La commune de Redon est appelée à grandir. Pourquoi ? Qu'en pensent les habitants ? ABP enquête.
L'idée de faire un Grand Redon fait son chemin parmi les élus et les habitants du pays de Redon. Le but est de créer une communauté d'agglomération autour de Redon, afin d'avoir plus d'aides de l'Etat et plus de compétences, notamment en matière de transports.
Le principe est simple : réunir les communes voisines à Redon, elles garderaient alors leurs maires délégués, mais feraient partie de la ville. Un peu comme les maires d'arrondissements à Paris. Ainsi, Bains sur Oust, Saint-Perreux, Saint-Nicolas de Redon, Rieux, Sainte-Marie ou Saint-Jean la Poterie pourraient rejoindre Redon et former une nouvelle agglomération.
Là où cela se complique, c'est que les communes concernées font partie de trois départements : Morbihan, Ille-et-Vilaine et Loire-Atlantique et de deux régions administratives , donc que l'union des communes promet d'être un casse-tête administratif. Quand on sait qu'un passage à niveau situé à la limite de deux régions administratives et de trois départements n'est pas près d'être sécurisé et automatisé (Boisseaux, entre l'Eure-et-Loir, le Loiret et l'Essonne), l'on peut légitimement être inquiet.
Seulement, la construction d'un grand Redon met à jour l'inanité des limites administratives de la Bretagne, et l'appartenance naturelle de la Loire-Atlantique à celle-ci. Réunir Saint-Nicolas à Redon reviendrait à rattacher administrativement la commune à l'Ille-et-Vilaine, et finirait de briser la frontière artificielle établie par le pont et la Vilaine. La question de Redon est donc capitale pour la Bretagne.
Qu'en pensent les habitants ? Il y a tous les avis sur la place. Hostile, comme Ombeline, de Cournon « Un grand Redon qui aurait les moyens de s'étendre finira par vider tous les gros bourgs de la région, comme la Gacilly près d'ici. » ou encore Jacques, de Brain « Notre commune s'en sort très bien, je trouve, et pour ce qu'elle ne fait pas, il y a le pays de Redon. Pourquoi nous faire disparaître de la carte ? » . Réservé, comme David, de Rieux, « pourquoi pas, mais ils vont mettre des années à accorder tous les intérêts, toutes les autorités, mieux vaut renfoncer les structures existantes pour travailler ensemble » . Indifférent, Emile de Saint-Jacut les Pins indique, placide, que « union des communes ou pas, aujourd'hui, les gens d'autour de Redon vont travailler à Redon et y font tout, cela n'empêche pas les communes d'exister. Quoi qu'ils fassent, cela ne changera pas la vie des gens pour autant » . Favorable, comme Habib, du quartier du Châtelet à Redon « Bonne idée ; c'est l'évolution qui veut ça. Ce sera toujours mieux de construire ensemble et unis » . Et même carrément enthousiaste, Gwenaëlle, habitante de Saint-Nicolas de Redon, qui a saisi les enjeux du projet pour l'unité de la Bretagne. « Formidable, oui ! Ici, c'est déjà Redon, comme à Rieux ou sainte Marie, c'est déjà Redon. On va former la même ville, la même unité, comme nous sommes déjà la même Bretagne et cette fois ce sera officiel, le pont ne sera plus une limite fabriquée! . »
Faire un grand Redon aurait un autre avantage encore. Une communauté d'agglomération posée entre trois des cinq départements bretons et à proximité d'un quatrième (les Côtes d'Armor) se retrouverait bien placée pour régler intelligemment l'éternel problème de la capitale administrative de la Bretagne. Plutôt que de courir le risque de déshabiller Rennes pour habiller Nantes, déjà surchargé par ailleurs, rapprocher la capitale de Brest et du cœur de la Bretagne en lui conférant la valeur identitaire de Redon, cité de Nominoë, serait une incontestable sortie de crise par le haut. Alors Redon capitale ? La question est entre les mains des Bretons, de tous les Bretons, de chaque côté de la Vilaine.