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Des Bretons autour du monde, de Magellan à Bougainville

Le premier voyage autour du monde de l'histoire fut celui accompli par l'expédition de Magellan (Fernão de Magalhães) un navigateur portugais au service de l'Espagne, parti de Sanlucar de Barrameda (Andalousie) le 20 septembre 1519. Magellan mourut en cours de route, mais un de ses lieutenants, le Basque Juan Elcano, parvint à revenir en Europe avec 17 survivants (sur les 270 hommes présents au départ).

Bernard Le Nail pour ABP le 9/03/08 10:29

Le premier voyage autour du monde de l'histoire fut celui accompli par l'expédition de Magellan (Fernão de Magalhães) un navigateur portugais au service de l'Espagne, parti de Sanlucar de Barrameda (Andalousie) le 20 septembre 1519. Magellan mourut en cours de route, mais un de ses lieutenants, le Basque Juan Sebastian de Elcano, parvint à revenir en Europe avec 17 survivants (sur les 270 hommes présents au départ). Ce que l'on oublie souvent de rappeler, c'est qu'il y avait au moins deux Bretons dans l'expédition : Jean Breton, un mousse natif du Croisic, et Barthélémy Prieur, contremaître à bord d'un des cinq navires, le Santiago. Aucun des deux ne revint de cette aventure.

Bougainville est généralement considéré comme le premier navigateur français à avoir réalisé le tour du monde en bateau, de 1766 à 1768. Parti de Brest le 2 juin 1766, il revint le 16 mars 1768 à Saint-Malo. Ce que l'on oublie aussi souvent de dire, c'et que les équipages de ses deux navires étaint très majoritairement composés de Bretons... Le récit de Bougainville, "Voyage autour du monde", paru an 1771, connut un très grand succès. Il est tout à fait intéressant de relire son introduction dans laquelle il énumère beaucoup de ceux qui avaient avant lui fait le tour du monde, parmi lesquels il ne manque pas de citer un Breton de Saint-Malo, Guy Le Gentil de la Barbinais :

"J'ai pensé qu'il serait à propos de présenter à la tête de ce récit, l'énumération de tous les voyages exécutés autour du monde, et des différentes découvertes faites jusqu'à ce jour dans la mer du Sud ou Pacifique.

Ce fut en 1519 que Ferdinand Magellan, Portugais, commandant cinq vaisseaux espagnols, partit de Séville, trouva le détroit qui porte son nom, par lequel il entra dans la mer Pacifique, où il découvrit deux petites îles désertes dans le sud de la ligne, ensuite les îles Larrones, et enfin les Philippines. Son vaisseau, nommé La Victoire revenu en Espagne, seul des cinq, par le cap de Bonne-Espérance, fut hissé à terre à Séville, comme un monument de cette expédition, la plus hardie peut-être que les hommes eussent encore faite. Ainsi fut démontrée physiquement, pour la première fois, la sphéricité et l'étendue de la circonférence de la terre.

Drake, Anglais, partit de Plymouth avec cinq vaisseaux, le 15 septembre 1577, y rentra avec un seul, le 3 novembre 1580. Il fit, le second, le tour du globe. La reine Elisabeth vint manger à son bord, et son vaisseau, nommé Le Pélican, fut soigneusement conservé à Deptfort dans un bassin avec une inscription honorable sur le grand mât. Les découvertes attribuées à Drake sont fort incertaines. On marque sur les cartes, dans la mer du Sud, une côte sous le cercle polaire, plus quelques îles au nord de la ligne, plus aussi au nord la Nouvelle Albion.

Le chevalier Thomas Cavendish, Anglais, partit de Plymouth le 21 juillet 1586, avec trois vaisseaux, y rentra avec deux, le 9 septembre 1588. Ce voyage, le troisième fait autour du monde, ne produisit aucune découverte.

Olivier de Noort, Hollandais, sortit de Rotterdam le 2 juillet 1598, avec quatre vaisseaux, passa le détroit de Magellan, cingla le long des côtes occidentales de l'Amérique, d'où il se rendit aux Larrones, aux Philippines, aux Moluques, au cap de Bonne-Espérance, et rentra à Rotterdam avec un seul vaisseau, le 26 août 1601. Il n'a fait aucune découverte dans la mer du Sud.

Georges Spilberg, Allemand au service de la Hollande, fit voile de Zélande le 8 août 1614, avec six navires, perdit deux vaisseaux avant que d'être rendu au détroit de Magellan, le traversa, fit des courses sur les côtes du Pérou et du Mexique, d'où, sans rien découvrir dans sa route, il passa aux Larrones et aux Moluques. Deux de ses vaisseaux rentrèrent dans les ports de Hollande le 1er juillet 1617.

