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Une vie pour la musique : la harpiste galloise Meinir Heulyn au Festival Interceltique de Lorient
Pour la harpiste galloise Meinir Heulyn qu'on pourra voir et entendre, dans quelques jours, au Festival interceltique de Lorient, la musique ne consiste pas seulement à jouer une œuvre, mais à la vivre et à la respirer, en quelque sorte. Durant trente ans, elle a été la harpiste principale de l'Orchestre National Gallois et, depuis 1997, elle a été la directrice du Département de harpe au Collège royal de musique et d'art dramatique du Pays de Galles.
Gwyn Griffiths Par Gwyn Griffiths le 24/07/08 12:25

Pour la harpiste galloise Meinir Heulyn qu'on pourra voir et entendre, dans quelques jours, au Festival interceltique de Lorient, la musique ne consiste pas seulement à jouer une œuvre, mais à la vivre et à la respirer, en quelque sorte. Durant trente ans, elle a été la harpiste principale de l'Orchestre National Gallois et, depuis 1997, elle a été la directrice du Département de harpe au Collège royal de musique et d'art dramatique du Pays de Galles. Sa carrière de soliste est bien connue et elle est aussi considérée comme une des plus remarquables enseignantes du Pays de Galles. En revanche, on connaît moins ses arrangements dans le domaine de la musique pour harpe et son travail d'éditrice.

Alaw, sa maison d'édition, a été fondée il y a vingt ans par Meinir et son mari Brian. « Sans les talents et les compétences professionnelles de Brian, cela n'aurait pas été possible » explique-t-elle. Ils se complètent magnifiquement tous les deux.

Depuis vingt ans, à partir de son domicile de Pontypridd, elle expédie ses partitions musicales dans tous les coins du monde où existe une demande pour la musique de harpe. À la fin du mois d'avril, elle a fait paraître Chi mi na Mor-bheanna/Les montagnes dans le crachin, le premier recueil bilingue – en gaélique et en anglais – jamais publié, recueil de mélodies gaéliques pour la clàrsach, la petite harpe celtique.

Lancé lors du Festival de harpe d'Édimbourg, ce recueil, arrangé par la harpiste écossaise Gwen Mairi Sinclair (qui parle le gallois couramment), s'inscrit dans la tradition gaélique. Il correspond bien à la philosophie de Meinir pour laquelle les jeunes harpistes doivent s'imprégner de leur propre héritage musical quand ils apprennent à jouer de la harpe.

Au mois de juillet, Alaw a tenu un stand au Congrès mondial de harpe qui se tenait à Amsterdam et ils y ont lancé avec un certain succès la nouvelle collection Carin Finch, alors que Catrin s'apprête à effectuer une tournée aux États-Unis l'an prochain. C'est cette année aussi qu'Alaw a lancé son nouveau site internet.

Durant la première semaine de ce mois d'août, Meinir ou plutôt Alaw – aura un stand de musique dans le pavillon du Pays de Galles du Festival interceltique de Lorient, la plus grande vitrine mondiale de la culture celtique. « J'ai été invitée pour la première fois à venir y jouer, il y a quatre ans, et cela m'a incitée à m'intéresser à nouveau à la musique populaire », dit elle. En même temps que ses propres publications, elle y fera fait la promotion des livres et des cédés de musique populaire galloise édités par Sain, Fflach et Kissan. Les harpes de Telynau Teifi seront également présentées sur ce stand.

Elle se souvient : « Ma tante, la sœur de ma mère, qui habitait juste à côté de nous, à Synod Inn, possédait une harpe. Les harpes étaient rares à cette époque et je pouvais jouer sur la harpe de tante Ela des airs attrapés à l'oreille. Ma mère proposa que je suive des leçons. »

« Quand j'ai eu dix ans, j'ai commencé à prendre des leçons avec Alwena Roberts, un samedi sur deux, au centre de l'Urdd à Aberystwyth. Elle était une enseignante extraordinairement mobile. Elle habitait à Denbigh mais elle voyageait en car à travers le nord du Pays de Galles allant aussi loin qu'Aberystwyth pour donner des cours de harpe dans différents centres. »

« Elle eut parmi ses élèves Osan Ellis, Susan Drake (qui faisait un long trajet depuis Newport dans le Pembrokeshire, pour prendre des leçons avec elle), Elinor Bennett (Wigley), Mair Jones, l'ancienne première harpe de l'Orchestre philharmonique de Liverpool, et beaucoup, beaucoup d'autres harpistes tout au long de sa vie ».

