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- Dépêche -
Un maire d'origine algérienne bientôt à Rennes ?
Les élections municipales auront lieu dans moins de trois mois et, un peu partout en Bretagne comme dans le reste de l'hexagone, on s'agite beaucoup dans le monde politique pour composer des listes, rédiger des programmes, rassembler des fonds, mettre sur pied des comités de soutien et préparer le
Bernard Le Nail pour ABP le 17/12/07 17:06

Les élections municipales auront lieu dans moins de trois mois et, un peu partout en Bretagne comme dans le reste de l'hexagone, on s'agite beaucoup dans le monde politique pour composer des listes, rédiger des programmes, rassembler des fonds, mettre sur pied des comités de soutien et préparer le déroulement de la campagne.

À Rennes, deuxième ville de Bretagne, la situation paraît actuellement très ouverte du fait de la décision prise de longue date par le maire, Edmond Hervé, de ne pas briguer un sixième mandat, alors qu'il était en position de l'emporter haut la main, tant son bilan est jugé positif par une large majorité de Rennais, bien au-delà de sa base politique. Chacun salue d'ailleurs sa sagesse : Edmond Hervé qui vient seulement de fêter son 65e anniversaire, il y a quelques jours, et qui semble en excellente forme, a estimé que trente ans à la tête de la ville était une durée largement suffisante.

Entré au tout nouveau parti socialiste en 1966, il avait été élu conseiller général en 1973 et maire de Rennes en 1977, à l'âge de 34 ans, puis député en 1981. Il ne put sièger alors au Palais Bourbon car, presqu'aussitôt, il entrait au gouvernement. Après cinq années de fonctions ministérielles, à la santé, puis à l'énergie et à nouveau à la santé, il était revenu devant les électeurs et avait été réélu député d'Ille-et-Vilaine et également conseiller régional. en 1989, il devenait le président de l'agglomération rennaise, aujourd'hui dénommée "Rennes Métropole". En 30 ans, Edmond Hervé aura fait profondément bouger sa ville dans de très nombreux domaines et son départ pourrait, au moins théoriquement, entraîner une complète redistribution des cartes.

Le choix d'un dauphin a longtemps suscité bien des interrogations. On a parlé ainsi de Pierrick Massiot, son premier adjoint à la Ville de Rennes et vice-président de Rennes Métropole aujourd'hui âgé de 59 ans, mais, si celui-ci a l'image d'un bon gestionnaire, il n'est pas une "bête politique" et semble plus un homme de dossiers qu'un tribun batteur d'estrades.

Il y a quelques mois, Edmond Hervé a proposé et fait adopter par les instances rennaises du Parti socialiste un autre de ses proches pour sa succession : Daniel Delaveau, 54 ans, maire de Saint-Jacques-de-la-Lande, conseiller général et lui aussi vice-président de Rennes Métropole. Même si son nom est familier des habitants de l'agglomération rennaise et s'il a déjà une grande expérience dans le domaine des affaires publiques, il est évidemment très loin d'avoir l'aura du maire sortant et son bilan comme maire de Saint-Jacques-de-la-Lande est plus discuté. Il faut dire que cette commune qui compte aujourd'hui plus de 8 000 habitants est bizarement constituée, l'ancien centre du bourg rural d'autrefois étant séparé par la campagne de la partie où vit aujourd'hui le gros de la population et qui est surtout une excroissance de la ville de Rennes, formant un continuum avec elle. Daniel Delaveau s'est lancé dans un ambitieux pari d'urbanisme visant à réunir ces deux parties si différentes par la création entre elles d'une sorte de ville nouvelle. Il l'a fait avec une volonté exemplaire de mixité sociale, mais avec des choix architecturaux beaucoup plus discutables, qui font parfois comparer ces nouveaux quartiers à Berlin Est avant la chute du Mur. Cet ambitieux programme aurait contribué aussi à "plomber" les finances de de sa commune... Même si l'engagement total d'Edmond Hervé à ses côtés est un atout majeur, Daniel Delaveau ne semble pas avoir le charisme de l'ancien ministre et la bataille promet donc d'être rude. Face à lui, Daniel Delaveau va affronter deux adversaires très différents, mais qui ont en commmun d'être totalement nouveaux en politique l'un et l'autre : Karim Boudjema pour la droite et Caroline Ollivro pour le centre.

