Cliquer sur les photos pour les voir mieux. Deux oeuvres d'art du XXe siècle représentant Anne de Bretagne : petit patrimoine mais grande histoire. Deux énigmes du XXe à résoudre à Nantes.
Nous ne disons pas que ces deux oeuvres d'artistes liées à Anne de Bretagne ont disparu, ni qu'elles sont introuvables, mais qu'il va juste falloir les chercher, pour avoir des chances de les retrouver (une lapalissade, nous le savons !) !
Aucune d'elle n'a fait d'apparition publique lors de l'année du 500e anniversaire de la mort d'Anne de Bretagne (2014), pourtant annoncé et fêté à profusion à Nantes, ou alors cela se serait su et vu...
Nous avons quelques preuves irréfutables de leur existence (photos), mais nous ne pouvons pas aller visiter toutes les salles, fouiller tous les placards et toutes les réserves de la Mairie et de l'Hôtel du Département. Peut-être même aussi du château, des Archives départementales et municipales...
Nous comptons donc sur l'aide des lecteurs, sur le personnel des établissements nommés supra et sur les Journées du Patrimoine qui tombent à point, pour poser des questions.
1) La tapisserie d'une lissière de Couëron, Anne de Quatrebarbes, datée de 1988 (ph. 1-3).
2) Un portrait d'Anne de Bretagne, tableau du peintre australien Sidney Rice, donné à la mairie en 1993 (ph. 4).
La découverte de leur existence est un double fruit du hasard, et vaut d'être contée !
- Pour la première oeuvre, de 1988, donc chronologiquement la première, mais deuxième découverte, c'est tout récent :
Cherchant dans nos photos celles qui pourraient affirmer "Châteaubriant en Bretagne", comme le drapeau breton sur le parvis de la mairie, pour ajouter à ( voir notre article ) intitulé La Foire de Béré à Châteaubriant et la Bretagne, nous tombons sur celle de la tapisserie que nous avions photographiée à l'inauguration de l'exposition sur les Marches de Bretagne qui s'est tenue au château (24 juin 2009 - 3 octobre 2010) ( voir notre article )
Copie de la deuxième partie du cartel (ph. 2) :
La tapisserie a été commandée en 1988 par le Conseil général de Loire-Atlantique à Anne de Quatrebarbes, lissière à Couëron et, hormis son accrochage à Châteaubriant dans le cadre de l'exposition "Marches de Bretagne, les frontières de l'histoire", elle orne l'une des salles de réunions de l'Hôtel du Département à Nantes.
"Anne de Bretagne remettant son coeur à la ville de Nantes", Anne de Quatrebarbes, 1988, propriété du Conseil général de Loire-Atlantique, Nantes.
- Pour la deuxième oeuvre c'est lors d'une longue panne d'internet, en 2014, que nous avons feuilleté toutes nos revues papier, à la recherche d'informations sur Anne de Bretagne d'avant l'existence d'internet.
Et, dans la revue des Bretons de Paris, Breizh e Pariz n° 42, mars 1993, p.13, cet article (ph. 4) dont nous copions ici des extraits de la suite (règles de copyright) : "…préfigure la femme moderne, instruite et responsable.(...) En commémoration, ce lundi 25 janvier, M. Marcel Bellaud, maire de Lassay-les-Châteaux, en Mayenne, où l'artiste a des attaches, accompagné de Mme Édith Beck, son agent, a remis officiellement le tableau à la Ville de Nantes. La cérémonie de donation était présidée par M. Yannick Guin, adjoint à la culture, représentant le député-maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, en présence de M. Daniel Samson, conservateur des musées du château des ducs de Bretagne".
Notons que ce tableau, très probablement réalisé en Australie, est passé par la Mayenne avant de venir en Bretagne !
À la suite de ces découvertes, nous avons lancé l'enquête par courriels auprès de quelques personnes susceptibles de faire des recherches sur place, mais des réponses tardent à venir, et nous le comprenons, chacun étant sûrement débordé dans sa ou ses branches de militantisme breton.