Les cours de harpe ne furent pas le début de sa formation musicale. Comme beaucoup d'enfants gallois de sa génération – elle n'a que 60 ans – elle reçut des leçons de solfège dans sa paroisse de Synod Inn ainsi que des cours de piano, au début avec la fille de fermiers locaux qui avait suivi la formation de l'un des collèges de musique du pays. « Je suppose que je ne devais pas être trop mauvaise car c'est moi qui tint l'orgue à son mariage. J'avais environ dix ans. »

Elle continua ses études musicales avec le légendaire professeur (ainsi qu'il se nommait lui-même) Ted Morgan, de Llandysul. « J'appris ensuite peu de choses en ce qui concerne l'harmonie quand j'allai étudier la musique à l'Université de Cardiff. J'avais déjà tout reçu de Ted Morgan », dit elle.

De très bonne heure dans sa carrière, elle prit conscience qu'il y avait très peu de partitions disponibles dans le domaine des arrangements pour la harpe. « Des arrangements de tous les airs de Cerdd Dant, par exemple, existaient pour le piano, mais les harpistes en nombre toujours croissant devaient se débrouiller avec leurs propres moyens ».

C'est peut-être à ce moment-là, alors qu'elle s'efforçait de jouer à la harpe les arrangements pour piano par Morris d'airs gallois traditionnels de Haydn et les Chants du pays de Galles de Brinley Richard qu'elle réalisa qu'il était nécessaire de faire des arrangements appropriés des vieilles mélodies galloises. C'est alors sans doute que germa en elle l'idée d'entreprendre ce qui allait devenir une part importante de sa vie une dizaine d'années plus tard.

Elle se souvient d'un incident amusant qui survint dans son adolescence. Elle avait environ 14 ans et était élève du collège d'enseignement général d'Aberaeron, quand ses professeurs lui demandèrent de venir jouer de la harpe dans le cadre d'une soirée organisée dans un hôtel de Lampeter.

« Je fis part de cette invitation qui m'avait été faite à Alwena Roberts, et celle-ci, immédiatement, s'opposa à ce que je m'y rende. “Je n'ai pas passé ma vie à extraire la harpe des pubs afin de l'amener dans les salles de concert pour te voir l'y ramener” me dit-elle. Ma mère partagea cette opinion et c'est ainsi que m'échappa mon premier cachet ! »

Bien d'autres invitations devaient être faites par la suite à cette jeune fille douée. Et elle devait rompre avec certaines traditions. Elle fit sensation le jour où elle alla jouer de la harpe comme accompagnatrice à l'Eisteddfod national en montant sur scène en pantalons. Les harpistes de sexe féminin ne faisaient pas des choses pareilles à l'époque. Ce fut une première et il s'écoula encore quelque temps avant que d'autres fassent de même à sa suite.

Après avoir obtenu son diplôme universitaire en musique à Cardiff, elle devait faire un stage d'un an comme enseignante et elle s'apprêtait à se rendre à un entretien d'embauche pour un poste d'enseignante à l'Ysgol Morgan Llwyd, à Wrexham, quand elle reçut un message de Victor Salvi, de la fameuse famille italienne de facteurs de harpes, qui cherchait une jeune fille au pair. Elle partit passer une année sur la Riviera italienne, près de Gênes.


Le Conservatoire Paganini

Ce fut pour elle la magnifique opportunité de continuer ses études de harpe au Conservatoire Paganini et, à la fin de l'année, elle se présenta pour une audition à l'orchestre de formation de la BBC basé à Bristol, qui décida de l'engager. À partir de là, elle fut nommée harpiste principale de l'orchestre de l'Opéra national du Pays de Galles.

Elle y fit la connaissance de celui qui allait devenir son époux, Brian Raby, premier trombone de l'orchestre, et leur mariage fut célébré en 1973. « Tout en étant instrumentiste, Brian était également copieur professionnel de musique. À cette époque où les appareils à photocopier n'étaient pas très au point, les partitions musicales des orchestres devaient être copiées à la main. C'était un travail que Brian réalisait pendant ses temps libres, et les musiciens peuvent avoir pas mal de temps libre ! »

Dans les années 1970, Meinir commença à arranger des airs gallois pour la harpe, répondant ainsi à un besoin qu'elle avait identifié dix ans plus tôt alors qu'elle était encore adolescente. « J'écrivis mon premier arrangement alors que je me trouvais à la maternité, au moment de la naissance de Gwen ». Gwen devait devenir une jeune fille charmante et talentueuse, mais elle mourut tragiquement à l'âge de 15 ans.

