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- Lettre ouverte -
Grève de la faim de Yannig Baron : nous avons le devoir d'agir maintenant
Lettre ouverte à Mgr Clément Guillon, évêque de Quimper et du Léon: La grève de la faim entamée le 19 avril par notre ami Yannig Baron m'interpelle sur une situation que je trouve très préoccupante : l'enseignement du et en breton dans les écoles privées catholiques. Du breton, il en faut partout, pour répondre à la demande des parents qui souhaitent pour leurs enfants le bilinguisme, idée moderne dans l'Europe des nations que nous sommes en train de construire.
Par Claude Nadeau pour Claude Nadeau le 30/04/06 10:45

Lettre ouverte à Mgr Clément Guillon, évêque de Quimper et du Léon

Monseigneur Guillon,

C'est en tant que catholique engagée que je vous adresse cette lettre. Je suis organiste en paroisse, et je travaille activement pour le renouveau musical de la liturgie, notamment de la liturgie en langue bretonne. Je suis en outre bretonnante, et fondatrice de l'école Diwan de Paris. Mais c'est à titre absolument personnel que je vous adresse ces quelques mots.

La grève de la faim entamée le 19 avril par notre ami Yannig Baron m'interpelle sur une situation que je trouve très préoccupante : l'enseignement du et en breton dans les écoles privées catholiques. Du breton, il en faut partout, pour répondre à la demande des parents qui souhaitent pour leurs enfants le bilinguisme, idée moderne dans l'Europe des nations que nous sommes en train de construire.

Il en faut d'autant plus dans l'enseignement catholique, attaché à nos traditions, si riches en Bretagne. Les saints fondateurs de Bretagne n'ont-ils pas épousé la langue et la culture d'Armorique pour y essaimer leur foi, comme l'avaient fait avant eux les saints irlandais et gallois? Que serait le diocèse de Quimper sans la cathédrale Saint Corentin (et sans son tableau du Père Maunoir "recevant miraculeusement le don de la langue bretonne"!), sans le Tro-Breizh, sans la Troménie de Locronan, sans les Pardons, sans nos si beaux cantiques bretons? Que serait la foi en Bretagne si elle ne s'appuyait pas sur la culture et la langue qui façonnent l'âme de ce peuple?

Je suis née au Québec, et je suis dans ma famille la 5e génération de musiciens d'église. Si le Québec n'avait pas eu ses prêtres pour soutenir la langue et la culture française, il n'y aurait plus personne aujourd'hui pour parler français au Québec. Et si un jour la langue française devait venir à disparaître, il n'y aurait plus de place non plus pour l'église catholique. Ce n'est pas une opinion, c'est juste un fait historique.

En répondant à Yannig Baron avec les mêmes arguments que ceux que lui opposent l'Etat français, vous obéissez au pouvoir civil en mettant sous le boisseau l'attitude que devrait vous dicter votre foi, en tant que représentant de l'Église en Finistère. Et si vous ne voyez pas ce que je veux dire par "l'attitude que devrait vous dicter votre foi", je ne saurais trop vous recommander à ce sujet la lecture ou la relecture de la lettre épiscopale de Mgr Gourvès, qui a été saluée par de nombreux évêques autour du monde ! le texte : (voir le site)

Je vous demande donc instamment, par la présente, d'accorder plus d'importance et de moyens à l'enseignement catholique en breton dans votre diocèse. Je vous demande un geste concret et rapide, en réponse à l'action de Yannig Baron qui n'hésite pas à mettre sa vie en danger pour une cause qui est juste. Mais ne donne-t-on pas volontiers sa vie pour ceux qu'on aime?

Il ne suffit pas de mettre votre imprimatur dans des publications, superbes au demeurant, qui visent à diffuser les textes liturgiques en breton et à célébrer les saints bretons dans les deux langues : il est primordial de transmettre cet héritage aux enfants dont les parents ont fait le choix d'une éducation catholique bilingue. C'est notre devoir de chrétiens d'accorder à cet enseignement toute la place qui lui est due. Certes cela ne représente qu'une petite proportion de tout ce qui se fait actuellement dans l'enseignement catholique en Bretagne. Mais prendrions-nous le risque de nous voir demander un jour "qu'avez-vous fait pour le plus petit d'entre vous?"

Je sais que c'est vous qui avez porté à Rome le projet d'un Leor Overenn e brezhoneg, qui est mon compagnon presque quotidien. Je prie les "sept fois mille - sept fois cent - sept fois dix - et sept saints bretons" (ça en fait un paquet... attention, ils parlent tous breton !), afin que la lumière pascale vous inspire le courage, qui devrait être la première qualité de tout chrétien, d'associer plus intimement encore la langue bretonne à notre foi, et de poser un geste concret en faveur de Dihun.

En union de prière,

Claude Nadeau

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Claude Nadeau est musicienne, spécialisée en musique ancienne et en musique bretonne.
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