Une présidentielle décalée
Pour comprendre le vote breton de cette élection présidentielle, il est nécessaire de prendre en compte le vote du premier tour. En effet, lors de celui-ci, on a pu constater en fait une sorte de "triangulaire" présidentielle: 27/26/22, les résultats sont serrés et indiquent 3 chemins qui se tournent résolument vers une volonté de changement. Les votes Sarkzy et Royal furent essentiellement des votes utiles traditionnels français lié à la vision dualiste de la 5ème république: 2 camps qui s'opposent et se définissent notamment par opposition l'un à l'autre.
La spécificité bretonne
Contrairement à ce que pensent certains politologues, le vote Bayrou n'a pas été entrainé par un vote "démocrate chrétien", le noyau dur de cette orientation est plutôt à prendre sur le scrutin de 2002 : 6%. La vote Bayrou fut un engouement vers l'ouverture sociale-démocrate européenne, le vote pro-européen de la volonté de réforme en profondeur des institutions et de limitation de la dette publique. La conséquence de ce scrutin est le retour "à l'ordre juste" du dualisme jacobin. On retombe sur une opposition entre le choix des villes, majoritairement Royal avec celui des campagnes, majoritairement Sarkozy. Pourtant, à l'écoute des électeurs, tous voulaient le changement. Par contre seuls certains points ont été retenu avec chacun de ces programmes: l'ouverture sociale-démocrate de Royal et la valorisation du travail et du mérite individuel avec le vote Sarkozy. A priori, le report des votes Bayrou du premier tour ont été majoritairement tourné vers Royal dont le message d'ouverture sociale-démocrate à été entendu. Cependant, de manière incomplète dans les campagnes, où l'implantation de classe moyenne, propriétaire et relativement isolé, non par choix, mais rejeté de la proche périphérie citadine à cause des prix de l'immobilier. Ces électeurs doivent donc faire des efforts individuels pour progresser et réagissent avec méfiance à l'égard d'un vote Royal qui porte le passé socialiste.
Les conséquences
Les votes réformateurs Bretons qui se sont reportés sur Sarkozy ont surtout dénié au PS traditionnel la possibilité de reconnaitre les efforts individuels indispensables aujourd'hui pour affronter le monde tel qu'il est. C'est du vécu. Les annonces de "candidat du changement" de Sarkozy ont été prises comme un ensemble, alors que seules certaines figurent à son programme. Par exemple, la réduction de la dette n'est pas son soucis. Néanmoins N. Sarkozy est un excellent orateur. Son programme est avant tout conservateur: renouer avec la vision de De Gaulle de 1958 à 1969: un régime fort reposant sur une seule personne et s'appuyant sur un repoussoir, le Parti Communiste, allié de l'URSS. Une vision jacobine avec des politiques industrielles d'état, un contrôle à tout les échelons, un révisionnisme de l'histoire pour fédérer une union artificielle et des boucs émissaires pour calmer les mécontents. Un résultat de dupe, entrainé par le souvenir de la duperie du PS dans le passé. L'existence de vieux réflexes gauche/droite qui, bien qu'ils vivent leurs derniers moments, sont encore actifs et bien plus présents dans le reste de la France.
Les réformes structurelles indispensables: se protéger de la frilosité de certaines régions françaises et de l'hégémonie jacobine
Les annonces de Bayrou sur la possibilité d'un premier ministre issu du PS et l'entretien Royal/Bayrou de l'entre-deux tour, montre la nécessité de créer un gouvernement issu de l'expression du plus grand nombre et non seulement d'une majorité nécessairement présidentielle. Les ententes et discutions avant la fin de l'élection présidentielle sont un non sens. Ces négociations doivent avoir lieu au parlement, après les élections législatives et le gouvernement doit en être l'émergeance. Or, le nouveau premier ministre doit être nommé le 16 mai! Le parlement n'est qu'une chambre d'enregistrement du régime présidentiel. Avec des législatives à la proportionnelle, le président Sarkozy serait obliger de prendre en compte les expressions de tous les citoyens et aurait un gouvernement qui regrouperait les plus grandes tendances des électeurs. On le voit en Bretagne, les votes Royal/Bayrou ont reçu 48% des voix au premier tour, ils ont été entendus et représentent 53% au second tour. De même, les expressions des citoyens sont différentes d'une région à l'autre. Dans le cadre de l'application du principe de subsidiarité, il est nécessaire qu'il y ait un parlement Breton qui regroupe toutes les voix qui s'expriment en Bretagne. A partir du moment ou les décisions qui sont prises en Bretagne n'interfèrent pas avec d'autres régions, il n'est d'aucune raison qu'elles n'aient besoins du consentement de Paris. La position géographique de la Bretagne, les revendications culturelles bretonnes, l'esprit d'ouverture sur le monde et de recherche d'entente entre les différentes visions imposent que les Bretons doivent avoir le maximum d'autonomie. C'est le programme du Parti Breton.