Le Monde nous l'apprend aujourd'hui, Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes et l'un des principaux leaders du Parti socialiste français, est intervenu pour faire enlever la mention de la réunification administrative de la Bretagne dans le rapport du comité « Balladur » sur la réorganisation territoriale de l'Hexagone : « Dès qu'il l'a su, (il) a fait le siège téléphonique de Pierre Mauroy et d'André Vallini, les deux élus socialistes du comité, pour faire en sorte que cette proposition ne figure pas au rapport final » . Suite à cela, poursuit le quotidien, « M. Balladur a préféré expurger du rapport final les exemples précis, qualifiant de bobards les rumeurs qui circulent à leur sujet » .
Jacques Auxiette, le président PS de la région Pays de Loire, a donc eu beau jeu de déclarer dans 20 Minutes aujourd'hui : « C'est normal que (le rapport) n'évoque pas de “rattachement”, il n'était pas prévu l'annonce d'un charcutage régional. On ne peut que regretter la grosse campagne d'intox et le lobbying irresponsable de certaines personnalités à la suite des déclarations de Sarkozy sur Nantes et la Bretagne » . Jacques Auxiette, qui siège à Nantes en voisin de Jean-Marc Ayrault, avait auparavant été rassuré la veille par ce dernier quant à la suppression de toute référence à la réunification administrative de la Bretagne.
Jean-Marc Ayrault s'est toujours prononcé contre la réunification et pour la création ex nihilo d'un « Grand Ouest » qui serait le résultat de la fusion des régions Bretagne administrée, Pays de la Loire et Poitou-Charente. Nantes deviendrait alors un mini-Paris au centre géographique de cet ensemble. Daniel Delaveau, maire PS de Rennes, s'est lui aussi prononcé contre la réunification et pour un Grand Ouest mais dont le territoire serait Bretagne administrée, Pays de la Loire et Basse-Normandie, faisant de Rennes un mini-Paris avec Rennes au centre. Chacun d'entre eux a donc son ambition territoriale propre. A l'origine, le « Grand Ouest » est un concept inventé par la DATAR dans les années 1970.
Édouard Balladur et plusieurs membres du comité avaient affirmé, ces derniers jours, leur intention de proposer la réunification. Cette dernière ne figurera donc finalement pas dans le rapport remis au gouvernement, coupant l'herbe sous le pied de la plupart des élus bretons. En effet, de nombreuses collectivités locales, toutes tendances confondues : communes, communautés de communes, le Conseil régional de « Bretagne » , le Conseil général de Loire-Atlantique, avaient émis et continuent à émettre ces derniers temps des vœux pour la réunification administrative, à chaque fois à la quasi-unanimité. Jean-Yves Le Drian avait participé à la FestiManif qui avaient rassemblé 10.000 personnes dans les rues de Nantes le 20 septembre dernier pour la réunification. Le président PS de la Bretagne administrée a aussi rencontré il y a deux semaines Édouard Balladur. Depuis, il n'est pas intervenu.
Patrick Mareschal, le président PS du Conseil général de Loire-Atlantique, a donné récemment des interviews aux magazines Bretons et ArMen où il réaffirme le caractère démocratique et populaire de cette réforme. De nombreux autres élus se sont prononcés pour la réunification. 12 députés de la Bretagne, toutes tendances confondues là encore, ont même lancé un appel en ce sens, par exemple François de Rugy, député Verts de Loire-Atlantique. Ouest France a cependant largement donné la parole aux opposants politiques à la réunification.
Parmi les autres partis, l'UMP se déclare pour la réunification, suivant en cela les déclarations de Nicolas Sarkozy devant l'assemblée des maires de France à Paris le 27 novembre dernier. Le Parti Breton, qui est également favorable à la réunification a, quant à lui, récemment demandé au Parti Socialiste de « respecter le processus démocratique de la réunification de la Bretagne » .