Presque dans le même temps, Jacques Lemaire et Schouten immortalisaient leur nom. Ils sortent du Texel le 14 juin 1615, avec les vaisseaux La Concorde et le Horn, découvrent le détroit qui porte le nom de Lemaire, entrent les premiers dans la mer du Sud en doublant le cap de Horn; y découvrent par quinze degrés quinze minutes de latitude sud, et environ cent quarante-deux degrés de longitude occidentale de Paris, l'île des Chiens; par quinze degrés de latitude sud à cent lieues dans l'ouest, l'île sans Fond; par quatorze degrés quarante-six minutes sud, et quinze lieues plus à l'ouest, l'île Water; à vingt lieues de celle-là dans l'ouest, l'île des Mouches; par les seize degrés dix minutes sud, et de cent soixante-treize à cent soixante-quinze degrés de longitude occidentale de Paris, deux îles, celle des Cocos, et celle des Traîtres; cinquante lieues plus ouest, celle d'Espérance, puis l'île de Horn, par quatorze degrés cinquante-six minutes de latitude sud, environ cent soixante-dix neuf degrés de longitude orientale de Paris. Ensuite ils cinglent le long des côtes de la Nouvelle-Guinée, passent entre son extrémité occidentale et Gilolo, et arrivent à Batavia en octobre 1616. Georges Spilberg les y arrête, et on les envoie en Europe sur des vaisseaux de la Compagnie: Lemaire meurt de maladie à Maurice, Schouten revoit sa patrie. La Concorde et le Horn rentrèrent après deux ans et dix jours.

Jacques L'Hermite, Hollandais, et Jean Hugues Schapenham, commandant une flotte de onze vaisseaux, partirent en 1623 avec le projet de faire la conquête du Pérou; ils entrèrent dans la mer du Sud par le cap de Horn, et guerroyèrent sur les côtes espagnoles, d'où ils se rendirent aux Larrones, sans faire aucune découverte dans la mer du Sud, puis à Batavia. L'Hermite mourut en sortant du détroit de la Sonde, et son vaisseau, presque seul de sa flotte, ternit au Texel le 9 juillet 1626.

En 1683, Cowley, Anglais, partit de la Virginie; il doubla le cap de Horn, fit diverses courses sur les côtes espagnoles, se rendit aux Larrones, et revint par le cap de Bonne-Espérance en Angleterre, où il arriva le 12 octobre 1686. Ce navigateur n'a fait aucune découverte dans la mer du Sud; il prétend avoir découvert dans celle du Nord, par quarante-sept degrés de latitude australe et quatre-vingts lieues de la côte des Patagons, l'île Pepis. Je l'ai cherchée trois fois, et les Anglais deux, sans la trouver.

Wood Roger, Anglais, sortit de Bristol le 2 août 1708, passa le cap de Horn, fit la guerre sur les côtes espagnoles jusqu'en Californie, d'où, par une route frayée déjà plusieurs fois, il passa aux Larrones, aux Moluques, à Batavia et, doublant le cap de Bonne Espérance, il ternit aux Dunes le 1er octobre 1711.

Dix ans après, Roggewin, Mecklembourgeois, au service de la Hollande, sortit du Texel avec trois vaisseaux, il entra dans la mer du Sud par le cap de Horn, y chercha la Terre de Davis sans la trouver; découvrit dans le sud du tropique austral l'île de Pâques, dont la latitude est incertaine; puis, entre le quinzième et le seizième parallèle austral, les îles Pernicieuses, où il perdit un de ses vaisseaux; puis à peu près dans la même latitude, les îles Aurore, Vespres, le Labyrinthe composé de six îles, et l'île de la Récréation, où il relâcha. Il découvrit ensuite, sous le douzième parallèle sud, trois îles, qu'il nomma îles de Bauman, et enfin, sous le onzième parallèle austral, les îles de Thienhoven et Groningue; naviguant ensuite le long de la Nouvelle-Guinée et des Terres des Papous, il vint aborder à Batavia, où ses vaisseaux furent confisqués.

L'amiral Roggewin repassa en Hollande de sa personne sur les vaisseaux de la Compagnie, et arriva au Texel le 11 juillet 1723, six cent quatre-vingts jours après son départ du même lieu. Le goût des grandes navigations paraissait entièrement éteint, lorsque en 1741 l'amiral Anson fit autour du globe le voyage dont l'excellente relation est entre les mains de tout le monde, et qui n'a rien ajouté à la géographie. Depuis ce voyage de l'amiral Anson, il ne s'en est point fait de grand pendant plus de vingt années. L'esprit de découverte a semblé récemment se ranimer.

Le commodore Byron part des Dunes le 20 juin 1764, traverse le détroit de Magellan, découvre quelques îles dans la mer du Sud, faisant sa route presque au nord-ouest, arrive à Batavia le 28 novembre 1765, au Cap le 24 février 1766 et le 9 mai aux Dunes, six cent quatre-vingt-huit jours après son départ.

