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- Chronique -
Un premier album, en duo, pour Dylan et Mike James - « Dyma »
Un premier album, en duo, pour Dylan et Mike James- « Dyma »
Par Gérard SIMON pour Culture et celtie le 22/10/24 11:08
Dylan et Mike JAMES "Sorry the Day I was Married" CD Dyma - Dylan et Mike JAMES

Au fil d’un régulier cours de nombreux concerts, mais après plus de 10 ans de silence discographique, un nouvel enregistrement, tout récemment, réalisé, concocté, peaufiné, vient de paraître !

A l'écoute de celui-ci, vous allez vivre une savoureuse, intime, picturale et mémorielle ballade en terres celtes, puisqu’empruntant les chemins de la culture musicale ancienne ou traditionnelle des Iles britanniques, jusqu’en Bretagne, via le Pays de Galles…

Jaquette du CD Dyma de Dylan et Mike JAMES

Dans ce contexte géographique et « interceltique », quoi de plus naturel que de retrouver le remarquable accordéoniste et chanteur Mike JAMES, breton d'origines galloise et londonienne, qui avait, déjà, particulièrement retenu notre attention, et nous n’en doutons pas, la vôtre, alors que nous lui consacrions, en septembre 2008, ce qui n’était alors, que notre deuxième chronique publiée sur nos pages en ligne. Un rédactionnel numérique, depuis toujours, en place sur notre site. (Voir chronique) .

Souvenez-vous, pour les plus fidèles, d’entre vous : « Maes Iago »… Un très bel et riche enregistrement de, pas moins, de 15 titres, distribué par Coop Breizh, suivant, parus sous le même label, en octobre 2004, « Musiques à danser de Haute Bretagne », conjointement signé de Mike JAMES et Yves LE BLANC ( 1) et précédant, en novembre 2009, la publication d’un disque d’accordéon diatonique titré : « Musiques de Celtie et d'Ailleurs », volume appartenant à une collection consacrée aux instruments de la musique celtique.

C’est donc, avec grande surprise et très vif plaisir que nous avons reçu, directement de la part de l’artiste breton d’adoption et résident depuis les années 80, ce tout nouvel opus.

Un CD, certes, de Mike JAMES… mais, pour la première fois, créé, interprété, vécu, à part égale, en duo, avec son fils, morbihannais de naissance… Dylan JAMES !

C’est ainsi que nous retrouvons :

- Mike JAMES, au chant et l'accordéon diatonique.

- Dylan JAMES, à la contrebasse préparée ( 2), au chant et à l’harmonica.

Nous avions, déjà, cité cet instrumentiste de grand talent, puisque, pour « Maes Iago », à la guitare basse, tout comme Olivier TOSTIVINT, pour sa part, à la trompette, Dylan figurait, en participation, aux côtés des musiciens amis de Mike, membres des groupes « Twm Twp », « Billy Moon » et « Hiraez » qui, selon les morceaux, assuraient, chant, piano, saxo, flûtes, violon, guitare et uillean, pipes…

Eu égard à ce premier et intégral partage artistique paternel et filial, l’intitulé signataire du présent Compact-Disc est, sans ambigüité : Dylan et Mike JAMES !

Produit sous le label La Compagnie des Possibles, Dylan et Mike JAMES nous proposent, donc, « DYMA ».

Nous aurions du dire et écrire… VOICI « DYMA », pour être au plus près, de ce titre, a priori énigmatique, mais se révélant être la version, en langue galloise, de la préposition française qui désigne, tout en invitant, subrepticement, à découvrir…

Présenté sous le triptyque d’une jaquette réalisée en noir et blanc, aussi sobre qu’esthétique et racée, grâce aux photos de Rebecca JAMES et aux graphismes de Corentin PERRICHOT, le CD « DYMA » étiqueté d’une tête de chouette, selon certaines notes, rapace nocturne fétiche de Gwyn JAMES, nous offre 10 titres et tout près de 55 minutes d’un voyage dans l’intime d’un parcours artistique, depuis des années, largement partagé.

Le programme propose 10 pièces, dont une suivie d’un instrumental venu de Caroline du Nord, soit 8 mélodies excellemment chantées en solo, parfois en quasi a cappella, en duo, ou, pour l’une d’entre elles, émotionnellement illustrée par un document vocal maternel de Gwyn JAMES, enregistré, sur cassette, dans les années 80, lors d’une soirée d’hiver au coin du feu, dans une ferme des collines galloises.

A 8 pièces chantées, viennent s’adjoindre, ponctuellement, deux intégraux instrumentaux.

L’un d’eux, « Marwnhad yr Heliwr », en piste 3, est, originellement, un air de cornemuse galloise du 17ème siècle, joué, ici, en duo accordéon diatonique/harmonica.

