Extrait audio
The Yellow Tinker
Le groupe irlandais, de référence, ALTAN publie son 15e opus... « Donegal » !
Au fil d’une lente et récurrente rythmique de percussions, griffée de quelques souffles d’accordéon émaillés de cristallines pincées de cordes de guitares et de bouzouki, ce sont, presque, pour l’identitaire contexte musical qui va suivre, des sonorités, quelque peu, atypiques qui ouvrent le programme de ce nouvel enregistrement, qu’au travers de cette présente chronique, nous allons vous présenter. Après une vingtaine de secondes de cette quasi énigmatique, lancinante introduction, interrompue par une courte césure, dans un léger crescendo volumique, l’adjonction du violon vient préciser les contours, les couleurs et les saveurs mélodiques d’une musique, indiscutablement, irlandaise qui prend les accents du Reel, mais, avec une cadence ralentie, résumée dans la notation de « Slow reel ». Ce premier titre, « The Yellow Tinker » (Le bricoleur jaune), fait, corroborant nos propos, sur le panneau interne central de la jaquette, l’objet de ce commentaire : Il s'agit d'un Reel populaire, ralenti pour montrer la beauté innée de sa mélodie et de son rythme, mené, ici, par Ciaran CURRAN, au bouzouki. De plus, cette agréable et inattendue pièce introductive, que vous pourrez entendre, automatiquement, en ouverture de cette page, pour ceux dont le son est activé, a le mérite de faire « entrer en scène », tous les membres du groupe, ainsi que les trois musiciens invités. Profitons de cet instant rédactionnel, pour vous les présenter : - Mairéad NI MHAONAIGH est au chant et au fiddle, - Ciarán CURRAN, aux bouzouki et mandoline, - Dáithí SPROULE, à la guitare, - Mark KELLY, à la guitare et au chant, - Martin TOURISH, à l’accordéon, - Clare FRIEL, nouveau membre de la formation, au fiddle, viola, chant… Sur ce premier morceau, sus décrit, viennent rejoindre le sextet initial, Steve COONEY, à la basse, Graham HENDRSON, aux claviers et Jim HIGGINS, aux percussions, instrumentiste que l’on retrouvera, aussi, sur l’ultime titre du programme. Mais, au fait, amis fidèles de Culture et Celtie, l’e-MAGazine, vous avez, sans aucun doute, reconnu, cinq des premiers noms cités, pour les avoir, déjà, rencontrés et entendus sur nos pages en ligne. Il s’agit bien des membres du groupe ALTAN qui, au cours de ces 35 dernières années, a fait connaître, sur la scène mondiale, la musique de son comté natal de Donegal. Succédant à leur album « The Gap Of Dreams - l’écart des rêves » (2018) que nous vous avions présenté et par lequel vous aviez fait, ainsi, connaissance avec ces excellents musiciens, (Notre chronique) http://culture.celtie.free.fr/cdaltanthegapofdreams.htm voici donc, hors compilations, et c’est notable !, le… 15ème opus de cette formation, figure de la musique traditionnelle irlandaise ! Le titre de ce nouvel enregistrement est, plus que jamais, pertinent… Pensez, donc… « DONEGAL » ! Produit par le groupe, distribué par Compass Records, au travers de 10 titres, 6 instrumentaux et 4 chansons en langue irlandaise, ALTAN nous offre un autant pictural que trop court voyage, certes, de plus de 38 minutes, au cœur du Donegal, comté encore sauvage, situé au nord-ouest de l’Irlande, ainsi que dans le nord du pays, régions dont la plupart des membres du groupe sont originaires. Le programme, très attractivement varié, alternant, « métronomiquement », chansons et instrumentaux à danser, se décline en 4 pièces chantées, 5 « séquences » de Reels et 1 de Jigs. Nous évoquons, ici, le terme « séquences », puisque chaque Reel, hormis le slow-Reel de la piste 1, est, en fait, un medley d’au moins, 3 pièces, la Jig, pour sa part, en agrégeant, deux. L’ensemble des œuvres se révèle comme un authentique hommage au riche héritage musical du Donegal, à ses paysages et à sa dynamique culture qui nous fait revivre une époque révolue de l'Irlande