.

Cependant, on a pu entendre, sur Euronews, dans les commentaires de Josep Antich, directeur du journal barcelonais, La Vanguardia, qu'il qualifiait CiU de nationaliste et la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) d'indépendantiste.

ERC a remporté les élections municipales de 1931, puis, les élections de la Généralité de Catalogne en 1932 et a soutenu la Seconde République espagnole. ( voir l'article )

Le gouvernement ERC-Parti socialiste unifié de Catalogne, présidé par Lluís Companys, fut combattu par les communistes, les trotskystes et les anarchistes, si bien que Barcelone tomba aux mains des fascistes de Franco en 1939.

Lluís Companys, élu du peuple, fut fusillé avec la complicité de l'État français qui le fit arrêter en Bretagne. Il subit 5 semaines de tortures à Madrid. ( voir l'article )

ERC, parti républicain dans une monarchie, membre du Front populaire en 1936, s'est donc définie comme indépendantiste, 80 ans avant que CiU ne parle de souveraineté.

Parce qu'il n'a eu que 3 sièges sur 135 et 3,48 % des voix, il y a eu peu de commentaires sur Candidature d'Unité populaire-Alternative de gauche (CUP-EA), une coalition qui est classée à l'extrême-gauche et qui est connue pour avoir été un acteur important en Catalogne des manifestations des Indignés qui ont eu lieu en Espagne, en mars 2011.

Se présentant comme opposée au capitalisme qui est une « fabrique de pauvreté », elle organise des assemblées ouvertes pour y pratiquer la démocratie participative et a prévenu qu'elle aura « un pied dans le parlement (catalan) et un pied dans la rue ».

Elle a été très active pour dénoncer la corruption dans les marchés pour la restauration du Palais de la Musique.

Son dossier de presse contient le résumé suivant :

« CUP-AE met en place une véritable candidature de combat. Elle rassemble une coalition engagée pour des Pays catalans indépendants et une économie au service des classes populaires. »

Interrogée, David Fernandez, la tête de liste a indiqué qu'« ils (ne sont) pas nationalistes, mais, indépendantistes. »

Les Pirates de Catalogne qui déclarent avoir 1 000 membres sont affiliés au Parti pirate international, mais sont indépendants du Parti pirate espagnol

Dans leur programme électoral, à leurs revendications habituelles de transparence, de liberté numérique et de démocratie directe, ils y ont ajouté le droit à l'autodétermination en approuvant ainsi toute éventuelle proposition de référendum sur l'indépendance de la Catalogne.

Ils se réfèrent à l'article 21 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme : «La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics».

L'une de leurs affiches était un photomontage montrant Artur Mas (CiU) et de Mariano Rajoy (président du gouvernement espagnol) s'embrassant sur la bouche !

Il y a donc bien des versions du nationalisme, de l'indépendantisme et du souverainisme en Catalogne, traversant l'arc-en-ciel politique, mais, significativement, la coalition identitaire et xénophobe est restée à la porte du Parlement.

Il est vrai qu'avoir été bombardés, au sens propre, par le pouvoir central, avoir vu la République catalane proclamée quatre fois (1641, 1873, 1931, 1934), avoir été interdit d'user de leur langue en public et d'avoir réussi à faire que celle-ci soit la langue de la jeunesse a donné à la majorité des Catalans la certitude de faire partie d'un peuple distinct du reste de l'Espagne, sans pour autant vouloir attaquer les non-Catalans.

C'est pourquoi, on peut y trouver, non seulement une gauche et une extrême-gauche qui fait d'un référendum sur la souveraineté catalane une simple règle de démocratie, mais, une droite souverainiste qui ne prononce même pas le mot d'indépendance, ne serait-ce que pour préserver la possibilité d'une confédération ibérique, envisagée par ERC en 1931 et en 1934.

La Catalogne est l'un de pays où le sentiment européen est très fort et, quand on lui parlait de son lien avec l'UE, si elle était souveraine, Artur Mas a répondu : «Imaginez-vous une seconde que Bruxelles laissera partir la Flandre, si elle suit notre chemin?». (Le Point, 29 novembre).

Paradoxes et subtilités politiques d'un pays depuis toujours ouvert sur le vaste monde et qui fut même, au Moyen-Age, un petit empire régnant sur l'Aragon, la Principauté de Valence, les Baléares, la Provence, le Roussillon, la Cerdagne, le Royaume de Naples, la Sicile, la Corse et la Sardaigne.

Un pays où la confusion bien parisienne sur le sens des termes politiques ne serait guère admise.

Note : La Gauche républicaine de Catalogne (ERC) utilise 3 drapeaux : le drapeau officiel de la Généralité, le drapeau avec l'étoile rouge (voir illustration) et le drapeau avec l'étoile bleue qui est celui de l'indépendantisme, proche de celui de Cuba, qui s'est rendu indépendante de l'Espagne en 1898.

