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Energies renouvelables
\"Ici, sur les 40 ha, il y a 9 km de haies qui me donnent environ 90 m3 de bois déchiqueté, ce qui représente 7500 litres de fuel. Trois fois plus qu’il ne m’en faut\" explique Daniel Durand. La maison est équipée d’une chaudière à bois déchiqueté. Le tracteur fonctionne
Par bernadette Poiraud pour Journal La Mée le 18/09/06 17:33

A Rouillon, tu verras de quel bois je me chauffe

ECO-FORUM : un forum international sur les énergies renouvelables, s'est tenu à Rendsburg en Allemagne, les 7-8 septembre 2006. Parmi les participants : M. Daniel Durand, agriculteur à La Meilleraye. C’est donc l’occasion d’aller voir ce qui se passe dans sa ferme du "Rouillon" à La Meilleraye.

Rouillon : 40 hectares, sur lesquels travaillent Daniel et Réjane Durand depuis 25 ans. A notre époque, 40 ha c’est une petite ferme . « Mais nous réussissons à en tirer deux salaires » dit Daniel cependant que Réjane ajoute : « Cela n’a pas été facile. Heureusement que nous avons su réduire les dépenses d’investissement, en particulier les dépenses énergétiques » ..

Des oies, des poulets, des brebis : derrière la bergerie se trouvent trois hautes cuves qui contiennent un mélange de céréales, des tourteaux de colza et des tourteaux de tournesol. C’est par là que commence l’explication de Daniel : « Ici c’est la première énergie renouvelable : celle qu’on ne consomme pas. La première règle d’économie, en effet, c’est de réduire la consommation d’énergie » .

La façon de produire

Il y a deux façons de produire des céréales. L’une utilise les intrants chimiques (en particulier l’azote). L’autre fait confiance à la nature. « La première est 40 % plus gourmande en énergie que la seconde » explique Daniel qui affirme que, pour faire une tonne d’azote, il faut 2500 litres de fuel. « Ici nous n’utilisons pas de cette azote synthétisée de façon chimique. C’est déjà une économie de fuel » .

Sans compter qu’il y a de grosses différences dans la façon de cultiver la terre. « Avec l’industrie chimique, l’azote nourrit la plante mais pas la terre, la terre n’est qu’un support et peu à peu elle s’appauvrit en humus. Moi je fais autrement :

* 1.- je sème un mélange de céréales (blé, triticale, avoine, seigle) avec des légumineuses (luzerne, petits pois, trèfle). Les légumineuses ont la faculté de synthétiser l’azote de l’air et de fournir cette azote aux céréales.

* 2.- j’utilise les déjections animales que j’ai transformées en compost. C’est ainsi que je nourris la terre. Regardez les feuilles des arbres, elles tombent sur le sol en automne et se dégradent peu à peu, en particulier avec l’aide des vers de terre. Je fais la même chose avec le compost. Et j’enrichis l’humus de mes terres. Depuis 15 ans je n’ai mis aucun engrais chimique » .

La proximité

Deuxième règle d’économie : limiter les transports. « Ici je produis moi-même ce que mangent les brebis et la volaille. N’avoir pas besoin d’acheter, c’est une économie énorme. Souvent on entend dire que les agriculteurs font venir des tourteaux de soja. Les principaux producteurs sont USA, Brésil, Argentine. Vous imaginez la dépense de pétrole nécessaire pour les transports ? » .

Innovation

La proximité on la retrouve dans l’utilisation des produits naturels. « J’ai ici des capteurs solaires, 20 m² avec lesquels je produis de l’électricité que je revends à EDF. Mais je suis toujours relié au réseau EDF auquel je fais appel quand c’est nécessaire. Avec mes panneaux solaires je produis de quoi alimenter la totalité de la maison et la moitié de l’exploitation agricole ». « Bientôt nous allons passer à l’énergie éolienne » .

La tondeuse à gazon est aussi alimentée par deux capteurs solaires. L’eau chaude de la maison est fournie, 7 mois de l’année, par un chauffe-eau solaire.

Et puis il y a le bois. « Ici, sur les 40 ha, il y a 9 km de haies qui me donnent environ 90 m3 de bois déchiqueté, ce qui représente 7500 litres de fuel. Trois fois plus qu’il ne m’en faut » . La maison est équipée d’une chaudière à bois déchiqueté qui peut fonctionner en autonomie pendant 3 semaines. Quand on sait qu’il faut 2,1 litres de pétrole pour produire un litre de fuel de chauffage, on voit quelle est l’économie réalisée.

Huile

Enfin Daniel et Réjane font leur huile. « 2 hectares de tournesol, 4 hectares de colza. Les semis se font en août, la récolte est en juin. La machine sépare la paille du grain. Le grain se déverse, par une trémie, dans une presse à huile qui extrait l’huile du grain et rejette des tourteaux ». Il s’agit d’une huile de première pression, qui correspond environ à 85 % de l’huile contenu dans les grains. « C’est l’huile la plus assimilable par l’estomac humain, le reste est bien accepté par l’estomac des animaux » .... Il n’empêche que, dans l’industrie agro-alimentaire le grain est « essoré » à 99 % après divers artifices. Cela donne, à la fin, des huiles de moins bonne qualité (digestion).

L’huile extraite à la ferme de Rouillon est décantée dans un grand récipient de 1500 litres. « 3 kg de grains donnent 1 litre d’huile et 2 kg de tourteau » . Puis l’huile passe dans un filtre à plaques de cellulose et peut être vendue comme huile de table.

Une partie de cette huile sert aussi pour alimenter le tracteur ou la voiture. « Je mets en général moitié fuel, moitié huile. Du tournesol l’été, du colza l’hiver. Je pourrais fonctionner totalement à l’huile, comme en Allemagne, mais il me faudrait pour cela modifier un peu ma voiture, ce que je n’ai pas encore fait » .

« Avec tout cela nous estimons être autonomes à 75-80 % » dit Réjane. Tout ceci est le fruit d’une réflexion collective au sein du CIVAM depuis une dizaine d’années. (CIVAM = centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural).

Les enjeux de l’huile

Il y a deux façons de produire de l’huile : la filière courte et la filière industrielle. La filière courte c’est celle des agriculteurs qui fabriquent leur huile, ou celle de groupements d’agriculteurs qui mutualisent cette production. La filière industrielle correspond au projet de l’usine de diester de Montoir (près de St Nazaire).

Daniel Durand pose plusieurs questions.

* 1.- qui bénéficiera de la marge financière ? Les agriculteurs producteurs ? Ou les firmes comme Cargill, Total et autres ? * 2.- quelle sera l’efficacité énergétique ? Avec une grosse usine, on va bouffer de l’énergie, au moins sur le transport. Avec la filière courte, il faudra 1 litre de pétrole pour produire 6 litres d’huile. Avec la filière industrielle il faudra 1 litre de pétrole pour produire 3 litres d’huile. * 3.- la filière industrielle ne va-telle pas favoriser l’agriculture intensive, celle qui utilise les intrants chimiques ? Où est l’intérêt s’il faut mettre beaucoup de pétrole pour synthétiser l’azote ? On estime qu’il faudrait 400 litres de fuel pour produire 1000 litres d’huile.

Actuellement une réflexion est menée autour d’une utilisation des ressources locales (bois déchiqueté, colza, tournesol). Ce sera sans doute l’objet d’un dossier d’excellence rurale.

ABP/BP Retrouvez ces infos dans La Mée : (voir le site)

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