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- Dépêche -
Vendredi au procés de Paris

Vendredi, au tribunal de Paris, on a pu entendre les dépositions, accablantes pour les accusés, de plusieurs commissaires de la SRPJ de Rennes et de la DNAT (Division Nationale Anti-Terroriste).

Philippe Argouarch pour ABP le 7/03/04 18:00

Vendredi, au tribunal de Paris, on a pu entendre les dépositions, accablantes pour les accusés, de plusieurs commissaires de la SRPJ de Rennes et de la DNAT (Division Nationale Anti-Terroriste).

Tous ont affirmé que les accusés soi-disant membres de l'ARB étaient des amateurs en matière d'explosifs et qu'un accident du genre de celui de Quévert etait prévisible et même inévitable. Un des policiers a déclaré qu’au moins, du temps du FLB, on attendait que la mèche lente soit allumée avant de quitter les lieux et qu' un des membres de cette organisation avait même été grièvement blessé en essayant de désarmorcer un engin qui n'avait pas explosé.

La police a déclaré avoir été très préoccupée dès le début : “ Ca faisait pas mal de temps que l'on travaillait sur l'ARB et pas mal de temps qu'on se disait que ça allait mal tourner, soit pour les poseurs de bombes, soit pour un témoin” . Le taux d'échec des mises à feu aurait été de 1/3 et la police a décrit les systèmes mis au point par la bande comme “ du bricolage ”. Ces mises à feu artisanales auraient été fabriquées à partir de minuteurs de cuisine achetés au Carrefour local. Il y aurait eu des attentats manqués à Saint-Aubin-du-Cormier, à Dol-de-Bretagne, en plus de celui bien connu des Chèques Postaux de Rennes et celui, tragique, de Quévert qui n'a jamais été revendiqué. Les accusés nient toute participation à cet attentat.

La police a parlé des accusés comme d'un groupe de militants qui se retrouvait le soir dans un Bar de Fougère appelé An Distro. Après avoir bien bu, ils allaient certains soirs poser une bombe. Une sorte de “ terrorisme épidermique ” d'après le commissaire, qui n'aurait rien à voir avec une organisation professionnelle et militaire comme celle de ETA.

Selon Georges Lebbos, un commissaire de la DNAT, ancien de la DST et spécialiste du terrorisme corse, Pascal Laizé aurait reconnu être membre de l'ARB et avoir participé à 6 ou 7 actions entre 1998 et 2000. En tant qu'électricien de profession, il aurait été spécialisé dans les mises à feu. Dans le coffre de sa voiture, lors de son arrestation, la police aurait découvert du matériel compromettant pouvant servir à la fabrication de bombes.

D'après la police, lors de son transfert à Paris, Pascal Laizé avait réalisé les dangers que faisaient courir à sa famille les explosifs qu'il avait dissimulés dans le plafond de sa maison, et avait alors donné les indications nécessaires pour qu'ils soient récupérés au plus tôt. Ce qui fut fait et la police n'a pas manqué de noter que Pascal avait “ pris ses responsabilités ”, d'autant plus que les chiens dressés dans l'art de détecter les bombes, n'avaient rien trouvé lors de plusieurs fouilles au domicile de Pascal Laizé.

Ce dernier aurait aussi donné les noms des autres membres de son groupe basé à Fougères, mais comme l'a précisé son avocat, se serait ensuite rétracté sur ce sujet.

La défense, devant ces dépositions accablantes, n'a pu que se livrer à des digressions sur les conditions de détention pendant les gardes à vue et les interrogatoires. L' avocat de Pascal Laizé a accusé la DNAT de méthodes d'interrogatoire contraires aux droits de l'homme, en particulier le recours à la privation de sommeil. Une enquête du Comité de prévention de la torture aurait eu lieu a ce sujet. Yann Choucq a dénoncé l'absence de confidentialité entre les accusés et leurs avocats, qui doivent communiquer dans les prisons par des interphones où les conversations sont facilement enregistrées. La cour et la police ont nié de telles pratiques mais il faut les croire sur parole, et d'après la défense, aucune procédure de vérification avec huissier n'a pu être conduite dans les prisons en cause.

L'avocate Isabelle Coutant, quant à elle, a réitéré la thèse de la barbouzerie, thèse qui affirme que l'attentat de Quévert, non revendiqué par l'ARB, aurait été perpétré par des barbouzes (une police auxiliaire) avec les explosifs de l'attentat manqué de Pornic. La cour a écouté poliment mais sans conviction apparente, laissant la police répondre. Le commandant de la DNAT, ancien de la DST lui-même, de son propre aveu, a nié catégoriquement toute interférence de la DST en Bretagne au cours de l'enquête. Finalement, l'avocate a quitté l'audience. Sous son bras, elle serrait une photocopie du livre de Roger Falicot. "DST Police secrète ”, document qu'elle se proposait sans doute de soumettre à la cour comme précédent irréfutable prouvant que la DST avait dans le passé "barbouzé" en Bretagne.

L'enjeu du procès n'est plus de savoir si oui ou non ces militants ont posé des bombes, mais bien si oui ou non ils sont responsables de l'attentat meurtrier de Quévert. La difference, pour au moins 4 des accusés, va de quelques années de prison à la prison à vie.

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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