Une libre opinion sur l'affaire des sous – loyers
Il nous a été révélé que deux personnalités éminentes de notre monde politique – un ancien ministre et un ancien préfet de Paris – occasionnellement prêcheurs de vertu républicaine et jouissant de revenus parmi les plus élevés que nos contributions financent, étaient depuis longtemps logés dans de vastes appartement du domaine public, classés "HLM", et en conséquence ne payaient de loyers qu'au tiers environ du prix du marché. Bien sûr, ces gens s'étaient jusqu'alors, sur cet avantage, montrés plutôt discrets. L'un d'eux a promptement réagi à la dérangeante manifestation de l'état de fait en déclarant qu'il était loin d'être le seul à en bénéficier, et que, si son cas se voyait révélé, l'équité voulait qu'on révèle aussi les identités de quelque 200.000 autres personnes jouissant dans l'ombre du même privilège. Que penser de tout cela ? Il serait exagéré de taxer les deux personnes en question de malhonnêteté. Pourtant la discrétion même dans la quelle ils tenaient leur affaire est suspecte : ne savaient-ils pas qu'ils profitaient d'un passe-droit ; ignoraient-ils le dicton populaire qui dit que tout ce qu'il faut cacher est mal ? Et l'argument du type "Attention, il n'y a pas que moi !" mis en avant par l'un des protagonistes n'est-il pas lui aussi bien douteux ? Ne peut-on lui opposer l'adage juridique suivant lequel "Nul ne peut s'excuser de sa turpitude en invoquant la turpitude des autres" ! Qu'en conclure ? Irons nous jusqu'à clamer que ces éminents représentants de notre élite sont des gens malhonnêtes ? Ce serait exagéré : il leur manque une autre qualité, plus exigeante que l'ordinaire honnêteté. C'est la probité, que le Petit Robert définit comme la vertu qui consiste : "à observer scrupuleusement les règles de la morale sociale, les devoirs imposés par l'honnêteté et la justice". Nous avons connu un homme d'Etat incontestablement probe en la personne du Général de Gaulle : son intégrité n'a jamais été mise en cause. Ses successeurs sont de toute évidence moins exigeants avec eux-mêmes. Entreprendre de leur faire la morale est inutile. Membres de l'aristocratie qui nous gouverne, ils se savent de toute façon hors de notre atteinte : ils se contenteront de faire le gros dos ; le scandale sera amorti, et l' "affaire des sous – loyers" sera vite oubliée. Méditons pourtant quelques citations de l'époque des "Lumières" : - de Vauvenargues (1715-1747) : "La probité est un attachement à toutes les vertus civiles". - de Duclos (1704-1772) : "Qui n'aurait que la probité que les lois exigent serait encore un malhonnête homme" - de Montesquieu (1689-1755) : "Le plus grand mal que fait un ministre sans probité, c'est le mauvais exemple qu'il donne". Et aussi, deux autres plus récentes : - de Casimir Delavigne (1793-1843) : "Ni liberté ni loi sans probité publique". - de Lamartine (1790-1869) : "La probité est la vertu des démocrates ; car le peuple regarde avant tout aux mains de ceux qui le gouverne". C'est cette dernière remarque, de Lamartine, qui va nous permettre de conclure. Nous sommes fédéralistes parce que nous voulons en finir avec le système centralisé actuel qui, précisément empêche le peuple, une fois les élections passées, de regarder dans les mains de ses élus. Nous voulons en finir aussi avec l'administration napoléonienne qui règle ses petites comme ses grandes affaires sans que le peuple y ait le moindre droit de regard. Nous sommes fédéralistes parce que nous croyons à une démocratie proche des citoyens : finalement, nous sommes fédéralistes parce que nous sommes d'abord et avant tout, tout simplement de vrais démocrates.
Le 26 décembre 2007
Jean-Yves QUIGUER, président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne