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- Communiqué de presse -
Une machine qui tue
Dans l'excellent film « Deux Hommes dans la Ville » sorti en 1973, José Giovanni réglait quelques comptes avec une certaine dérive policière et judiciaire de l'après guerre et en profitait pour militer contre la peine de mort, laquelle fut légalement interdite en France en 1981
Par Pascal Dazin pour alphabet du respect des enfants le 20/08/09 13:23

Dans l'excellent film « Deux Hommes dans la Ville » sorti en 1973, José Giovanni réglait quelques comptes avec une certaine dérive policière et judiciaire de l'après guerre et en profitait pour militer contre la peine de mort, laquelle fut légalement interdite en France en 1981.

Gabin, éducateur de prison, ne pourra sauver de l'assassinat légal un ancien délinquant (Alain Delon) rendu « fou furieux » par l'acharnement contre lui d'un policier (Michel Bouquet) depuis sa sortie de prison.

Le procureur (Jacques Monod) réclamera que l'on tranche la tête de celui qu'il présente comme un dangereux maniaque, un forcené calculateur, en gommant aussi habilement que malhonnêtement le passé du prévenu et les intrusions perverses du commissaire dans la vie de l'accusé.

Le jour du procès, l'éducateur ne parviendra pas à éveiller la conscience des jurés, qui sont montrés sous le jour de conformistes subjugués par les effets de manche de l'avocat général et par la mise en scène macabre du procès.

Je retiens deux phrases de José Giovanni (qui savait intimement de quoi il parlait, ayant passé dix ans injustement mais légalement en prison, et ayant échappé de très peu à la décapitation), phrases déclarées sobrement par Jean Gabin :

- « la justice doit être juste, mais pas cruelle » ;

- «et puis derrière tout ça, il y a cette chose que j'ai vu : une machine qui tue» .

Nous sommes en 2009. La judiciarisation massive des séparations parentales remonte à 1970, soit trois ans avant la sortie de ce film et onze ans avant l'interdiction officielle de la peine de mort.

Or, depuis trente neuf ans, l'appareil judiciaire provoque des suicides, des actes de violences insensés, et des souffrances humaines aussi illégitimes qu'illégales.

Non plus sur des présumés coupables de meurtres, mais sur de simples parents, le plus souvent des pères, que cet appareil n'hésite pas à pousser au désespoir ou à au meurtre.

Qu4il soit bien entendu que je ne parle pas du tout des souffrances passionnelles et des blessures narcissiques que les ruptures amoureuses peuvent également engendrer : le sujet n'est pas là. Je parle des violences psychologiques et des blessures humaines profondes que la dénaturation judiciaire entraîne pour valider les discriminations positives et les meurtrissures parentales imposées sur ordonnances.

C'est-à-dire que depuis 39 ans, en violant d'abord une convention déjà ratifiée (celle des Droits de l'Homme) puis une autre convention qui fut ratifiée en 1993 (celle des Droits de l'Enfant), l'état français laisse l'appareil judiciaire normaliser les séparations parentales pour le plus grand bien des cabinets d'affaires et des professionnels du droit gravitant autour de cette mine inépuisable de procédures inadaptées à la problématique des difficultés parentales.

Au regard de ma première citation, José Giovanni ne pouvait appréhender, en 1973, que très rapidement, il ne s'agirait même plus de savoir si la justice est cruelle ou non, mais d'affirmer qu'elle se mêle illégalement de ce qui ne la regarde pas en première intention, quitte à entraîner des souffrances inégalées dans l'histoire des institutions de l'après-guerre.

Mais au sujet de la seconde citation de ce film bouleversant, je le dis moi aussi, je l'écris et signe en tant que citoyen, en tant que médecin et en tant que responsable associatif chevronné:

derrière tout ça, derrière cette pompe à affaires faciles et sans risques, il y a cette chose, que tout le monde peut voir, sans réagir, à l'instar des jurés dans le scénario. Il y a cette chose que je vois : une machine qui broie, qui normalise, qui tue hypocritement sans assumer les conséquences de ses actes qui relèvent bien trop souvent du narcissisme pervers.

En capturant d'emblée les parents sous prétexte de difficultés relationnelles, et même en dehors de ce type de difficultés morales et psychologiques, la machine judiciaire familiale et ses très nombreuses procédures de conversion pénales laisse mourir, crée artificiellement d'insoutenables troubles identitaires chez les parents désinvestis de l'essentiel de ce qui construit leur identité globale.

On parle actuellement beaucoup, et à juste titre, des troubles identitaires parfois catastrophiques que subissent, surtout depuis une dizaine d'années, salariés et demandeurs d'emploi, dans une phase de transformations mondiales du capitalisme, passant du stade industriel au stade financier, et de réorganisations elles aussi mondiales du marché du travail.

On évoque les suicides au travail, fort heureusement extrêmement limités actuellement, les suicides en prison, avec comme remède des vêtements impossibles à déchirer, exactement comme on masque la pollution par nitrates en retirant les algues vertes..

Je dis là encore, en tant que médecin du travail et responsable associatif, que les suicides liés à des troubles identitaires familiaux, qui étaient quant à eux facilement et parfaitement évitables en restant humains face aux problèmes de couples parentaux, sont hélas bien plus nombreux.

Pourquoi ne parle t'on jamais des coupables violences institutionnelles d'un appareil judiciaire débridé, et évoque t'on sans cesse les souffrances au travail (en occultant d'ailleurs les souffrances majeures de ceux qui n'ont pas ou presque pas de travail) ?

Pourquoi le sujet du facile apaisement des esprits, et de l'amélioration pas plus difficile à mettre en œuvre des destinées parentales est-il tabou, alors que tant de beaux esprits plaident journellement au sujet de la vie au travail, infiniment plus complexe à harmoniser avec les nouveaux besoins sociétaux ?

-Parce que c'est à présent le même appareil d'état qui fabrique la pensée unique.

-Parce que depuis 2002, les mêmes professionnels du droit, après avoir définitivement et illégitimement capturé le marché historiquement unique des séparations parentales en étouffant les conséquences morbides de cette capture, s'attaquent maintenant au monde du travail et multiplient les incitations à procès, qui pour harcèlement, qui pour licenciements.

-Et parce que l'Etat a renoncé aux outils préventifs, sous prétexte de démantèlement des services publics à amalgamer dans le champ concurrentiel, et s'est montré d'une grande lâcheté face à des groupes de pression qui prospèrent en créant des conflits si souvent artificiels et inutiles, du moins en première intention.

Quant à moi, médecin, et qui plus est médecin social militant pour la prévention des conflits, des troubles psychopathologiques secondaires aux violences institutionnelles, je ne me tais pas, que je ne suis pas, au contraire du scénario de Giovanni, un juré d'assises endormi. Dès 2002, dans un livre que j'ai intitulé « les séparations parentales : l'impasse judiciaire » , j'énumérais dans un chapitre leur étant consacré ces troubles psychopathologiques pourtant si facilement évitables, en ayant un peu plus de fermeté politique face aux pressions des lobbies intéressés par cette capture.

Il est à cet égard évident qu'il sera aussi difficile d'harmoniser les activités humaines avec les nouvelles exigences planétaires, tant économiques qu'écologiques, qu'il serait facile de faciliter l'exercice des nouvelles libertés parentales individuelles avec les exigences affectives, éducatives et sociales des enfants concernés par les séparations familiales, si un lobby et un seul ne s'y opposait avec un mercantilisme cynique inédit dans mon expérience de médecin du travail, pourtant fort riche.

Mettant en avant mon titre de docteur en médecine, ma spécialisation de médecin du travail, et mon expérience professionnelle de près de trente ans, j'engage ma déontologie, article R.4127-13 du code de la santé publique :

Lorsque le médecin participe à une action d'information du public de caractère éducatif et sanitaire, quel qu'en soit le moyen de diffusion, il doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos auprès du public. Il doit se garder à cette occasion de toute attitude publicitaire, soit personnelle, soit en faveur des organismes où il exerce ou auxquels il prête son concours, soit en faveur d'une cause qui ne soit pas d'intérêt général.)

Docteur Pascal Dazin Médecin du travail Président de l'Alphabet du Respect des Enfants

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Vos 1 commentaires
bernard chapalain Le Mardi 31 août 2010 23:27
« la justice doit être juste, mais pas cruelle » Bien sûr, on ne peut que souscrire à cette affirmation, au pénal la justice doit défini la peine la plus juste pour le délit, crime commis. C'est au civil qu'elle faillit à cette idée, en effet dans les chambres familiales on discrimine (9 fois sur 10) un des parents, en accordant la résidence des enfants à l'autre (avec tous les avantages que cela confère). Ce genre de décision est équivalent à une peine pour le parent discriminé (le père en général), une peine pour quel délit ? N'est-ce pas cruel ? «et puis derrière tout ça, il y a cette chose que j'ai vu : une machine qui tue». Chaque semaine on lit dans la presse, on entend sur les ondes qu'un père a tué ses enfants, sa famille, a mis fin à ses jours. Très souvent ce genre de drame est consécutif à une séparation familiale, d'ailleurs cela est clairement dit. Or ce n'est pas la séparation qui engendre ces horreurs, c'est bien le traitement des séparations ! Un père qui d'un coup se voit retirer le droit de vivre avec ses enfants, qui voit son ex épouse partir au loin avec les siens etc. tout cela sans ménagement, souvent accusé de je ne sais quels torts, défauts, tares .. Un tel père peut « péter les plombs », je me souviens du cas d'un maire respecté qui s'était suicidé après avoir détruit sa famille, un homme qui s'était toujours comporté comme responsable de ses actes. Ces deux phrases du film de Giovanni ont de la résonnance dans notre société actuelle, pourtant il serait aisé de la limiter. En effet, déjudiciarisons d'abord les séparations parentales, traitons les par le social et non plus par le judiciaire. Ainsi les rapports seront humanisé, les accords entre parents facilité, car en justice il faut un gagnant et un perdant ! Une solution serait donc la médiation sociale systématique, ne plus aller en justice que dans des cas graves, insoluble par le social. Il en va du sort des familles et de l'équilibre de cette génération d'enfants issus des séparations familiales.
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