Le 28 novembre 2006
Une VI° République qui reconduit tous les travers de la V°
Un parfum d'imposture flotte dans cette campagne électorale qui ne porte pas encore son nom mais qui est bien le théâtre de la surenchère lexicale.
Les mots sont réquisitionnés pour leur faire dire tout et n'importe quoi.
Les fédéralistes de Bretagne s'insurgent contre l'utilisation abusive des concepts du fédéralisme quand ils sont dénaturés et pervertis.
Nous avons lu le projet de Constitution de la 6° République rédigé par l'UDF.
Changer le numéro d'une République, sans en modifier les travers ne marque pas une rupture. Une réforme institutionnelle porte sur les contenus, pas sur un chiffre qui renvoie à l'affectif où à l'imaginaire collectif.
François Bayrou propose la substitution, à l'intérieur d'une République centraliste et autoritaire, des tenants du pouvoir UMP aux tenants d'un pouvoir UDF qui, après avoir été envieux, lui est désormais hostile : socialement semblables, idéologiquement identiques.
Le « centrisme révolutionnaire » nous ramène à la monarchie de juillet et au fantôme de Louis-Philippe. La loi fondamentale n'est qu'une charte Constitutionnelle concédée par le Prince du Béarn.
Une nouvelle Constitution est nécessaire mais sa rédaction doit naître d'un débat national.
Quelques points :
Le Sénat est reconduit à l'identique et les sénateurs ne sont pas concernés par l'interdiction du cumul des mandats qui est interdit aux seuls députés. On verra surgir des sénateurs présidents d'exécutifs locaux. Il n'est pas fait mention du cumul dans le temps.
L'UDF encourage le carriérisme politique, pourtant contraire à la démocratie.
Elle bafoue aussi le principe de la séparation des pouvoirs en permettant à un élu de cumuler des fonctions exécutives et législatives.
La réforme du sénat est prioritaire pour les fédéralistes. Le Sénat doit être composé de représentants des régions, élus au suffrage universel.
La Constitution de l'UDF consacre les régions, les départements et les communes comme collectivités territoriales. Rien ne change.
Lé département est une strate inutile, coûteuse dont on doit faire l'économie.
Pis encore : l'UDF nous impose la permanence du corps préfectoral. Le Pouvoir central décide, surveille, contrôle et le cas échéant punit.
Parler d'autonomie des collectivités locales quand elles ne sont pas dotées du pouvoir normatif n'est que verbiage.
Avec cette Charte Constitutionnelle le citoyen reste un spectateur de la vie politique.
L'UDF n'a pas encore saisi que tous les mécanismes qui sont au cœur de la démocratie sont en crise.
La possibilité de référendum d'initiative populaire est une plaisanterie. Le seuil exigé, 1/20, est volontairement trop élevé. Un seuil de 5% est totalement irréaliste : c'est 5 fois le seuil de l'Italie et environ 4,5 fois celui de la Suisse...
Accorder un droit tout en organisant l'impossibilité de l'exercer est une entreprise de dissimulation des desseins réellement poursuivis.
Le citoyen est la dupe d'une tromperie avant de devenir la victime d'une intention perfide.
L'UDF hypostasie la confusion.
Le Mouvement Fédéraliste de Bretagne met en garde les lecteurs sur la manipulation des notions et des concepts qui nuit à leur entendement. L'idée fédéraliste est gravement atteinte par ces malentendus.
La liberté n'est pas une contagion, elle est un rayonnement, au lieu que la confusion est une véritable infection.
L'UDF ne rend pas à la Bretagne sa capacité de décider librement. Elle la place à l'endroit exact où la V° République l'avait assignée : entre dépendance et servitude.
J-Y QUIGUER
MOUVEMENT FEDERALISTE DE BRETAGNE