Le mouvement des Bonnets rouges ne peut être réduit à une émotion passagère chez quelques milliers de Bretons, pour une part, inconscients ou amateurs de liaisons sociales dangereuses, ou, pire, des agitateurs plus ou moins autonomistes.
Ayant créé des comités locaux qui s'activent pour recueillir les doléances bretonnes et faire des actions d'éclats, il mérite mieux que le dédain ou une bénédiction en termes vagues et intéressés.
Le mouvement des Bonnets rouges n'est pas réductible à une émotion passagère qui aurait soulevé quelques milliers de Bretons, dont certains seraient des inconscients ou des amateurs de liaisons sociales dangereuses, ou, pire, des agitateurs plus ou moins autonomistes.
Étant implanté dans toute la Bretagne, grâce à des comités locaux qui s'activent pour recueillir les doléances bretonnes et faire des actions d'éclats, il mérite mieux que le dédain ou une bénédiction en termes vagues et intéressés.
Les socialistes font profil bas
En début de février 2014, la gauche socialiste bretonne n'a toujours rien à dire de consistant sur les Bonnets rouges et se contente de soutenir, mollement, la proposition de François Hollande de modifier le poids des régions, laquelle est, probablement, une réponse indirecte aux Bonnets rouges (conférence de presse présidentielle du 14 janvier 2014).
La gauche (socialistes et Verts) et la majorité de la presse parisienne n'ont pas voulu essayer de comprendre ce qui se jouait en Bretagne en octobre et novembre
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Plus de 20 000 manifestants, dont la moitié n’'a pas pu atteindre la place de la Résistance, tant la foule était dense, ont convergé aujourd’'hui vers le centre de Quimper.
, mais, ils ont classé l'affaire comme une jacquerie sans lendemain, un mouvement de colère des petits enfants qui se laissent manipuler par des forces forcément obscures.
Les poids-lourds socialistes du Finistère, Marylise Le Branchu (ministre de la Réforme de l'Etat), Pierre Maille (président du Conseil général), François Cuillandre (maire de Brest), Bernard Poignant (maire de Quimper), ne sont guère allé au-delà d'une explication de type complotiste : un mouvement hétéroclite manipulé par le patronat et les agriculteurs productivistes.
Marylise Le Branchu, interrogée par Michel Urvoy, le 12/11/13, sur le canal Internet de Ouest-France explique que, dans le mouvement des Bonnets rouges,
« ...on a une conjonction de manifestants "..."Ils ont été eux-mêmes dépassés par leur mouvement...C'est un mouvement qui n'est pas très lisible politiquement ...Je pense qu'il faut passer à autre chose. Cette conjonction de gens ne tient plus » ». La «
conjonction » a pourtant tenu jusqu'à une manifestation encore plus importante, 18 jours plus tard et elle persiste dans une organisation nouvelle, à la fois dirigée et délocalisée
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Le Collectif Vivre, décider et travailler en Bretagne (VDTB) avait demandé aux référents et aux délégués des quelque 40 comités locaux des Bonnets rouges de se réunir samedi 11 janvier, à Pontivy, pour des échanges. 120 personnes de toute la Bretagne étaient venues, certains avec bonnets et drapeaux.
.
Pierre Maille, dont la parole est rare, répond, le 27 janvier, à
Ouest-France sur la décentralisation, en prenant soin de ne pas dépasser la température de l'eau tiède.
Sur l'Assemblée de Bretagne (fusion des conseils généraux et de la Région Bretagne) :
« Je ne comprends pas comment ça marche, je dois en discuter avec (Jean-Yves Le Drian) ».
Sur la question des financements multiples, il balance entre «
il n'y a pas de raison que la Région intervienne sur (un) dossier crèche » et Marylise Lebranchu propose qu' «
au sein de la Conférence régionale », ... «
sur chaque sujet, on sait qui est chef de file », admetttant donc, sans le dire, les financements multiples et évitant de se prononcer sur la spécialisation des niveaux locaux.
Finalement, pour lui «
décider en Bretagne » semble se réduire à ce que l'État apprenne à déléguer, car ,
« il faut finir par s'habituer à l'dée que si on délègue, on délègue. Ce n'est pas pour faire une double instruction ». Les Bonnets rouges l'ont, sans doute, aidé à poser cette question, mais, définir ce qui doit être délégué et savoir si on peut «
relocaliser les décisions en Bretagne », sera, peut-être, pour une autre fois.