rurale, tout en établissant un lien entre le passé et nos temps actuels. Côté visuel, vous reconnaîtrez, très facilement, dans les bacs ou sur les pages des sites discographiques, ce nouvel opus d’ALTAN. En effet, à la manière d’un logo qui pourrait représenter une grande compagnie cinématographique anglo-saxonne, le spécifique graphisme de la façade de la jaquette, signé d’Edain O’Donell, ornementé d’une géométrique gloire aux rayons stylisés, évoque le Mont Errigal, colline irlandaise située au sein du comté de Donegal qui culmine à 749 mètres, en étant le sommet le plus élevé des Derryveagh Mountains. Your hearts are like your mountains, in the homes of Donegal. (Vos cœurs sont comme vos montagnes, dans les maisons du Donegal). Inscrite en caractères gras sur l’une des faces internes de la jaquette, cette phrase semble légender la ligne racinaire et philosophique, pouvant émaner du graphisme. Après acquisition, à l’ouverture du contenant cartonné et glacé, organisé en triptyque, vous découvrirez, notifiée sur ses pans internes, outre la distribution et les crédits, pour chaque morceau, une présentation de celui-ci, tant anecdotique, qu’historique ou géographique. Pour deux titres, vous bénéficierez, également, de la traduction, traduits en anglais, des textes chantés en langue irlandaise, qu’il s’agisse d’un magnifique poème de l'un des plus grands poètes irlandais du 20e siècle, Mairtin O DIREAIN ou d’une chanson qui fait l'éloge d’une Sainte des églises catholique et orthodoxe, Sainte Brigitte de Kildare, dite, aussi, Sainte Brigitte d'Irlande, dont les paroles sont traduites par, Mairéad NI MHAONAIGH, en personne. C’est, toujours un plus, pour mieux comprendre les fondements et le sens de chaque pièce proposée. Mairéad NI MHAONAIGH… Après l’instrumental d’introduction, c’est bien sûr, l’exceptionnelle voix de la chanteuse lead et violoniste, en 1987, co-fondatrice, avec son défunt mari et flûtiste Frankie KENNEDY, d’ALTAN, qu’impatiemment, vous attendez d’entendre. Dès, « Liostéil mé le Séirsint » qui raconte l'histoire d'un homme quittant le comté de Mayo pour rejoindre l'armée mais qui se souvient de son pays d'origine, vous retrouverez, avec gourmandise, sur tapis de cordes et galop de percussions, le timbre, délicieusement, perché autant qu’allègre et ensoleillé de cette, ô combien, emblématique « enseigne vocale » du groupe ALTAN. Pas étonnant que Mairéad NI MHAONAIGH ait reçu, en 2008, le prix Donegal Person of the Year et, en 2017, le très convoité TG4 Gradaim Ceoil (Music Award), pour sa musicalité et son chant. Elle interprète, ici, une version d’un titre de la grande chanteuse du Donegal, Roise Rua NIC GRIANNA, que Mairéad a complétée avec d'autres couplets découverts dans des collections littéraires relatives aux chants traditionnels du Donegal. Plus, parfois, dans le souffle comme dans l’éloquence vocale, voire, la spiritualité, toujours dans la proximité, escortée de nappes de chœurs et de la voix de Clare FRIEL, vous retrouverez, en piste 4, dans « Faoiseamh a Gheobhadsa », cette fois, tout en nuances, en précautions, un chant quasi-céleste, plus narratif de l’angélique chanteuse. Elle dispense ce magnifique poème de Mairtin O DIREAIN, déjà évoqué, plus haut, dont le titre peut se traduire par « Je trouverai du réconfort ou la paix ». Ce texte décrit comment le poète qui vit dans une zone urbaine retrouverait la paix et la sécurité dans sa maison des îles d'Aran, à l'ouest de l'Irlande, où il ressent un fort sentiment d'identité, avec le lieu, les gens et la langue. C’est la plus longue pièce de l’album, puisque dépassant les 5 minutes, mais Dieu que cela semble court, tellement, la mélodie et le chant sont beaux ! Chanté, en langue irlandaise, traduit sur la jaquette, en anglais, nous vous proposons, ci-dessous, quelques lignes de ce texte, à nouveau, « passerellés », en français : Je trouverai