– En quelques mots votre parcours et votre formation ?
Avant de commencer, je voudrais saisir l’occasion faite ici afin de vous remercier pour votre ouverture d’esprit, ainsi que votre tolérance et compréhension vis-à-vis de mon interprétation du Bro Gozh Ma Zadoù, ainsi que de votre démarche par le biais de vos questions pour en connaître plus sur moi.
Je suis Inophis, originaire du pays du Léon, diplômé d’un BTS en biotechnologie, j’ai également passé une licence de bio, ainsi qu’un diplôme universitaire en langue chinoise.
Concernant la musique je suis auteur, compositeur, interprète et producteur. J’ai un projet solo instrumental « Inophis » , ainsi qu’un groupe Equinox (Symphonic Prog Metal)
Artistiquement, je représente la société la plus importante de Chine concernant la fabrication de guitare acoustique et électrique Farida guitars, c’est également un important sous-traitant au niveau international, avec qui j’ai même une guitare électrique signature à mon nom : le modèle Inophis FIS-60 ; je représente aussi la société leader des musiques actuelles en Chine Guitare China, avec qui j’ai sorti mon deuxième album solo « Beauty in the chaos » devenant ainsi le premier guitariste européen à le faire, ainsi que les sociétés Aroma Music et Guitar Pro.
De par mon expérience, j’ai pu par le passé me produire, avec différentes formations allant du celtique au métal, en Bretagne, France, Roumanie, Espagne, Japon, et en Chine depuis une dizaine d’années maintenant. J’ai entièrement produit et composé trois albums solos instrumentaux, un album de groupe, ainsi qu’effectué différentes collaborations.
Je compte mettre sur pied un projet Rock celtique symphonique, je travaille sur l’écriture d’un album de bossa également.
Le mois prochain sortira un titre d’un ami chanteur « Dailiang » , titre que j’ai réarrangé en version celtique, ce titre servira à faire la promotion de la Bretagne en Chine (bien sûr je vous tiendrai informé lorsque ce titre sortira), un clip sera tourné au printemps en Bretagne.
– Pourquoi la Chine ?
Ma première expérience avec la Chine a été faite grâce à l’obtention d’une bourse d’étude pour aller perfectionner mon niveau en langue chinoise durant un an dans la ville de Qingdao.
Par la suite, en France, et après mes expériences passées avec la Kevrenn Brest Sant Mark, Merzhin et autres… j’ai voulu créer mes propres projets, d’où le projet instrumental « Inophis » , ce qui a abouti à mon premier album solo.
Ne trouvant pas d’échos en France, c’est une société taïwanaise « Farida Guitar » qui a été sensible à ma musique et mon expérience et donc elle a souhaité m’inviter à me produire pour elle, en Chine, au Salon international de la musique de Pékin en mai 2008, leur choix a été confirmé suite à mes prestations lors du Salon de Shanghai de la même année, l’événement musical le plus important d’Asie.
Donc, contrairement à d’autres, je ne me suis pas expatrié pour tenter quelque chose, ce sont des sociétés qui sont venues me chercher, ce qui est totalement différent, et si elles le font c’est qu’il y a une raison, ce n’est pas par hasard.
« Pourquoi la Chine ? » , peut-être parce qu'en Chine il n’y a pas de problèmes avec les « talents » , là où en France, en Bretagne, les aigreurs des uns et des autres empêchent les talents de s’exprimer. En Chine le talent n’est pas mal vu, au contraire il est pris en exemple et mis en avant, il est vecteur de respect, c’est un moteur pour les plus jeunes, là où en France, en Bretagne, avoir du talent est assez mal vu, où l’on préfère le nivellement par le bas, et où le médiocre est le plus souvent (et de plus en plus) popularisé et pris en exemple… En Chine, il faut également soigner son image, il faut que quelque chose émane de vous, là où ici tu peux venir « faire un concert en short et chaussettes hautes » les gens trouveront cela génial.
– Pourquoi votre musique intéresse-t-elle autant les Chinois ?