L’autre, « Ridées », figurant en piste 7, est composé par Dylan, en hommage à l’inlassable et passionné parcours musical breton paternel. C’est une pièce instrumentale « colorée » de Haute Bretagne, élaborée entre création originale et séquentiels courts emprunts traditionnels.

« Un vrai exemple de la tradition orale, entre un air imaginé et des bouts de thèmes existants… une ridée six temps ou « à deux coups », avec des métriques qui varient, typique des terres morbihannaises d’'où je suis originaire : de la « musique à un temps », comme on aime à dire », précise, à ce sujet, Dylan, dans le livret joint au Compact-Disc.

L’instant est venu de saluer la présence de ce précieux livret d’une douzaine de pages, qui, en version bilingue anglais/français, illustré des clichés en noir et blanc griffés de Rebecca JAMES, Xantal BICHON-JAMES et Roy JAMES, délivre de très intéressants et pédagogiques commentaires sur l’origine et la teneur des pièces musicales ou chantées, ainsi que la notation de l’intégralité des paroles.

Au fil de l’écoute de « DYMA », vous découvriez des morceaux ancrées, principalement, en Pays de Galles et Bretagne, avec quelques incursions à l'extrémité sud-ouest de l'Angleterre, en comté de Cornouailles.

Tous sont attractifs, attachants émouvants et, pour notre part, nous avons particulièrement, apprécié :

L’étonnante interprétation instrumentale de « The Three Knights » qui ouvre le programme avec sa rythmique très contemporaine, très prospective, presque expérimentale, de contrebasse obsédante incisée, périodiquement, de lignes acides ou syncopées d’harmonica. La pièce devient transe et, en contrepoint, le très limpide, chaud, nuancé chant de James nous fait complètement oublier la récurrence mélodique qui s’étire, quand même, sur plus de cinq minutes.

« Cette chanson m’a fait découvrir la fascination des « Big Ballads » (les complaintes « millénaires » à multiples versets), quand je l’ai entendue interprétée par Cyril TAWNEY (1950 - 2005).

Une version cornouaillaise de la Child Ballad « Le frère cruel », son approche ritualisée représente un « crime d’honneur », car le frère d’une future mariée n’a pas été consulté clans le choix du mari, et tue sa sœur par vengeance...

La structure du chant rappelle un peu le chant à répondre de mon Pays gallo […/…] », précise James.

- 6e titre du programme, la piste la plus étendue du disque puisqu’un instrumental succède à la pièce chantée, « The Bonny Bunch of Rose (Le Beau Bouquet de Roses) » a, aussi, interpellé notre oreille.

C’est un choix d’enregistrement entièrement partagé par Mike et Dylan, puisque cette chanson a été interprétée par un chanteur traditionnel gallois anglophone, Phil TANNER (1862-1950), auquel, tous deux, vouent, une réelle admiration.

Ses chansons étaient toutes chantées en anglais, utilisant le dialecte de la presqu’île de Gower, car le Gower de sa jeunesse était encore culturellement distinct du reste du Pays de Galles.

Dans le livret, James et Dylan nous précisent à propos de ce titre :

[…/…] « Il chantait cette chanson (enregistrée pour la BBC, en 1949) presque nostalgique de l’aventure napoléonienne, mais la chanson nous rappelle, aussi, les dangers de l’obsession du pouvoir et la tendance de l’histoire à se répéter » […/…].

Voie gauche, l’accordéon de Mike. Voie droite, l’harmonica de Dylan. Après une longue introduction instrumentale de la mélodie qui atteint presque la minute, au centre de l’espace sonore, s’élève, alors, le tonique chant de Mike. Au 3ème couplet la contrebasse de Dylan entre en scène, portant la voix de Dylan qui semble, tout en poursuivant la narration musicale et textuelle, répondre au chant paternel.

Puis, comme pour pleinement cautionner ce choix, le duo vocal final s’installe, avant un attrayant pont accordéon/harmonica suivi de l’envoi chanté final du dernier couplet.

Un très séduisant « balancement mélodique » qui laisse, après écoute dans notre tête et par notre intime et incessant fredonnement, des traces indélébiles pour la journée.

Une version de « The Bonny Bunch of Rose » a été enregistrée, en 1970, sur son album Full House -Bonus Track Edition, par le groupe britannique de folk rock, FAIRPORT CONVENTION (formation, notamment, participante à la trilogie « Excalibur », de l’auteur-compositeur, romancier et réalisateur breton, puisque nantais, Alan SIMON).

- En piste 8, nous savourons « Y'a bien un mois ou cinq semaines », le seul air du disque chanté en français, en hommage Eugénie ALLOYER (1922-2013), chanteuse de grande notoriété en Pays de Ploërmel.

