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- Interview -
Webmédias bretons : NHU ou la Bretagne positive
ABP continue sa série sur les webmédias bretons avec NHU Bretagne, un webmédia breton lancé en avril 2015 par le Quimpérois Rémy Penneg. Nous avons interviewvé Rémy.
Philippe Argouarch pour ABP le 22/11/18 9:53
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NHU

ABP continue sa série sur les webmédias bretons avec NHU Bretagne, un webmédia breton lancé en avril 2015 par le Quimpérois Rémy Penneg. Nous avons interviewvé Rémy au sujet de cette nouvelle plateforme collaborative (voir le site)

[ABP] Comment avez vous pris conscience de votre bretonitude et avez répondu à l'appel de BREIZH ? comment cela s'est-il passé et à quelle occasion ? vous avez eu un "chemin de Damas" ?

[Rémy Penneg] Je viens d'avoir 63 ans et j'ai pris conscience d'être totalement Breton à mes quinze ans. Au collège, je pratiquais le kan ha diskan avec un copain de Telgruc. J'apprenais le brezhoneg avec Visant SEITE. A plusieurs élèves, et avec l'accord du principal, nous avions organisé un panneau d'affichage dans un couloir où nous affichions tout ce que nous pouvions découper dans des journaux papier et ayant trait à la Bretagne, dans le but de proposer un condensé de cette information à quelques centaines d'élèves. Et cette initiative avait un vrai succès. C'est aussi à cet âge-là que j'ai changé la lettre terminale C de mon nom de famille, pour la remplacer par un G. Et ainsi respecter la bonne graphie originelle de mon patronyme. Ce qui m'a valu quelques soucis bien sûr, en premier lieu avec le Directeur du collège. Mais rien ni personne n'y a fait, et depuis mon nom est complet et vrai avec un G en terminaison au lieu de ce C qui n'existe pas dans notre alphabet breton.

Entre des études longues et trente six ans de vie professionnelle très intense, je n'ai pas trouvé assez de temps pour créer du concret et donner corps à cette passion pour mon pays qui m'a finalement toujours habitée. Maintenant retiré des affaires, cela devenait possible.

"Après 60 ans, 65 ans tout au plus, si on a réussi sa vie, on ne doit plus prendre au Territoire mais lui restituer" - Alain GLON.

[ABP] pourquoi avoir créé NHU BRETAGNE ?

[RP] J'ai pensé qu'il pouvait être utile de proposer sur internet une autre façon de penser la Bretagne, d'en parler, de la présenter. Trop souvent, me semble t-il, les médias subventionnés donnent trop dans le négatif et dans le cliché dès lors qu'il s'agit de la Bretagne. La Bretagne a bien sûr, comme tous les territoires, son côté obscur. Mais il me semblait que trop d'aspects plus positifs étaient mis sous silence. Ou du moins, pas suffisamment mis en avant.

Savez-vous que la Bretagne possède le plus vaste champ d'algues d'Europe. Ainsi que le plus important patrimoine mégalithique du monde (mais toujours aucun site inscrit au Patrimoine Mondial de l'Humanité), le plus important patrimoine religieux d'Europe. Qui le dit de cette manière ?

La Bretagne a 2700 kilomètres de côtes, c'est à dire autant que l'Afrique du Sud, mais plus que l'Allemagne, le Pérou, l'Égypte ... La Bretagne est plus grande que Taïwan. Tout ou presque est particulier en Bretagne, et différent sous bien des aspects de ce que l'on peut voir ailleurs en Europe.

NHU Bretagne veut aussi donner la parole. En tant que plateforme participative bretonne et citoyenne, nous voulons donner la libre parole à celles et ceux qui ne peuvent par ailleurs s'exprimer dans aucun autre média, breton ou pas. Nous sommes 4,6 millions d'habitants en Bretagne. Ce sont donc 4,6 millions d'avis différents et chacun peut venir sur notre plateforme parler de sa passion ou de l'actualité bretonne : transports, environnement, culture, maritime, numérique, enseignement, etc ... tous les sujets de notre quotidien, tout simplement.

[ABP] Vous utilisez la plateforme WORDPRESS. C'est une question de facilité de développement et de gratuité ? êtes vous satisfait de ce CMS ? pouvez vous faire évoluer votre site comme vous le désirez ?

