L'Hôtel des Monnaies de Paris propose depuis peu la vente de pièces de 10E pour chaque Région de France. Celle dédiée à la Bretagne représente deux symboles de notre pays : une carte de notre territoire et un pavillon herminé. Ces deux symboles sont trompeurs.

L'Hôtel des Monnaies de Paris propose depuis peu la vente de pièces de 10 euros pour chaque Région de France. Celle dédiée à la Bretagne représente deux symboles de notre pays : une carte de notre territoire et un pavillon herminé. Ces deux symboles sont trompeurs.

On peut se demander pourquoi cette création monétaire aujourd'hui et avec quelles intentions l'Histoire de la Bretagne a été utilisée ?

D'un côté le drapeau gravé sur la pièce (le pavillon ducal) apparait comme passéiste. Certes il fait référence à l'histoire mais il n'a plus cours de nos jours et bien peu de Bretons le connaissent. Alors que nous avons en adéquation chronologique avec la Bretagne contemporaine un drapeau moderne créé en 1927 par Morvan Marchal : le Gwenn ha du. Il est connu de tous et quasiment officiel. Craint-on en gravant le Gwenn ha du sur cette pièce un renforcement et une mise en valeur d'une identité désormais assurée ?

D'un autre côté la carte, elle, nie l'histoire de notre pays, le découpage régional représenté ici n'a rien à voir avec avec l'Histoire des Bretons.Il est issu du Régime de Vichy en 1941 quand la France n'était plus une République. Ce découpage a été entériné par la création des Régions administratives en 1961. Il prive toujours aujourd'hui la Bretagne historique du 1/5 de son territoire. Avec ce paradoxe que le château des Ducs de Bretagne ne se trouve plus... en Bretagne. Cette pièce semble vouloir figer notre pays dans des limites illégitimes et régulièrement contestées par la population et les élus depuis près de 70 ans.

L'idée d'une création monétaire est certainement une initiative intéressante.Elle semble reconnaître l'existence de Régions historiques et d'Identités particulières. Mais ici, telle qu'elle nous est présentée, elle ne peut être soutenue car elle fixe une double falsification historique.

Cette pièce tend à brouiller les repères historiques dont les Bretons ont besoin pour assurer la pérennité de leur Identité. Elle correspond ainsi à une nouvelle adaptation de la politique de centralisation culturelle toujours active.

Pourtant elle ne pourra faire oublier aux Bretons ni leur extraordinaire richesse historique ni que les monnaies ne correspondent jamais qu'à un moment changeant de l'histoire des peuples. Ainsi la France, comme les autres États de l'Union Européenne, a déjà perdu le droit régalien de frapper sa monnaie. Il ne lui reste que les monnaies-souvenirs pour collectionneurs nostalgiques.