Si, comme précisé sur la page du livret dédiée à cette chanson traditionnelle bretonne, vous pourrez écouter l’original de ce titre sur le CD Dastum « Pays de Ploërmel - chanteurs, sonneurs et conteurs traditionnels », vous en découvrirez, immédiatement, en ligne, tiré, précisément de cet enregistrement précité, un très court extrait sur la page personnelle Tamm Kreiz d’Eugénie ALLOYER (voir page) .

Sur la rythmique de la contrebasse de Dylan qui « frise le boléro », en puissance et nuances, également résident de Ploërmel, donc en pleine connaissance du fond traditionnel local, James nous en livre, ici, une puissante version toute en pleins et déliés vocaux.

[…/…]

Les filles sont comma les roses

Quand elles sont sur le rosier

Quand elles sont sur le rosier

Tout le monde les regarde

Mais une fois la fleur fanée

Adieu la rose du rosier.

Les garçons sont comme la lune

Comme la lune au mauvais temps

Ils sont sujets au changement

Au changement comme la lune

Ils sont sujets au changement

Comma la lune au mauvais temps.

Soutenu et enjolivé par l’archet de Dylan, le dernier couplet est chanté en duo et, parfois même, en décalage rythmique.

Des instants où nous entendons, toutefois, une belle voix féminine rejoindre celle de James.

Non précisé sur les notifications qui accompagnent l’opus, nous ne pouvons vous citer le nom de l’intervenante.

« J’aime la poésie du chant et la force de la femme qui y figure », commente James dans le livret.

Nous, aussi !

Avec grand soin et belle mise en place dans l’espace sonore stéréophonique, enregistré, mixé et masterisé, entre octobre 2022 et juillet 2024, par Olivier RENET, au studio La Barrique de Peillac (56), nous avons beaucoup aimé cet album « DYMA ». Celui-ci s’inscrit dans un interceltisme élargi en y privilégiant le lien qui, un peu plus, notamment chaque été, se fortifie, lors du grand rassemblement de Lorient, entre le Pays de Galles et la Bretagne.

Le côté intime se ressent à l’audition, d’autant que tout a été « joué en direct et sans boucles ou rajouts », comme, au dos de la jaquette, le précisent les deux musiciens.

A la façon d’un album de photos familiales, « DYMA » est un très beau et authentique recueil d’airs et de chants qui ont accompagné, tout au long de leur vie, les deux artistes.

Au fil des ans, et avec réciprocité, les deux « passeurs » en sont venus à partager ces vitaux et existentiels bijoux.

Un bel exemple de transmission bilatérale qui engendre, également, la pérennité intergénérationnelle d’œuvres patrimoniales.

Loin des sons trop souvent formatés, stéréotypés et opportunistes de notre époque, vous recherchez le viscéral, l’authentique, la saveur des racines, la qualité expressive, procurez-vous, au plus vite, « DYMA » de Dylan et Mike JAMES, largement diffusé en magasins ou sur leurs sites marchands, par les grands distributeurs culturels nationaux et, bien sûr, par La Compagnie des Possibles ( Voir page du site où vous pouvez commander) .

« DYMA » de Dylan et Mike JAMES est un album qui, comme un bon whisky qu'avec modération, bien évidemment, l’on déguste au coin du feu, a « du corps » et de la saveur que l'on peut, très largement apprécier... a contrario, sans modération !

Gérard SIMON

( 1) On trouve 3 albums de Mike JAMES et Yves LE BLANC : « Musiques à danser de Haute Bretagne », « Musiques à danser en Bretagne - vol. 2 » et « Musiques à danser en Bretagne - vol. 3 ». sur le site Kerig.fr. (Voir la page)

( 2) Ajustage du chevalet, du sillet et des boyaux pour personnaliser le son de la contrebasse.

____________________

Illustration sonore de la page : Dylan et Mike JAMES

"Sorry the Day I was Married" (proche d'une slipjig irlandaise) - Extrait de 01:00.

Page Tamm Kreiz de Dylan et Mike JAMES (Voir page)

D'autres extraits sonores sur Culture et celtie, l'e-MAGazine (Voir site)

Les titres du CD "Dyma" :

01. The Three Knights - 07:00.

02. The Yellow Bittern - 05:12.

03. Marwnhad yr Heliwr - 02:42.

04. The Rocks of Bawn - 07:27.

05. Freeborn Man of the Travelling People - 04:26.

06. The Bonny Bunch of Roses - 09:24.

07. Ridées - 02:13.

08. Y'a bien un mois ou cinq semaines - 08:28.

09. Sorry the Day I was Married - 02:32.

10. The Galway Shawl - 05:14.

CD Dylan et Mike JAMES - "Dyma".

Parution : 04 octobre 2024.

Production : La Compagnie des Possibles (Voir site) .

Distribution : InOuie Distribution (voir site) .

Réf : CP0013.

© Culture et Celtie

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