La gauche de gouvernement se contente de renvoyer au «
Pacte d'avenir pour la Bretagne », qui sera détaillé en mars et, en affectant de n'apercevoir, ni le fond des revendications, ni la solidification du mouvement, pourtant rapide, dans la cinquantaine de comités locaux des Bonnets rouges qui couvrent toute la Bretagne et rassemblent des milliers de gens.
Des francs-tireurs de droite affichent une appréciation positive
Les élus bretons de droite n'ont pas beaucoup mieux compris le mouvement des Bonnets rouges, ne retenant qu'une partie des revendications (suppression de l'écotaxe et des contraintes administratives) et critiquant «
les arbitrages hâtifs dans les cabinets parisiens » http://mlfssd.over-blog.com/article-les-elus-de-la-droite-et-du-centre-en-bretagne-ne-participeront-pas-a-la-signature-du-pacte-d-avenir-121578612.html, même si Marc Le Fur, député UMP de Loudéac-Lamballe, y étant le seul de son niveau de responsabilité, s'est coiffé d'un bonnet rouge, aux deux rassemblements historiques de Quimper et de Carhaix.
Il proclame qu'
« Il faut entendre le pays réel : trop de taxes, trop de contraintes », veut
libérer les initiatives et annonce sa participation aux États-Généraux de la Bretagne, à Morlaix, le 8 mars.
Le 18 janvier 2014, lors d'une émission très intéressante sur
Tébéo, la télévision locale brestoise http://www.tebeotv.fr/video/6018-tant-pis-si-ca-pince-2e-partie-du-18-01-2014.html,
Jacques Baguenard, professeur de sciences politiques à l'Université de Brest, explique que le mouvement des Bonnets rouges signifie que les choses sont en train de bouger en Bretagne et qu'
il a réussi à fédérer toute une somme de mécontentements, les structures partisanes et syndicales n'ayant plus rien à nous apprendre, et, d'ailleurs,
les partis politiques ne nous apprennent plus rien, non plus, d'autant qu'à gauche,
ils manquent de gens de caractère. Comment on transforme cette forme de colère pour un avenir commun?, s'interroge-t'il. Il ajoute qu'
il faut accepter que chaque région,... ait un tempo qui lui soit propre et qu'
on (leur) permette... de décider elles-mêmes des compétences à expérimenter.
Comme il l'avait expliqué dans le premier livre consacré aux Bonnets rouges
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Charles Kermarrec, éminent libraire à Brest et qui a fondé une maison d'édition, Dialogues, va certainement, obtenir un succès de plus grâce à une somme sur les Bonnets rouges qui a été mise en vente peu de temps après leur première apparition médiatique, le 26 octobre 2013.
, Jacques Baguenard voit le mouvement des Bonnets rouges comme centré sur la Bretagne Ouest et traduisant le mal-être du Finistère, écartelé entre un Nord et un Sud dissociés, Brest regardant vers Rennes et Quimper vers Nantes.
En fin d'émission, Jacques Baguenard, qui, dans ses nombreux livres, se fait le chantre du rôle indispensable de l'État et, simultanément, de la décentralisation
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, annonce qu'il s'est engagé auprès de
Bernadette Malgorn, qui est partie à l'assaut de la mairie socialiste de Brest, en espérant le soutien de l'UMP. Celle-là n'est pas, non plus, en manque de formules qui sonnent bien :
« On ne pourra pas étouffer la révolte des Bretons » (
Ouest-France, 6 décembre 2013). Mis à part ces francs-tireurs de la droite institutionnelle, c'est plutôt un silence gêné qui domine dans celle-ci.
Les Bonnets rouges sont hors du champ politique classique, mais pas forcément marginaux
La Charte des Bonnets rouges, dont le contenu a été annoncé, par Thierry Merret, syndicaliste agricole et membre du
Collectif Vivre, décider et travailler en Bretagne, dès le 30 novembre, à Carhaix, comporte des revendications qui peuvent réunir beaucoup de gens (suppression de l'écotaxe, allègement des contraintes administratives, lutte contre le dumping social et libération des énergies), mais deux autres points sont généralement occultés, car, ils suscitent une forme de répulsion chez les élus et dans les instances politiques.