Comme son nom l'indique, Karim Boudjema est d'origine algérienne et, s'il l'emportait, il serait le premier maire d'une ville française de plus de 100 000 habitants d'origine nordafricaine et musulmane. Mais en Bretagne où a été élu en 1989 le premier maire (puis député) natif d'Afrique noire, Kofi Yamgnane, originaire du Togo, cette origine n'est vraiment pas un problème (ce qui est en revanche beaucoup plus surprenant, c'est qu'il n'y ait pas encore en France plus d'élus d'origine nordafricaine, alors que plus de 10% des habitants de l'hexagone partagent cette origine). La candidature de Karim Boudjema soulève d'autant moins de réserves qu'il est de père algérien, mais de mère française, et qu'il est une sommité dans le monde médical. À 50 ans, il a la réputation d'un très grand chirurgien au CHU de Rennes et c'est d'ailleurs presque à son corps défendant qu'il a accepté d'entrer en politique à la demande pressante de Pierre Méhaignerie, député-maire de Vitré et secrétaire général de l'UMP. Il était encore totalement inconnu du public rennais, il y a quelques mois, et c'est Loïc Lebrun, chef de l'opposition à Edmond Hervé au conseil municipal de Rennes, ancien UDF passé à l'UMP, qui semblait devoir mener la droite à la bataille. Si le choix d'un outsider a pu susciter des remous en interne, la droite n'en a rien laissé paraître et la puissante machine de l'UMP s'est mise en marche. Depuis quelques semaines, les Rennais ont découvert le visage de Karim Boudjema grâce à des milliers et milliers d'affichettes avec sa photo collées dans toute la ville et grâce aussi à une lettre, avec sa photo en couleurs, tirée à 80 000 exemplaires et distribuée dans totues les boîtes à lettres.

Le troisième candidat, ou plutôt la candidate, Caroline Ollivro, part dans la bataille avec plusieurs handicaps sérieux. Elle a été la dernière à recevoir son investiture officielle; son parti, le MODEM, vient tout juste de voir le jour et n'est pas bien identifié - les accords qu'il passe actuellement avec d'autres formations et qui varient beaucoup d'une ville à une autre, ne facilitent pas cette identificatio; ce qui est sûr en revanche, c'est que le MODEM ne dispose pas encore d'un véritable appareil, avec des réserves financières importantes et une armée de militants aguerris, comme en ont le PS et l'UMP. Caroline Ollivro a eu aussi beaucoup de mal à faire accepter sa candidature parmi les militants du MODEM à Rennes et en Ille-et-Vilaine, parce qu'elle était une femme et parce qu'elle n'était pas une "professionnelle" de la politique. C'est François Bayrou personnellement qui a estimé qu'elle était la meilleure pour porter les couleurs du MODEM à Rennes. A priori, Caroline Ollivro ne semble pas pouvoir "faire le poids" par rapport à ses deux adversaires masculins. Et pourtant, cette jeune femme énergique et souriante, mère de cinq enfants, qui parle vrai et qui suscite immédiatement la sympathie de tous ceux qui la rencontrent, pourrait bien créer la surprise au premier tour des élections municipales.

Une chose au moins est certaine : jamais sans doute depuis longtemps, les électeurs rennais n'ont été aussi indécis à moins de trois mois d'élections municipales et le jeu reste donc extrêmement ouvert.

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Bernard Le Nail est un écrivain fondateur de la maison d'édition LES PORTES DU LARGE. Contributeur ABP
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