Cette mémoire vivante du sport cycliste couvre son 36e Tour de France consécutif comme journaliste télé. Commentateur puis spécialiste des villes, monuments et lieux traversés lors de l'étape du jour, Jean-Paul Ollivier est avant tout un Concarnois, bretonnant qui plus est. Rencontre.
Vos collègues de la télévision mettent souvent en avant votre côté breton.
C'est vrai qu'on me trouve un jour les qualités des Bretons et l'autre leurs défauts. La Bretagne est souvent en toile de fond (rires).
De quel coin venez-vous ?
Je suis né à la ceinture de Concarneau. Le berceau de ma famille est de Trégunc, entre mer et campagne. C'est un bourg où ça parlait breton à fond alors qu'à sept kilomètres de là, à Concarneau, ce n'était pas le cas.
Vous parliez donc breton à la maison ?
Oui. Je parle le breton du Sud-Finistère comme mes parents. Mes grands-mères ne parlaient pas un mot de français.
Avant de devenir un grand spécialiste du cyclisme au point d'être surnommé « Paulo la science » , quelles ont été les grandes étapes de votre parcours ?
J'ai écrit mon premier papier à 17 ans et demi dans le bimensuel Vélo Journal. Puis, je suis entré à L'Aurore comme pigiste. C'est à Djibouti dans une station de l'ORTF que j'ai fait mes débuts au micro lors de mon service militaire. Je suis ensuite venu à Rennes pour présenter le journal régional de Télé Bretagne de 1968 à 1972. Je suis reparti en Somalie pour deux ans avant de travailler à Paris.
Quel est le secret de votre longévité à la télé ?
J'ai toujours écrit et parlé. Le journalisme, c'est une attitude davantage qu'un métier. Tenez, j'adore donner des conférences sur l'histoire du Tour à travers la France. Cela me permet d'avoir un contact fantastique avec le public. J'aime le public et il me le rend bien.
Comment faites-vous pour garder la flamme ?
Je reste amoureux du vélo. J'ai suivi le Tour sur la moto pendant une vingtaine d'années, puis me suis installé à l'arrivée au commentaire. Depuis 2001, j'ai glissé vers la culture. Au cours de cette deuxième carrière, je me livre à un autre exercice autour du patrimoine et des sites. Cette année, j'ai également assuré tous les jours un reportage le « Miroir du Tour » .
Qu'est-ce qui a changé en plus de trois décennies de sport cycliste ?
Le matériel, le revêtement des routes, la condition physique et physiologique des athlètes… Tout a changé, même la tenue des coureurs avec des casques profilés, synonymes d'une meilleure pénétration dans l'air. Le matériel est devenu plus fin et a permis d'améliorer les performances. Tout cela a énormément apporté au sport cycliste. Cela a peut-être été trop vite lorsque aujourd'hui on s'aperçoit que les oreillettes ne sont plus nécessaires dans le peloton.
Quels champions admirez-vous le plus ?
Louison Bobet et Fausto Coppi resteront mes idoles de jeunesse. Ensuite, parmi tous ceux que j'ai côtoyés, Merckx, Anquetil, Hinault étaient des supers grands.
Et Lance Amstrong, quelle histoire étonnante !
Il a vaincu le cancer et gagné sept Tours de France. Quand il est devenu champion du monde à 23 ans et demi, je pensais qu'il gagnerait des classiques mais pas le Tour de France. Il était massif et avait des grosses cuisses. Ça ne pardonnait pas. Lorsqu'il est revenu après son cancer, je me suis dit : « C'est fou, comme la maladie l'a transformé » . Sa physiologie avait complètement changé ; ill avait une structure de grimpeur.
Entre nous, il n'y a peut-être pas que la maladie qui l'a changé ?
Quand on a gagné sept Tours de France ainsi, ce n'est pas avec les produits. Il aimait le vélo, il a travaillé.
Vous avez déjà essayé de creuser le sujet du dopage, j'imagine ?
Bien sûr. Ce genre de questions suscite une opposition systématique. Les gars bottent en touche. Personne ne veut en parler. Pour ma part, je ne me suis jamais trouvé en présence d'un coureur qui se dope, je n'en ai jamais découvert, je ne les ai jamais vu faire. Aucun coureur ne m'a dit « Je me suis chargé » .
Le dopage disparaîtra-t-il un jour du cyclisme ?
Tout est fait pour éradiquer le fléau. Les mailles se resserrent de manière extraordinaire, comme l'an passé où plusieurs cas de dopages à l'EPO de retard ont été détectés après le Tour de France. Il n'y a plus grande place pour le dopage, mais on est toujours sur le qui-vive.