Christian Rogel

Voir aussi :
Cet article a fait l'objet de 1411 lectures.
Christian Rogel est spécialiste du livre, de la documentation et de la culture bretonne.
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Vos 10 commentaires :
bernard guyader Le Vendredi 30 novembre 2012 07:16
Votre conclusion résume toute la misère politique du microcosme jacobin.Superbe synthèse ...Si je peux rajouter la chose suivante : Il y a encore quelquesz semaine CDC se contentait de l'autonomie et en effet ne parlait pas d'indépendance ... Ce qui est différent aujourd'hui ..De plus l'intelligence de MAS est d'avoir su mettre en danger son gouvernement par de nouvelle élection ..De plus la proposition initiale faite à Madrid était la suivante : Révision de la politique financière ( présuposés) ou référendum sur l'autodétermination ..En refusant de négocier Madrid a ouvert elle même la voie à u_n référendum sur l'indépendance. Dès sa prise de pouvoir CiU et Mas ( dernière élection législative) a eu une politique dure et répressive contre les "Indignés" et les contestataires manifestants contre la rigueur ...Cette mise en oeuvre d'une politique économique est proche de celle du PPE et des gouvernements conservateurs européens ( mépris et arrogance)ce qui fait dire à la gauche indépendantiste OUI au référendum NON au gouvernement de droite de CiU.B.Guyader
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Herve Le Borgne Le Vendredi 30 novembre 2012 09:17
Bravo pour le résumé sur la situation politique en Catalogne. Bien des journalistes parisiens devraient prendre des cours pour comprendre ce qui se passe hors du périphérique.
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Yann LeBleiz Le Vendredi 30 novembre 2012 10:01
Superbe article!
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Per LE MOINE Le Vendredi 30 novembre 2012 17:51
Dès 1949 , fondation du Conseil de l'Europe et aussi de l'UFCE par le breton Martray,la Catalogne indépendantiste est entrée à l'Union et le Président du Gouvernement catalan EN EXIL a adhéré à l'UFCE et en est devenu Vice-président . Il se nommait Baptista I Roca et était professeur à Londres . Les bretons de l'UFCE de cette époque , dont surtout le polytechnicien Pierre LAURENT , ont travaillé avec lui ainsi que Jean Kergrenn et le signataire dela présente note . PER LM
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thomas jean-alain Le Vendredi 30 novembre 2012 18:53
Dire que : \" Le gouvernement ERC-Parti socialiste unifié de Catalogne, présidé par Lluís Companys, fut combattu par les communistes, les trotskystes et les anarchistes, si bien que Barcelone tomba aux mains des fascistes de Franco en 1939.\" est largement abusif. Le PSUC était la version catalane du PCE et suivait la politique du Komintern à l\'époque, d\'où élimination du POUM en 1937, répression des communautés paysannes,mise u pas des anarchistes, etc...La chute de Barcelone comme du reste de l\'Espagne est due à la politiquer républicanisme et au laissez-faire des démocraties occidentales qui regardaient les nazis et les fascistes armer Franco sans rien dire...
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Christian Rogel Le Vendredi 30 novembre 2012 19:27
Bien sûr que le déséquilibre des armes est un facteur de la défaite, mais, la désorganisation et les luttes politiques intra- républicaines à Barcelone n'ont pu que tuer dans l'œuf toute possibilité de résistance sérieuse.
Le moral et la stratégie peuvent renverser le poids des armes.
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bernard guyader Le Samedi 1 décembre 2012 08:57
Un politologue arabe disait récemment que certains peuples avaient le rétroviseur plus gros que le pare brise ....Celà nous va comme un gant à nous autres bretons .... pour les catalans c'est l'inverse .. le rétroviseur existe mais de taille " normale" ..B.Guyader
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SPERED DIEUB Le Samedi 1 décembre 2012 10:23
Certains pays sont devenus indépendants alors que ce n'était pas à l'origine cette revendication qui était mise en avant ,dans un passé récent je pense à l'Algérie la population ne revendiquait initialement que d'avoir simplement les mêmes droits que les citoyens de la métropole, les algériens dans leur ensemble ne devaient même pas savoir ce qu'était le nationalisme et il y a eu certainement d'autres cas dans l'histoire par exemple est ce que l'Irlande serait devenue indépendante si ses habitants n'auraient pas été aussi maltraités et spoliés par les colons ????
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Pierre CAMARET Le Samedi 1 décembre 2012 11:16
L'Algerie a ete une affaire mal traitee . C'est exact et les Algeriens en souffrent encore de nos jours .
Une meilleure formule eut pu etre trouvee.
J'y ai perdu une grande partie de mon ame , dans ce pays que j'aimais .
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eugène Le Tollec Le Samedi 1 décembre 2012 12:17
Je pense que le cas "catalan" doit être examiné de près pour en tirer toutes les conclusions bretonnes!
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