Les directeurs d’école de l’enseignement public méritent notre considération. Savez-vous, qu’à l’inverse des directeurs de collège ou de lycée, leur fonction n’est reconnue par aucun statut. Tous les directeurs d’école publique restent avant tout des enseignants, ayant charge d’élèves, qui assurent en plus la charge de direction. Pour une indemnité qui ne dépasse pas, pour les mieux lotis, 90 euros par mois.
Dans les écoles publiques, la fonction de direction consiste à coordonner les relations entre la hiérarchie, les enseignants et les personnels techniques (ATSEM, cantines, entretien...), réunir les conseils des maîtres, les conseils d’écoles, faire le lien avec la hiérarchie, la municipalité, les services sociaux, organiser les sorties des élèves, recevoir les parents, les fournisseurs, passer les commandes de matériel, assurer la comptabilité de l’école... La liste pourrait encore être allongée et, face à la complexité administrative et juridique, les tâches des directeurs d’écoles sont de plus en lourdes à porter.
Depuis plusieurs années, les syndicats d’enseignants demandent, au niveau national, une meilleure prise en compte de la fonction des directeurs. En vain. C’est pourquoi ils mènent une grève administrative : tout en continuant d’assurer le fonctionnement de l’école et leurs tâches d’enseignement, ils refusent de transmettre à l’administration une série de documents. C’était le cas ces derniers mois avec une "enquête 19", borborygme administratif qui cache une enquête statistique sur les écoles.
Sanctionnés pour "service non fait"
A défaut d’entendre les demandes des directeurs, l’administration De Robien a décidé cette année de sévir. Certaines inspections académiques (1) ont donc retiré 1/30e de salaire aux directeurs pour service non fait. Les plus zélées ont fait procéder à deux retraits de salaire ! C’est le cas dans les Côtes d’Armor et dans le Morbihan.
Dans notre département, M. Philippe Couturaud a pris les fonctions d’Inspecteur d’Académie en octobre dernier. En rupture avec les méthodes de son prédécesseur, il gère ses services à la coloniale ! Précédemment vice-recteur de Mayotte, il annonçait dès son arrivée qu’il ne recevrait plus les délégations de parents et d’élus pour la préparation de la carte scolaire (février) ou les ajustements de rentrée (septembre). Pour la prochaine rentrée, il a décidé, sans aucune concertation avec les municipalités, de limiter l’accueil des enfants de 2 ans en maternelle à 15 % des effectifs. A Lorient, il supprime 10 postes d’enseignants ! Et enquelques mois, les rappels à l’ordre au nom d’un "devoir de réserve", assortis de menaces de sanctions, sont devenus coutumiers dans notre Académie.
Après avoir retiré par deux fois 1/30e de salaire aux directeurs d’école, M. Couturaud organise maintenant des réunions de "dialogue" dans toutes les circonscriptions du département.
A Vannes, à Questembert, à, Ploermel, à Theix, à Muzillac (2), les directeurs d’école se sont rendus à ces réunions en exigeant, en préalable, la levée des sanctions et le remboursement des sommes prélevées. Il en était de même hier soir à Lorient. Face au refus de M. Couturaud d’entendre la demande des directeurs, ceux-ci ont immédiatement quitté la réunion.
J’apporte mon total soutien aux directrices et directeurs des écoles publiques de Groix, Larmor-Plage, Lanester, Lorient et Plœmeur. L'Etat doit montrer l’exemple en matière de dialogue social. L’inspecteur d’accadémie doit donc créer les conditions de la poursuite des négociation.
Yann Syz
(1) Etrangement, il n’y a pas eu de sanctions en région parisienne où la grève administrative des directeurs est largement suivie. La proximité du Ministère y est peut-être pour quelques chose !
(2) A Pontivy, plutôt que d’entendre les directeurs, M. Couturaud a préféré annuler la réunion.