Deux mois après le retour du commodore Byron, le capitaine Wallis part d'Angleterre avec les vaisseaux le Deflin et le Swallow, il traverse le détroit de Magellan, est séparé du Swallow, que commandait le capitaine Carteret, au débouquement dans la mer du Sud; il y découvre une île environ par le dix-huitième parallèle à peu près en août 1767; il remonte vers la ligne, passe entre les Terres des Papous, arrive à Batavia en janvier 1768, relâche au cap de Bonne-Espérance, et enfin rentre en Angleterre au mois de mai de la même année. Son compagnon Carteret, après avoir essuyé beaucoup de misères dans la mer du Sud, arrive à Macassar au mois de mars 1768, avec perte de presque tout son équipage, à Batavia le 15 septembre, au cap de Bonne Espérance à la fin de décembre. On verra que je l'ai rencontré à la mer le 18 février 1769, environ par les onze degrés de latitude septentrionale. Il n'est arrivé en Angleterre qu'au mois de juin.

On voit que de ces treize voyages autour du monde aucun n'appartient à la nation française, et que six seulement ont été faits avec l'esprit de découverte; savoir, ceux de Magellan, de Drake, de Lemaire, de Roggewin, de Byron et de Wallas; les autres navigateurs, qui n'avaient pour objet que de s'enrichir par les courses sur les Espagnols, ont suivi des routes connues sans étendre la connaissance du globe.

En 1714, un Français, nommé La Barbinais le Gentil, était parti sur un vaisseau particulier, pour aller faire le commerce sur les côtes du Chili et du Pérou. De là, il se rendit en Chine où, après avoir séjourné près d'un an dans divers comptoirs, il s'embarqua sur un autre bâtiment que celui qui l'y avait amené, et revint en Europe, ayant à la vérité fait de sa personne le tour du monde, mais sans qu'on puisse dire que ce soit un voyage autour du monde fait par la nation française."

Bougainville a omis cependant de citer un autre Breton alors déjà bien oublié, le Vitréen Pierre-Olivier Malherbe, qui avait quitté la Bretagne pour l'Andalousie en 1581 et qui, en 1592, était parti du port de Sanlucar de Barrameda pour le nouveau monde, débutant ainsi un tour du monde qui allait durer 17 années et ne s'achever qu'en 1609 avec son arrivée à Marseille, après avoir longtemps séjourné en Inde, puis en Perse. Il est vrai qu'il s'agissait d'une entreprise individuelle, empruntant des navires d'autres nations et n'ayant pas donné lieu à une relation écrite directe. Ce voyage nous est connu à travers le récit du chanoine Pierre Bergeron, géographe et historiographe du roi de France Henri IV, qui rencontra plusieurs fois et très longuement Pierre-Olivier Malherbe après son retour.

Bougainville n'a pas mentionné pas non plus deux autres expéditions malouines contemporaines : le tour du monde que fit en 1711-1713, le "Grand-Dauphin", de Saint-Malo, armé par Jean Rouzier, commandé par Sébastien du Fresne des Saudrais, puis par Michel Collet du Portail. Du Fresne des Saudrais étant mort à Canton le 25 août 1712, le commandement passa à Collet du Portail qui ramena le navire le 29 juillet 1713 et celui que fit, en sens inverse la "Comtesse de Pontchartrain", autre navire malouin armé par le chevalier Baillon, parti le 1er mars 1714 et rentré à Saint-Malo le 21 novembre 1717.

Ces expéditions n'avaient certes pas des motivations scientifiques et étaient essentiellement à but commercial. Sans parler des autres tours du monde entrepris après Bougainville, dont la tragique expédition de Lapérouse et Fleuriot de Langle, avec des équipages eux aussi très majoritairement bretons, il est étonnant que l'histoire officielle n'ait pas davantage souligné la part essentielle que les marins bretons ont pris depuis cinq siècles à la découverte de la Terre. Aucun monument n'existe à leur mémoire en Bretagne, pas même à Brest, à Saint-Malo, ni à Lorient qui ont pourtant vu partir diverses expéditions, aucun musée ne leur est spécifiquement consacré et la plupart des ouvrages qui traitent de l'exploration de la planète et des grandes découvertes, les ignorent.

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Bernard Le Nail est un écrivain fondateur de la maison d'édition LES PORTES DU LARGE. Contributeur ABP
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Vos 1 commentaires
  jefffff
  le Samedi 10 septembre 2011 12:57
En complément, lire la remarquable biographie de Stefan Zweig sur Magellan. Il y met bien en exergue toute la passion d’un homme habité par le premier projet réussi de circumambulation maritime mais aussi le tragique de son existence.
http://www.jeanboye.fr/index.php?option=com_zoo&task=item&item_id=23&Itemid=57
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