la paix Pendant un court instant Parmi mon peuple Sur une île de la mer Marcher sur le rivage Matin et soir Du lundi au samedi Chez moi dans l'ouest Je trouverai du réconfort […/…] En piste 7, pour « The Barley and the Rye » (Le seigle et l’orge) vous retrouverez, dans l’étendue de son registre mélodique et interprétatif, une expression vocale plus badine, plus malicieuse, particulièrement juvénile, de Mairéad NI MHAONAIGH. Elle interprète, comme le précise la note de la jaquette Une chanson pleine d'esprit sur les escapades d'une jeune épouse déchaînée, d'un débauché et d'un agriculteur dont les priorités sont faussées dans la mesure où il s'inquiète plus de l'état de sa récolte que de sa jeune épouse et amante espiègle, s'amusant dans ses champs d'orge et de seigle !. It's of an old country farmer who lived in the West Country And he had the prettiest little wife that ever you did see And the young man came a-courting her when the old man he wasn't nigh And ofttimes they would take a tumble amongst the barley and the rye Now when the old man woke in the morning, and he found himself all alone Well he look'd out of the window, and he spied his wife in the corn And the young man lay beside her, and it caused the old man to cry He says, "Wife, wife, I wonder at you, for spoiling of my rye!. […/…] Il s'agit d'un vieux fermier qui vivait dans le West Country. Et il avait la plus jolie petite femme que vous ayez jamais vue Et le jeune homme est venu lui faire la cour alors que le vieil homme n'était pas là Et souvent, ils tombaient parmi l'orge et le seigle Maintenant, quand le vieil homme s'est réveillé dans la matinée, il s'est retrouvé tout seul Alors, il a regardé par la fenêtre et il a aperçu sa femme dans le maïs Le jeune homme était allongé à côté d'elle, et le vieil homme pleurant Il dit : « Femme, femme, je m'étonne de toi pour avoir gâté mon seigle ! […/…] Nous soulignerons, en conclusion de cette mélodie qui semble s’écouler en gouttes de pluie, sur lignes de cordes pincées, les voluptueuses effluves des cordes frottées qui concluent la pièce en romantique suspens. Piste 9, une nappe d’orgue… un divin fiddle qui semble élever son âme jusqu’aux cieux, l’ambiance est, délibérément, liturgique. Voici « Gabhaim Molta Bride » Posée sur une ancienne mélodie grégorienne intitulée « Avé Maris Stella », juste à point réverbéré, le séraphique chant de Mairéad prolonge cette ascension spirituelle et commémorative. Comme l’indique la note de la jaquette, cette pièce fait l'éloge de Sainte Brigitte de Kildare, dont la fête tombe le 1er février, marquant le début du printemps. Il s'agit d'une ancienne fête préchrétienne, Imbolc ( 1 ), célébrant le dégel de la terre après un hiver sombre, même noir, lorsque la lumière et la renaissance apparaissent dans le monde, apportant espoir et joie. La mélodie est superbe, les cordes sont à l‘unisson, le pont confié à la viole est, particulièrement, prenant. Voici, en version française, le texte chanté, sur le disque, en langue irlandaise et traduit, en anglais, sur la jaquette, par Mairéad Ni MHAONAIGH.| I pay homage to Brigid She is esteemed in Ireland She is praised allover the world Let us all praise her She is the bright torch of fthe Leinster people Gives light to the whole country Leader of all youth Leader of the maidens of Ireland The winter is piercirigly dark Cuts with all its sharpness But on the day of Brigid Spring comes near to Ireland | Je rends hommage à Brigid Elle est estimée en Irlande Elle est louée partout dans le monde Louons-la tous Elle est le flambeau brillant du peuple de Leinster Donne de la lumière à tout le pays Leader de toute la jeunesse Leader des jeunes filles d'Irlande L'hiver est d'une obscurité perçante Coupe avec toute sa netteté Mais le jour de Brigitte Le printemps se rapproche de l'Irlande |
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