[RP] Bretagne n'a qu'une seule prétention : donner la parole aux Citoyen(ne)s, Breton(ne)s ou non, pour parler de la Bretagne. Nous voulons rester indépendants et continuer à nous exprimer librement. Je finance moi-même le peu que cela coûte en gwenneg. Le reste n'est que de la passion, du temps, un peu d'imagination et un zeste de savoir-faire. Et surtout plus d'une centaine, déjà, de Contributrices et Contributeurs.

WordPress est un format extrêmement pratique, moderne et abordable pour cela. Nous ne sommes pas le Washington Post, Le Monde ou Le Télégramme. Nous ne le serons jamais et ne le voulons surtout pas. Certains des Contributeurs, simples Citoyen(ne)s intègrent eux-mêmes directement leurs contenus dans le back-office de NHU Bretagne. C'est réellement une plateforme participative. Aucun n'est Journaliste. Aucun n'a fait d'étude pour savoir coder du html. Ce n'est pas un média de l'entre-soi fabriqué par quelques-uns, mais un média populaire ouvert à toutes et à tous. Et en cela WordPress est un des formats les mieux adaptés.

Mais ce qui est le plus précieux dans NHU Bretagne, ce sont ces Citoyen(ne)s qui font vivre la plateforme chaque jour. Plus de cent femmes et hommes, les Contributeurs et Contributrices, ont déjà cru à cette démarche innovante et citoyenne, et la cadence d'entrée de nouveaux venus semble s'accélérer ces derniers temps. Les premières semaines j'étais un peu seul. Puis les premiers Contributeurs viennent, un peu timidement, voir à quoi cela ressemble. Trois années de travail acharné et de sérieux plus tard, un certain résultat est là.

Des personnes nous disent leur Bretagne par les mots, mais d'autres le font en images. Aujourd'hui NHU Bretagne propose de nombreuses galeries thématiques d'exposition permanente de belles photos de la Bretagne. Plusieurs centaines de superbes photos que nous devons à nos plus grands Photographes bretons magnifient la Bretagne.

[ABP] Arrivez vous à mobiliser suffisamment de rédacteurs et comment les fidélisez vous ? Le militantisme ou l'amour de la Bretagne sont ils un moteur assez puissant pour alimenter les contenus ?

[RP] Chacun d'entre nous a déjà une vie privée et une vie professionnelle qui occupent beaucoup. Il n'est donc pas évident de dégager encore un peu de temps pour participer à NHU Bretagne.

Tout dépend de ce que nous recherchons à NHU Bretagne.

Nous n'avons pas d'objectifs chiffrés en souhaitant atteindre x Contributeurs à fin 2019 par exemple. C'est parfaitement contraire à notre état d'esprit. Toute Contributrice, tout Contributeur est totalement libre. Selon son temps, ses envies ... Il/Elle y rentre et en sort comme bon lui semble. Ces personnes se fidélisent d'elles-mêmes en fait. Quand vous prenez conscience que cette plateforme participative peut facilement devenir la vôtre, pourquoi en sortir ? Au lieu de rester seul sur son blog souvent bricolé et ne pas être lu, autant rejoindre une communauté qui publie sur un vrai site optimisé en permanence et où votre article ou votre photo sera lu et vu des milliers de fois. Voire souvent bien plus.

Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.

[ABP] Le problème du financement des webmédias n'est toujours pas clairement résolu depuis l'apparition de la presse en ligne il y a 20 ans. Les grands journaux parisiens comme Le Figaro ou Le Monde forcent le lecteur à s'abonner après la lecture de quelques articles, pensez vous que cette solution est possible en Bretagne ?

[RP] Non, du tout, à mon très humble avis.

Je continu à penser qu'il est dangereux de ne pas rester à sa place. Les relativement modestes médias internet indépendants en Bretagne doivent arrêter de vouloir devenir plus gros que le boeuf. Récemment un de nos confrères l'a testé et a dû cesser son activité. Nous sommes dans l'ère du gratuit et il est selon moi, totalement déraisonnable et prétentieux d'imaginer qu'un d'entre nous puisse demander, ne serait-ce que quelques euros par mois, pour disposer de quelques articles non indispensables.

[ABP] Quels sont les sujets qui intéressent le plus vos lecteurs ?

[RP] Parmi les thèmes les plus prisés, il y a surtout l'environnement (#JeSuisBreizhponsable) et la Politique. Pas les ragots de basse politique (sans majuscule) mais la vraie, celle qui devrait nous faire avancer.