Outre le maintien de l'emploi, classé prioritaire, est donné comme objectif
« l'aménagement et l'équilibre du territoire breton, en intelligence avec les populations concernées » et, comme revendication,
Relocaliser les décisions nous concernant. Elles ont été confisquées par une machine bureaucratique qui ne fonctionne plus que pour elle-même.
Prises à la lettre, cela signifie que l'actuel système de gouvernement que le PS et l'UMP ne veulent réformer qu'à la marge (voir l'enlisement de la réforme de Marylise Lebranchu et la recentralisation sarkozienne) est contesté de manière radicale.
C'est cela qui inquiète les élus des partis dits de gouvernement. Les Bonnets rouges, s'ils persistent et prennent du poids dans le débat public en Bretagne, ne peuvent que bousculer leur système bien huilé et sensible à l'avis des «
cabinets parisiens ». Ils ont lancé un objet politique non identifié qui pourrait même ringardiser l'engagement dans les partis classiques, voire autonomistes. Face aux partis de gouvernement, qui sont aussi des alliances sociales hétéroclites, les Bonnets rouges sont aussi légitimes, bien qu'ils ne veuillent pas entrer dans l'arène de manière ordinaire, se plaçant en amont et en surplomb et voulant faire émerger une parole issue de la société civile bretonne
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D'une fraternité dans l'abattage d'un portique écotaxe en août 2013 [ABP31078] est née une alliance intercatégorielle entre les agriculteurs, leurs transporteurs et les ouvriers d'usines agroalimentaires menacées. Depuis, Le "Collectif Vivre, décider et travailler en Bretagne" s'est mué en une organisation politique, nouvelle à plusieurs égards.
.
Une première réponse sur sa capacité à le faire sera donnée le 8 mars 2014, à Morlaix, lors des États Généraux de la Bretagne
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En 2014, les Bonnets Rouges inviteront les Bretons à s’exprimer sur leur volonté de changement lors de ce rendez-vous qui peut déjà être qualifié d’historique. Il s’agira des Etats généraux
.
Note : Les Bonnets rouges ont un passé plus ancien qu'il n'y paraît, car, tout part de la manifestation de 2009 contre l'écotaxe, à La Gravelle (péage A 11 en Mayenne), l'alliance se recompose le 2 août 2013, à Guiclan (mise à bas d'un portique), prend son ascension en octobre 2013, à Pont-de-Buis (1000 personnes voulant abattre un portique) et éclate, en novembre 2013 à Quimper et à Carhaix (manifestations de masse), à la face des politiques qui seront solennellement interpellés à Morlaix, en mars prochain.
Christian Rogel
Commentaires (25)
J'ai ajouté que Merret est syndicaliste agricole (il est président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles), mais, quoi qu'on pense de celle-ci, c'est une personne-clé du mouvement et cela semble devoir durer.
L'actualité donnera l'occasion de commenter son implication, car, il y a lieu de penser que d'autres actions massives auront lieu pendant les deux campagnes électorales, qui seront des occasions pour se manifester.
Dans mes articles, j'ai montré que mld mouvement des Bonnets rouges est une alliance intercatégorielle, dont les agriculteurs du syndicat majoritaire sont une composante. Ils pensent pouvoir apporter des solutions aux différents problèmes de l'agriculture bretonne. J'ai rencontré, au moins, un Bonnet rouge, fier d'être aussi à la Confédération paysanne.
Pour le moment, il est dit qu'on peut porter le Bonnet rouge et ne pas renoncer à ses idées, même anti-productivistes. A chacun de dialoguer ou non ou d'aller voir (ou non).
Je suis ne en 1961, pendant la guerre d'Algérie, je ne me rappelle évidemment pas de mes premières années. Pourtant, je peux vous affirmer que dans mes premiers souvenirs, nous ne mourrions pas de faim comme vous dites. Simplement, nous mangions de la viande une fois par semaine, le Samedi. Et pourtant tout s'est plutôt bien passé... Merci Maman et Papa.
Je vais peut-être prendre l'angle des jacobins mélanchonistes, mais ce mouvement n'est ni plus ni moins qu'un mouvement populo-poujadiste desservant la cause bretonne.
La cause de la Bretagne ne sera légitime que si l'on envisage ce pays comme une nation respectueuse de son environnement, de ses sols, de son eau, de sa diversité écologique et humaine.