1) En ce qui concerne le tableau donné à la mairie, nous avions visité un jour la salle des regalia ou mieux, la salle des cadeaux, hommages à la Ville de Nantes avec les vitrines d'écussons et de médailles, des drapeaux, un plat en faïence portant le blason de l'Île de Sein avec ses trois décorations : la Résistance, la Croix de la Libération, la Croix de Guerre 1939/1945 et sa devise en breton. Comme Nantes elle est commune Compagnon de la Libération (1941), ceci expliquant le plat de faïence, et le coussin dans une vitrine.
Mais nous n'y avons pas vu le tableau d'Anne de Bretagne, que nous n'aurions pas manqué de prendre en photo...
La présence du conservateur du château lors de la donation nous fait penser qu'il se trouverait peut-être au château ? Mais dans ce cas, il aurait été visible dans l'exposition "Anne de Bretagne, une histoire, un mythe" de 2007, or aucune notice n'y fait référence dans le catalogue : 230 notices, p. 156-197. Il n'a donc pas été exposé.
- Qui est Sidney Rice ?
Nous n'avons rien trouvé sur lui, sauf un joueur de foot homonyme, et s'il y avait une faute et que son nom soit Ryce, pas plus de réponses.
2) En ce qui concerne la tapisserie de 1988.
Commandée donc sous la présidence de Charles Cossé Brissac au Conseil général de Loire-Atlantique (de 1976 à 1994).
Pourquoi en 1988 ? En vue de quel anniversaire concernant Anne ? Nous n'avons pas de réponse à ces questions en fait secondaires, uniquement des suppositions : les 500 ans de Saint-Aubin du Cormier ? Les 490 ans de son mariage avec Charles VIII, rien n'est satisfaisant...
- Qui est Anne de Quatrebarbes ?
La Famille de Quatrebarbes est d'une ancienne chevalerie angevine, originaire du Poitou...
Nous ne trouvons rien sur elle sauf qu'elle a été formée par Jean Lurçat : source http://www.patrimoines-du-vouvantais.fr/assets/kak%C3%A9monos---expo-de-la-pinti%C3%A8re-.pdf pour le chapitre V du pdf sur Maurice de La Pintière. Le peintre cartonnier, cette phrase "Il admire Picart Le Doux et Jean Lurçat et rencontre Anne de Quatrebarbes (lancée par Lurçat) qui tissera la plupart de ses tapisseries".
Des ventes aux enchères de Drout ou autres, de tapisseries de Jean Lurçat signalent qu'elles ont été "tissées dans les ateliers d'Anne de Quatrebarbes", sans plus de détails, comme : http://catalogue.drouot.com/ref-drouot/lot-ventes-aux-encheres-drouot.jsp?id=1755528 : le Papillon Bahia ou http://catalogue.gazette-drouot.com/ref/lot-ventes-aux-encheres.jsp?id=334931 : Chine noire.
Mais Anne de Quatrebarbes ne tissera pas la plupart des tapisseries de Lurçat, loin de là. De nombreux ateliers autres sont signalés.
Ou encore ceci, une tapisserie de Jean Carton, sculpteur et dessinateur (1912-1988) notée Atelier d'Anne de Quatrebarbes et qui donne une date : 1957 : http://www.arcadja.com/auctions/fr/atelier_d_anne_de_quatrebarbes/artwork/promo/6652582/1450532629/ , attestant donc d'un atelier ancien.
- Dans quelle salle de réunion serait-elle ?
Elle n'est pas dans la salle où nous avons déjeuné le 16 septembre 2011, ni dans celle où Patrick Porte - le conservateur éphémère du musée Dobrée - a été présenté, le 8 mars 2012.
Pas plus que le tableau, elle n'a été exposée en 2007 au château des ducs de Bretagne dans "Anne de Bretagne, une histoire, un mythe".
- Pour la tapisserie :
L'Hôtel du Département ;
La mairie de Couëron ? Ou peut-être mieux les dossiers des Archives départementales.
- Pour le tableau :
La mairie de Nantes ;
Le château des ducs de Bretagne ;
Les Archives municipales (articles de presse dépouillés).
Que ces oeuvres mettant en valeur Anne de Bretagne - si importante à Nantes - soient visibles dans des lieux publics, ce qui aurait dû déjà se faire en 2014, et que nous aurions demandé, si nous avions découvert leur existence plus tôt et rapidement éclairci ces mystères...