Malgré le vote du Brexit, les échanges privilégiés entre Bretons et Gallois se poursuivent. Le Festival interceltique de Lorient les a illustrés. Les festivités en cours entre Gouesnou et Brecon le prouvent également. Nombre d’autres activités liées à la petite cinquantaine de jumelages spécifiques l’illustrent régulièrement de façon moins médiatisée. Le blog des « semaines galloises » , animé par Jakez Gaucher, permet de se faire une bonne idée de cette démocratie directe internationale qui unit en l’occurrence deux pays qui ont beaucoup en commun et qui décident de ne pas y renoncer.
Nous avions évoqué ici-même en août 2012 le fait que le célèbre château médiéval de Caerphilly, à 15 kilomètres au nord de Cardiff, soit surmonté, au côté du drapeau gallois, d’un grand drapeau breton. Initiative du comité de jumelage Lannion-Caerphilly (côté gallois) et du conseil municipal local qui nécessitait l’accord de CADW, l’institution qui gère les monuments historiques du Pays de Galles.
La même manifestation de sympathie a été répétée en juillet 2014 pour la nouvelle venue des Bretons. Cette année, le comité de jumelage breton, qui rassemble Lannion et Ploubezre, associées à leurs jumelles de Caerphilly et Llanbradach, organisait un nouveau déplacement « familles » au Pays de Galles. Le célèbre château était à nouveau pavoisé aux couleurs bretonnes, mais les drapeaux bretons étaient aussi de belle taille et en nombre, notamment quatre devant l’office du tourisme, non loin du château, au centre névralgique de la ville. Quand on pense que certaines communes bretonnes refusent encore de pavoiser aux couleurs bretonnes…
Les cadeaux protocolaires échangés – de valeur marchande raisonnable - mettent en valeur l’artisanat et la création artistique des deux pays. Les découvertes organisées privilégient non seulement le patrimoine culturel mais aussi les activités économiques des deux pays. Ces jumelages reposent largement sur le bénévolat et la société civile, mais le soutien des autorités locales est nécessaire pour que les activités de ces comités et les échanges soient réellement ouverts à tous. Si les comtés gallois ont des moyens financiers comparables à ceux des départements, les communes ont y ont perdu beaucoup de leurs prérogatives et de leurs moyens financiers, ce qui nécessite un militantisme accru des bénévoles pour financer l’activités de leurs jumelages. Un autre obstacle peut venir du côté breton lorsque les élus font du jumelage une affaire de politique partisane, Dans ce cas, les changements de majorité municipale peuvent compromettre la pérennité des jumelages. Heureusement, ce n’est pas du tout le cas du jumelage à quatre dont il est question dans cet article. Lors des événements, positifs ou négatifs, qui ont affecté les communes d'un bord, les réactions concrètes de solidarité des conseils municipaux jumelés ont montré que ce jumelage reflétait une relation profonde.
La pérennité des jumelages « celtiques » peut aussi être menacée par le recul de l’enseignement… du français outre-manche qui limite les échanges de scolaires : tous ceux de Bretagne apprennent l’anglais mais une petite minorité de jeunes Gallois apprennent le français et leur accueil dans les familles bretonnes pose donc quelques problèmes. Il reste sans doute des expériences à faire du côté des écoles galloises et des écoles bilingues bretonnes, mais la préparation des séjours risque d’être plus lourde, avec un passage total à l’anglais comme langue de communication. Si un tiers des élèves gallois apprennent leur langue, on est plutôt à dix fois moins en Bretagne.
Un jumelage « celtique » est aussi fait pour conduire à toutes sortes de comparaisons et de réflexions, notamment sur les pouvoirs « régionaux » comparés, sur la politique scolaire et sur le degré d’autonomie locale. On est loin des jumelages « petits fours » pour classes moyennes en mal de distractions comme on a pu en connaître !