Non, vous ne rêvez pas. Nous avons en Bretagne une gare, pas même bilingue, mais trilingue ! La SNCF se serait-elle enfin muée en service public respectueux des langues minorisées et mettrait-elle en place dorénavant des mesures volontaristes d'affichage des langues bretonne et gallo ? Trêve de naïveté et de candeur. Pas de place pour nos langues dans une SNCF appelée à marquer le paysage ferroviaire européen de son sceau. Place plutôt à l'anglais et à l'allemand, comme le montre le trilinguisme généralisé de la gare de Nantes. Visiblement, certaines langues bénéficient de l'attention de la SNCF, surtout quand elles sont liées à un intérêt économique. Que dire de cette stratégie cynique d'une SNCF qui se met ouvertement au service du pouvoir économique au détriment de ses usagers, quel que soit l'attachement de ces derniers à la diversité culturelle ou leur statut de locuteurs de langue minorisée ? Interprétation plutôt restrictive de l'idée de service public ! Par conséquent, le double discours des dirigeants SNCF sur le multilinguisme, positif lorsqu'il s'agit d'anglais et d'allemand, indifférent sinon hostile envers les langues minorisées, n'en est que plus révoltant. C'est ainsi qu'ils n'ont aucun scrupule à avancer l'argument du coût d'une hypothétique bilinguisation français-breton des gares, alors que par ailleurs ils ne se font pas prier pour afficher d'autres langues, d'un autre pouvoir économique il est vrai. Pas rentables le breton et le gallo ! Aucune utilité ! Sachons en tout cas apprécier à sa juste valeur cette modeste contribution de la SNCF à l'uniformisation de l'Humanité, à la domination de l'économique sur le culturel, à l'avènement d'un monde où les langues et cultures minoritaires seront enfin laminées et cesseront d'être des obstacles au nivellement-abrutissement culturel que nous impose la mondialisation libéraleet#8230;