« Méditation Celtique » : aux portes de la perception (1).
Le temps s'arrête enfin ! Dès que jaillissent les mélodies de « Méditation celtique » , les trois musiciens, d'univers très différents, nous font entrer en communion avec un florilège de mélodies traditionnelles bien connues.
Pourquoi méditer ? pour mirer l'invisible, orienter l'indicible, encenser l'inconnu. Cela semble être les maîtres mots qui nous conduisent sur les pas de ces « mages » .
De leurs instruments charmeurs qui résonnent comme des petites voix intérieures, il s'agit bien ici, d'une quête pour atteindre, comme le chantait Brel… l'inaccessible étoile !
A l'heure où la pratique du zen et autres méthodes de relaxation foisonnent, la musique celtique n'est pas en reste. Myrdhin (harpe celtique), Cheick Tidiane Dia (Kora) et Philippe Launay (flûte) nous ouvrent les portes de leurs perceptions. Perceptions qui, d'ailleurs, nous rappellent, en un certain sens, les fabuleux « Reflets » d'Alan Stivell, dans son célèbre album de 1970. Ce divin opus nous plonge, tout droit, dans un Eden de romantisme et de contemplation. Si les Celtes ont leurs propres paradis, le « Sid » pour les païens, « Avalon » pour les chrétiens, l'osmose de ces deux mondes est totale. Alors, à gorge déployée, ils entonnent la symphonie d'un autre monde, pour accéder au nirvana.
Dès les premières notes, une flûte enchanteresse, d'une surprenante douceur, charme nos oreilles. Instantanément, nous sommes envoûtés par une envolée instrumentale. Puis la kora africaine nous entraîne dans une lointaine pérégrination, vers un jardin de sonorités ensoleillées. Cette oasis de plénitude créée un pont vers un désert salé traversé par « Tri Martolod » . La combinaison de la kora et de la harpe donne une couleur universelle rarement entendue dans un album de musique celtique.
Dans « La complainte de Penmarc'h » , la harpe celtique est prépondérante. Si cela semble assez classique sur la forme, la kora, en s'immisçant avec sobriété, enrichit les sonorités avec doigté. « Londonderry » (ou « Derry Air » ) est sans doute une des plus belles mélodies du répertoire traditionnel irlandais. L'interprétation à la flûte de Philippe Launay est, à proprement parlé, sublime. Elle est soutenue par le duo de cordes qui lui donne une teinte chaude et nonchalante.
Le harpiste Myrdhin apparaît en soliste dans « Emersion » et dans « Fluences » . Ce sont d'ailleurs deux titres de sa composition qui montrent l'étendue de son talent et des sonorités qui lui sont propres. Puis ce trio de « mages-musiciens » vient nous bercer dans l'harmonie de Noël avec le cantique breton « Pe trouz war an douar » . Naît alors, dans les brumes de l'Irlande rebelle une très belle reprise de « Foggy Dew » par le son cristallin de la harpe celtique et par la fulgurance d'une flûte aux sonorités typiquement irlandaises. « Ar peoc'h zo ganit » déploie ses couleurs orientales. Cheick Tidiane Dia et Philippe Launay, ici en duo, nous invitent à la rencontre de la paix et de la sérénité. Ce titre rappelle le très bel album « Beo » de Jean-Michel Veillon accompagné d'Yvon Riou. Que dire, aussi, de « Greenleeves » ? Cette mélodie merveilleusement interprétée par ce duo harpe/flûte, incarne, à elle seule, un morceau d'éternité.
De nouveau, un cantique, issu du Barzaz Breizh « L'héritière de Kéroulaz » est un peu plus lent et sombre, mais néanmoins délicieux. S'enchaîne ensuite un « Hanter dro » dont l'air bien connu relève la dynamique de l'album. « Dalc'h soñj » est une composition de Cheick Tidiane Dia. Pour ce titre, la kora, cette « harpe africaine » , diffuse, avec volupté, sa belle palette de couleurs exotiques.
Pour précéder la touche finale de l'album, l'interprétation profonde et sensible d' «Ar Baradoz » magnifie avec beaucoup d'originalité la célèbre mélodie funèbre de Bretagne. Pour conclure majestueusement, « Amazing Grace » semblait incontournable. Cet hymne à la Celtie qui n'en finira jamais de nous faire vibrer, concentre toute la sensibilité de ces trois compères pour un superbe instant de grâce.
« Méditation Celtique » est une anthologie de mélodies celtiques des plus sublimes. recueillies par ces musiciens nomades, elles incarnent une ode à la détente, au bien-être et à l'évasion. Rien de mieux pour se ressourcer, dès les pâles rayons de l'aurore au vermeille du couchant. Apaisant à souhait, vous ne vous lasserez sans doute pas d'écouter ce disque. Il se pourrait, même, que vous en fassiez votre « album de chevet » .
Xavier DANIEL
(1) Les portes de la perception : Ouvrage d'Aldous Huxley évoquant le besoin de transcendance de l'être humain. Ce titre a, notamment, inspiré Jim Morrison dans le choix du nom du groupe « The Doors » . « Les Portes de la perception » sont, à l'origine, issues d'une citation du poète William Blake dans « Le Mariage du Ciel et de l'Enfer » : « Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l'homme telle qu'elle est, infinie» .
CD "Méditation Celtique"
01 - Tri martolod
02 - La complainte de Penmarch
03 - Londonderry
04 - Emersion
05 - Pe trouz war an douar
06 - The foggy dew
07 - Ar peoc'h zo ganit
08 - Fluences
09 - Greensleeves
10 - L'heritiere de Keroulaz
11 - Hanter dro
12 - Dalc'h Sonj
13 - Ar Baradoz
14 - Amazing Grace
CD "Méditation Celtique"- MYRDHIN, Philippe LAUNAY et Cheick TIDIANE DIA
Parution : octobre 2014
Edité chez : ADF-Bayard Muisque - (voir le site)
Illustration sonore de la page : Tri martolod (Extrait) - MYRDHIN, Philippe LAUNAY et Cheick TIDIANE DIA.
D'autres extraits sur Culture.celtie, le MAGazine... (voir le site)
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