Paradoxalement à ce que pense la majorité des personnes en France, en Bretagne, il faut croire que les Chinois sont plus ouverts qu’ici, c’est un fait. Ils aiment les artistes qui maîtrisent leur art, ils aiment le spectacle, être surpris, ils aiment les virtuoses et l’émotion. Ceci explique donc peut-être pourquoi Inophis les intéresse. De plus ils s’intéressent à moi, ils aiment discuter avec moi, savoir d’où je viens, cela fait que je parle toujours de la Bretagne lors de mes interviews, sur scène lorsque le maître de cérémonie me pose des questions, lors des dîners et autres… cela me permet de leur montrer quelques photos de la Bretagne, et à chaque fois cela leur donne envie d’y aller. Pour tout ceci je pense être un bon ambassadeur de la France et de la Bretagne.
– D’autres projets en Chine, ailleurs dans le monde, en Bretagne ?
En Chine, oui tout à fait, je me suis à ce jour déjà produit dans plus cinquante villes différentes pour plusieurs centaines de scènes ; des conservatoires, des instituts de musique, grandes écoles de musique et autres m’ouvrent leurs portes, cela va d’ailleurs continuer en 2017. Ailleurs dans le monde, l’album « The Cry Of Gaïa » que j’ai écrit et composé pour mon groupe Equinox continue de recevoir un bel accueil aux quatre coins de la planète.
Paradoxalement, le fait d’être le premier et le seul guitariste au monde à faire ce que je fais avec la Chine me ferme toutes les portes ici, en même temps beaucoup de ceux qui me critiquent et me boycottent sont également ceux qui voudraient être à ma place… Ceci expliquant le fait que je sois volontairement non programmé en France, en Bretagne. Alors quand j’entends parler de la Bretagne et de son ouverture, son partage, son métissage et autres… cela me fait légèrement sourire… Certains artistes bretons font de tous ces thèmes une marque de fabrique, mais lorsque vous les rencontrez en vrai ou connecté avec eux, bizarrement le discours n’est pas le même…
C’est la même attitude que vous retrouvez chez beaucoup d’associations (musique et programmateur), chez beaucoup de pôles consacrés aux musiques actuelles qui font leur pub avec « ouvert à tous, tous styles » et autres baratins… alors que dans les faits ce n’est pas du tout ça… On pourrait également parler des « pseudos » challenges de musique… là où les jurés vont choisir leurs potes, où le gagnant est déjà choisi avant le concours… On pourrait aussi parler de ces émissions de radios qui mettent en avant leur goûts perso et leurs amis « zicos » , même en étant en parfaite contradiction avec leur politique initiale sans que cela ne les dérange le moins du monde… Idem pour les magazines, webzines, qui mettent toujours en avant les mêmes têtes, « amis obligent » ou « petits chiens » … Et tous ces festivals si tolérants, enclins à la diversité musicale, découvreur de talents… une belle mascarade…
– Que représente pour vous le Bro Gozh ? Comment décririez- vous votre propre interprétation du Bro Gozh ?
Le Bro Gozh ma Zadoù représente pour moi le lien qui unit tout les vrais amoureux de la Bretagne, les personnes qui aspirent aux grands espaces, à la beauté de la nature et à la liberté, il doit aussi nous permettre de ne jamais oublier hier, afin de mieux vivre aujourd’hui, dans le but de préparer demain.
Je me suis approprié le Bro Gozh ma Zadoù, j’ai rendu hommage à la Bretagne à ma façon, mais de façon sincère et réelle, cela se ressent dans cette version riche en émotions, force, envolée et technique. J’ai pu de cette manière proposer une version de cet hymne et je suis fier que votre site en parle.
J’ai d’ailleurs commencé à éditer les partitions de ma version du Bro Gozh ma Zadoù, ainsi, lorsque j’aurais terminé, les guitaristes qui veulent apprendre ma version, pourront télécharger gratuitement les partitions ainsi que le playback ; afin qu’eux aussi puissent prendre plaisir à jouer cet hymne et par la même occasion qu’ils continuent à le transmettre, à le faire vivre.