Ces premiers arrangements furent publiés par Adlais, la maison d'édition d'Ann Griffiths, harpiste d'Abergavenny. L'époux d'Ann Griffiths, le regretté Dr Lloyd Davies, avait l'habitude de passer un mois chaque année en mer, comme médecin à bord d'un navire et, durant ce temps, il préparait des partitions de musique en letraset pour, leurs futurs recueils. On ne peut douter de la remarquable capacité de Meinir à produire des arrangements pour les harpistes de tous âges et de tous niveaux, mais pour apprécier vraiment son talent, il n'y a pas de meilleur moyen que d'écouter son cédé Ar Lan y Môr, édité par le label Sain, et d'admirer le panache et l'énergie de son interprétation d'Ar Waun Tredegar.

Les talents de copistes de Brian furent pleinement utilisés durant les premières années d'Alaw. Les partitions des premières éditions de Sain y Werin étaient méticuleusement et magnifiquement copiées à la main par Brian. Maintenant, il réalise ce travail avec un ordinateur. Il a quitté l'Orchestre philharmonique de Londres, il y a deux ans, pour jouir de sa retraite.

Leur fille, Sara Mair, une linguiste distinguées, est la gérante d'une société de ski à Courchevel, en France, non loin de la frontière suisse, et c'est elle qui a construit avec son mari, Robbie, le nouveau site internet d'Alaw. Elle est également devenue la représentante de Telynau Teifi pour la France, une aventure passionnante pour elle et pour Telynau Teifi.

« En tant que maison d'édition, je pense que nous sommes bien placés pour sentir le pouls de ce qui se passe dans le monde de la musique », dit Meinir. « Je continue mon travail de soliste et mes activités d'enseignement, à la fois en cours particuliers et dans le cadre du Collège royal de musique et d'art dramatique du Pays de Galles; Brian continue à jouer du trombone dans des orchestres réputés. Nombre d'autres musiciens professionnels collaborent à nos publications – Catrin Finch, Sheila Kanga, qui enseigne à l'Université de Londres et dirige les études de harpe à l'Académie royale de musique, et le doyen des harpistes hollandais, Edward Witsenbourg. »

Des harpistes et des musiciens de la région de Pontypridd collaborent également et arrangent de la musique pour Alaw, le compositeur Robert Swain, la harpiste Katherine Thomas, qui joue pour l'Opéra national du Pays de Galles et Gillain Green, un des professeurs les plus couronnés de succès et co-directeur de Telynau Morgannwg (la Guilde des harpistes de Glamorgan).

Telynau Morgannwg, dont elle fut la co-fondatrice et la directrice, est un des autres domaines dans lesquels Meinir à des projets pour le long terme. Au fil des ans, cette structure a aidé beaucoup de jeunes talents prometteurs à progresser' et à devenir des harpistes réputés. Elle célébrera l'an prochain son 25e anniversaire.

L'édition musicale est un métier difficile. Le succès d'Alaw est dû pour beaucoup au fait que Meinir et Brian ont su bien identifier un besoin. Par leur engagement total au service de la musique, leur sensibilité aux courants et leur rapidité de réponse et d'adaptation aux évolutions, ils ont su exploiter avec beaucoup d'intelligence et d'efficacité une niche très spécialisée.

(voir le site) de Alaw.

Gwyn Griffiths

( voir l'article ) texte original en anglais. Traduction-adaptation Bernard Le Nail.

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Gwyn Griffiths est correspondant ABP pour le Pays de Galles. Délégué gallois du "Comité international de sauvegarde de la langue bretonne", il est aussi ancien journaliste de BBC Cymru, collaborateur de plusieurs journaux et magazines gallois, dont Cambria, auteur de nombreux livres en gallois et en anglais sur la Bretagne. Il est grand connaisseur et ami de la Bretagne où il est déjà venu une quarantaine de fois. Il est co-éditeur (au sens anglo-saxon) avec Jacqueline Gibson, du livre "The Turn of the Ermine. An Anthology of Breton Literature". (London, Francis Boutle Publishers, 506 p., 2006).
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