Et il y a les coups de gueule personnels. Ces articles écrits dans l'émotion d'un moment, sorte de cri du coeur et des tripes. Bretagne obligeant, la culture et le patrimoine, comme tout ce qui touche au maritime, sont aussi des thèmes appréciés des lecteurs.

[ABP] Avez vous une ligne éditoriale ? il y a t'il des sujets tabous que vous refusez d'aborder sur NHU ?

[RP] On ne peut pas se dire libre et indépendant, et empêcher les Citoyen(ne)s de d'exprimer dans nos colonnes. Cependant une certaine décence est souhaitée. Hormis la violence, le racisme et le sexe que l'on retrouve généralement dans les interdits de la grande majorité des médias, nous évitons d'aborder la religion, les faits divers, la basse politique et de développer la polémique pour la polémique. Il existe un sujet particulièrement tabou pour NHU Bretagne : c'est de laisser diffuser des cartes de Bretagne qui ne soient pas entières, sans le département le plus au sud, la Loire Atlantique. #BreizhCoherence : Bretagne et/ou Région Bretagne, il faut être à un moment cohérent dans sa démarche.

Notre état d'esprit est sain et simple : globalement, la Bretagne est au coeur de presque tous les Breton(ne)s. Si on ne parvient pas, malgré cela, à se retrouver suffisamment dans un projet d'avenir commun, c'est que nous divergeons sur environ 20% de nos idées. NHU Bretagne souhaite laisser de côté ces idées et sujets qui peuvent le plus nous fâcher pour essayer de nous rassembler sur les autres 80%. Sur ce tronc commun que nous avons et qui ne demande qu'à être entretenu.

[ABP] Depuis l'apparition de votre média, NHU et ABP ont développés une entente cordiale. De plus les publications de NHU sont annoncées dans la revue de presse bretonne de l'ABP. Sur quoi d'autre cette complémentarité de ces deux webmédias peut-elle déboucher ?

[RP] Nous avons déjà évoqué ensemble, depuis trop longtemps, le projet commun d'organiser un média internet exclusivement anglophone et déjà déposé : brittany-news.bzh; pour aller dire au reste du monde ce qu'est notre Bretagne.

Par ailleurs, avec plusieurs autres Partenaires, nous allons nous lancer très bientôt dans l'organisation d'une démarche citoyenne pour mettre en valeur, là aussi de manière libre et indépendante, un .... mais c'est encore un peu trop tôt d'en dire plus. Soyez tranquilles, nous vous informerons le moment venu.

[ABP] Seriez vous prêt a créer avec ABP un syndicat ou une association de la presse bretonne indépendante d'information en ligne ?

[RP] Oui bien sûr, et avec plaisir. Cela peut être une excellente idée.

Si vous le proposez, on peut penser que vous avez déjà une idée du contour de cette association. Nous sommes prêts à en discuter.

[ABP] Merci ! et longue vie à NHU BRETAGNE !

[RP] Merci à vous pour cette interview et de mettre sur l'ABP un peu en lumière l'action des déjà cent Contributrices et Contributeurs qui font aujourd'hui NHU Bretagne.

Cela fera peut-être naître d'autres "vocations".

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
Voir tous les articles de de Philippe Argouarch
Vos 1 commentaires :
Paul Chérel Le Jeudi 22 novembre 2018 16:55
Cet article/interview m'a littéralement emballé. Voilà l'exemple à suivre et, si possible à l'unisson, par tous les petits groupuscules bretonnistes qui tirent à hue et à dia ans le plus parfait manque de résultats.
J'ai, HELAS, buté sur un obstacle, en suivant la consigne "voir le site" indiquée dans le premier paragraphe. Le "serveur" m'a dit qu'il ne pouvait pas se connecter.
Ceci est TYPIQUE du mystère dont toutes ces formations s'entourent concernant adresses, contacts, dirigeants, etc. On a l'impressionn de conspirateurs.
L'usage d'Internet est évidemment la solution pour que ce FAMEUX, mais fantomatique, mouvement breton commence à être connu de l'ensemble de la population, et,, même,, pas seulement des quatre ou cinq millions de la péninsule B5.
Je ne peux que souhaiter une GRANDE réussite à NHU. Bevet Breizh. Paul Chérel
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