Je serai, une fois encore, une fois de plus, à Nantes le 28 juin. Pour une manifestation que j’espère joyeuse et souriante, tant il s’agit de convaincre, d’'entraîner. En un mot, de donner envie. Pour faire vivre le « plaisir de Bretagne » ! D’'une Bretagne forte et solidaire, riche de cinq départements.
L’'enjeu essentiel est de définir des périmètres efficaces en terme de développement et stimulants en terme de vitalité démocratique. Car il nous faut répondre à deux problèmes majeurs : chômage et manque de perspectives économiques, désenchantement démocratique, abstention de masse et populisme ambiant.
Or, ces deux éléments se rejoignent, car on ne bâtit plus l’'avenir en faisant fi de l’'attente et de la participation des citoyens.
La Bretagne à cinq départements répond à ces deux exigences. La force des trois métropoles connectées à l’'ensemble du tissu urbain breton, les complémentarités maritimes et portuaires, les différents maillages de la recherche, publique ou privée, et surtout, le sentiment d'’appartenance, levier primordial aujourd’hui de tout projet de développement global de nos territoires, autant d’'éléments essentiels qui permettent d’'envisager une Bretagne plus prospère.
La Loire-Atlantique y gagnera, car elle s’'unira à un ensemble cohérent, connu en France et en Europe, bénéficiant d’'une belle image et d’'un fort pouvoir d’'attractivité.
Les 4 départements de l’'actuelle Région Bretagne y gagneront, grâce à la force de Nantes-Saint-Nazaire et à l’'apport de la Loire-Atlantique.
Rennes y gagnera, grâce aux complémentarités actives, accrues, avec Nantes. L’'ensemble Rennes-Nantes sera un moteur essentiel pour l’'avenir de toute la Bretagne.
Brest y gagnera, car l’'axe Nantes-Saint-Nazaire-Brest, en passant par Lorient, donnera une forte impulsion aux projets maritimes et portuaires. Cette Bretagne là sera une véritable puissance maritime européenne.
La Basse-Bretagne dans son ensemble y gagnera dès lors que des politiques d’'équité territoriale très ambitieuses seront mises en place. La notoriété globale de la Bretagne, repérée à l’'échelle de l’'Europe, bénéficiera, évidemment, à l’'ensemble de la péninsule.
Et ce sera d’'autant plus profitable aux Bretons que les collectivités publiques auront réalisé leurs mues et construit ensemble l’'Assemblée de Bretagne. Prenant la place des conseils généraux et du conseil régional, cette Assemblée de Bretagne, simple et lisible, pourra efficacement mettre en oeuvre les compétences et les moyens nouveaux envisagés dans le cadre des lois de décentralisation à venir.
J’'entends les tenants bretons d’un Grand Ouest justifier leurs choix en insistant sur les solidarités existantes avec les métropoles voisines et avec des réseaux économiques organisés à ces échelles plus larges. Ils ont raison, évidemment. Mais ces solidarités et ces réseaux existent aujourd’hui, alors que les régions ont peu de poids et qu’elles sont administrativement distinctes. Pourquoi n'existeraient-ils plus demain ? Mieux, la force nouvelle des régions en matière économique pourra permettre de les renforcer. Définir des limites n’'est pas ériger des frontières infranchissables. La Bretagne à cinq départements pourra tisser les liens étroits avec les régions voisines, avec Paris, avec les régions atlantiques de l'’Europe, avec les pays celtiques ou avec tout autre ensemble dans le monde. Des régions plus fortes, ce sont des régions plus actives, plus performantes…
J’'entends aussi les tenants du Grand Ouest justifier leurs propos par la taille de la région, qui doit être vaste pour exister au niveau européen. Là, ils ont tort. Ce n’'est pas la taille qui construit la force, mais les compétences et les budgets. Une Bretagne à cinq départements, avec 4,5 millions d’habitants, grâce aux pouvoirs nouveaux conférés par la loi sera une région forte en Europe. Au 29e rang, sur 185, en terme de population, plus peuplée qu’'une dizaine d’'Etats indépendants !
Il faut insister – encore et toujours – sur un aspect absolument capital de ce dossier : le défi démocratique. Tous les indicateurs le prouvent : les citoyens réclament d’'être davantage entendus. Construire un ensemble basé sur un territoire vécu, demandé par les populations, est toujours gage de mobilisation. Quand on se sent de « quelque part » , on se mobilise pour ce « quelque part » .
Et si les habitants de Loire-Atlantique souhaitent rejoindre cette dynamique bretonne, pourquoi les en priver ? Aurions-nous peur d’une consultation populaire ? Allons-y, permettons cette consultation. Osons la démocratie, et donnons la parole à la population de Loire-Atlantique !
Le Grand Ouest, c'’est l’'espace flou et abstrait de la technocratie. C’'est l’espace déconnecté des désirs, des envies, des passions démocratiques. L’'efficacité est aux territoires vécus, aux territoires appropriés, aux territoires auxquels nous nous attachons par une étrange alchimie qui vient de loin. La Bretagne est un de ces territoires d’'affection, de volonté et de projet collectif.
Nul risque « identitaire » en sa démarche. Non, seulement la formidable opportunité de bâtir de nouveaux développements sur un moteur dynamique : les sentiments d’'appartenance. C’est pourquoi, au nom de ces élans, de cette Bretagne ouverte aux autres comme au contemporain, au nom de la démocratie à construire, je serai à Nantes le 28 juin.
Jean-Michel Le Boulanger