Les Bonnets rouges incarnent, au niveau breton, ces commerçants, ces agriculteurs productivistes, qui font le lisier (sans mauvais jeu de mots) de politiques populistes menant à toutes les dérives idéologiques.
Alors non. Je suis breton. Je milite pour la cause. Mais je ne me reconnais pas dans ces individus qui ont des relents qui ne me plaisent guère... Et je préfère encore vivre dans une Bretagne occupée que dans une Bretagne indépendante qui prône des modèles d'agriculture productiviste qui tuent ses terres, empoisonnent ses habitants, pour le privilège de quelques gros pollueurs qui n'ont que faire de leur pays et qui utilisent l'Emsav pour des motivations uniquement financières.
Il est temps d'ouvrir les mirettes et de se rendre compte que ces "bonnets rouges" sont des usurpateurs qui rendent l'ensemble du mouvement caricatural : des paysans avinés qui ne veulent pas payer d'impôts au bénéfice de solutions alternatives et écologiques. Belle image...
"Et je préfère encore vivre dans une Bretagne occupée que dans une Bretagne indépendante qui prône des modèles d'agriculture productiviste qui tuent ses terres".
A bon? Et vous pensez que c'est en ayant notre ministère de l'agriculture à Paris que cela ira mieux?
Avez-vous oublié que c'est l'occupant qui nous a imposé son modèle... le seul tord de nos paysans est de l'avoir appliqué la recette imposée au delà des espérances. Mais bon, avaient-ils d'autres choix au rythme où se dépeuplait nos compagnes en Bretagne?
Modèle simple : Le jambon économique (VPF: Viande de Porc Française) pour les français, le lisier (made in Breizh) pour les bretons!
Le fait d'avoir fait des bêtises par le passé, même si c'est pour se donner un avenir, n'empêchent pas de réfléchir et d'imaginer à terme un autre modèle que celui que l'on n'a pas choisi!
J'ose espérer que votre "vision" pour la Bretagne, c'est autre chose que la carte postale pour touristes étrangers: paysages et bons sauvages...?
Avec le statu quo actuel, vous avez les deux: une "Bretagne occupée" ET "productiviste".
Son crédo prioritaire écologiste me fait penser à celui de l'UDB trop souvent plus préoccupé de lutte des classes que de l'intérèt général breton.
Avec de tels clivages, le pouvoir central peut dormir tranquille.
Le pourfendeur de la Bretagne historique où est-il? Préfère t'il son fauteuil de ministre de la "guerre"? honnêtement c'est plus de la défense à ce stade.
c'est vrai que la couleur des rideaux, c'est vachement important, alors que le chantier de construction démarre seulement.
j' ai mis quelques mots dérisoires à ce propos en commentaire d'un autre article : http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?
id=32817&title=Le%20bocal%20des%20Beaux%20nez%20rouges
Pour poursuivre sur le ton de la "féroce" dérision j'ai pensé (à haute voix) à cette célèbre citation:
"Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde son doigt" et non pas le doigt du sage, mais celui dudit imbécile !
C'est féroce, je l'admets !
Sans rancune néanmoins.
M.Prigent-Derrien (comme Dédé).
c'est pour remettre cette démocratie en marche que l'ensemble des bretons doit revendiquer le droit de garder une partie conséquente de ses impôts pour faire vivre sa région et maitriser ce qui s'y fera énergétiquement industriellement en agronomie et autres
voilà le but que doivent atteindre les bonnets rouges
Les élections hélas reconduiront les memes UMP et PS et leurs alliés respectifs , car ce sont des partis dits de gouvernement , c'est pourquoi le suivisme de certaines formations politiques bretonnes . Cependant aucun dossier en Bretagne n'avance , chomage des jeunes et émigration, pauvreté de nombre de ménages jeunes et anciens , offres d'emploi très faibles , culure et enseignement du breton rien de nouveau , hausse de la présurisation des ménages et des entreprises . L'Etat français et son système veulent durer et donne l'illusion et le change . L'horizon est bouché et chacun sait que rien ne changera demain avec eux! Les Bonnets rouges sont une solution et un anti-dote aux extremes . Les Breton(ne)s se doivent "d'oser le Bretagne" sans complexe et sans attendre! Vivement le 08 Mars 2014 à Morlaix/ Montroulez ! Espérons!