Le massacre de Suruç, (voir le site) non revendiqué par Daesh, apparaît de plus en plus comme une machination (voir le site) pour justifier ce qui ressemble à un coup d'Etat, préparant une campagne électorale musclée pour des élections législatives anticipées annoncées le 1er novembre prochain. En plongeant son pays dans le chaos, RT Erdoğan espère apparaître comme le sauveur, regagner des soutiens perdus et réaliser son rêve de régner en maître, avec les pouvoirs absolus. Cette guerre voulue par le sultan Erdoğan fait rage.
Le KNK [1] donne les exemples de Cizre (province de Sirnak) et de Sur (arrondissement-centre de Diyarbakir) :
"des milliers de policiers, militaires et membres des forces spéciales d'intervention ont été déployés dans les écoles et dans les autres institutions publiques autour des quartiers de Nur, Cudi et Yafes à Cizre et de Hasirli à Sur. De nombreux panzers et autres véhicules de combat occupent en outre les rue, faisant croître le niveau d'intimidation et de terreur. Les informations recueillies indiquent la présence de quelque 600 policiers des unités spéciales d'intervention, à bord de 250 véhicules blindés disséminés dans les districts. Par ailleurs, on signale l'arrivée deux jours auparavant de 150 cars transportant des unités spéciales, conformément à une instruction du ministère de l'intérieur. A Cizre et Sur, les civils résistent contre le couvre-feu institué depuis hier, tandis que les jeunes organisent des actions d'auto-défense pour empêcher les forces de police d'entrer dans les quartiers. Le député HDP de Sirnak, Ferhat Encü, et la Co-Maire de Cizre, Leyla Imret, ont indiqué que l'accès aux hôpitaux du district était bloqué par les forces de police, ce qui empêche les civils blessés de se faire soigner".
D'autre part, d'après des informations rapportées par les médias locaux et publiées par l'AFP, "de nombreux soldats turcs ont été tués et blessés dimanche [6 septembre dernier] dans une attaque d'envergure attribuée aux rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est de la Turquie" (province d'Hakkari) et, en représailles, l'aviation turque a pilonné la zone. Une journaliste néerlandaise, Frederike Geerdink, a été interpellée – pour la deuxième fois cette année - dans le district de Yüksekova (province d'Hakkari) alors qu'elle se trouvait en compagnie de 32 militants du HDP formant des "boucliers humains". Tous ont été mis en état d'arrestation. Deux reporters britanniques travaillant pour Vice News avaient été également interpellés, accusés de terrorisme, ainsi que leur collègue kurde d'Irak. Les deux Britanniques ont depuis été expulsés du pays, leur collègue reste en détention.
La photo de l'enfant kurde de Kobanê trouvé noyé en mer entre la Turquie qu'il fuyait et la Grèce qu'il n'a pu atteindre a fait le tour du monde et empêche bien des consciences de dormir, au moins le temps d'une traversée entre la plage de Bodrum et l'île grecque de Kos, une traversée que les touristes connaissent bien, celle effectuée par ferry-boat pour 17 euros. Photo insoutenable que celle du petit Aylan et de son père, qui a elle seule résume tout le drame des migrants qu'il faut secourir. Mais il faut aussi savoir en combattre les causes. Le combat des Kurdes pour la démocratie, tant en Syrie qu'en Turquie, qu'il faut soutenir, nous le rappelle. L'appel de Selahattin Demirtaş et de Figen Yüksekdağ, co-présidents du HDP, doit être entendu.
André Métayer
Invitation pour les observateurs internationaux
Elections législatives anticipées en Turquie, le 1° novembre 2015
"Cher(e)s ami(e)s,
Le 1er novembre 2015, se tiendront en Turquie les élections législatives anticipées. Afin d'assurer la transparence et le déroulement équitable de ce scrutin qui représente un enjeu crucial pour l a démocratie et la paix dans ce pays, le HDP (Parti Démocratique des Peuples) lance une invitation à des observateurs internationaux.
Aux élections législatives du 7 juin 2015, le HDP a réussi à dépasser le seuil électoral de 10 %, ce qui a eu pour effet de priver le parti AKP de la majorité absolue au parlement et d'empêcher par conséquent le Président Recep Tayyip Erdogan de mener le pays vers un système présidentiel renforcé. Fort de 13,1% des votes, le HDP a obtenu 80 sièges à l'Assemblée nationale, tandis que l'AKP en a remporté 258, ce qui n'était pas suffisant pour former un gouvernement. Aussi, ces résultats n'ont-ils pas été acceptés par l 'AKP et le Président Erdogan.
A partir du 8 juin, le Président Erdogan a délibérément ruiné toute possibilité de former un gouvernement de coalition et déclaré des élections anticipées avant même d'attendre l'expiration du délai de 45 jours prévu pour la constitution du gouvernement. Dans la foulée, il a décrété une guerre contre les Kurdes dans le but de s'attirer les voix de l'électorat ultranationaliste. L'armée turque a commencé à bombarder les bases de la guérilla kurde au Sud-Kurdistan (Irak), tandis que la police turque menait des raids et des attaques contre les civils. Mettant définitivement un terme au processus de paix, ces offensives contre les Kurdes ont causé la mort de nombreux civils et entraîné l'arrestation de plus de 1 400 membres du HDP, dont 7 Maires. Le Président Erdogan et l'AKP tentent ainsi de rendre notre campagne électorale encore plus difficile. Recep Tayyip Erdogan a de plus déclaré qu'il y aurait une présence importante de l'armée et de la police dans les bureaux de vote le jour des élections, ce qui fait craindre des pressions sur les électeurs et d'autres formes de fraudes.
C'est pourquoi, la présence d'observateurs internationaux est extrêmement importante en ce qu'elle peut contribuer à améliorer le processus démocratique et prévenir les fraudes. Ainsi, nous vous invitons à venir surveiller les élections législatives, le 1er novembre, en Turquie, pour assurer la transparence du scrutin et la fiabilité des résultats. Si vous souhaitez répondre à cette invitation ou avoir des informations supplémentaires, n'hésitez pas à contacter la commission des affaires étrangères du HDP.
Veuillez agréer nos salutations les meilleures,
4 septembre 2015
Selahattin DEMİRTAŞ Figen YÜKSEKDAĞ
Coprésident du HDP Coprésidente du HDP"
Adresse : Mithatpasa Cd.62/20 Kizilay / Ankara / Türkiye – Contact : international chez hdp.org.tr Web : www.hdp.org.tr – Phone : +90 312 427 1780
[1] Le KNK, appelé aussi « Parlement kurde en exil » , dont le siège est à Bruxelles, est une fédération d'organisations kurdes dont l'objectif est « de renforcer l'unité et la coopération des Kurdes dans toutes les parties du Kurdistan et de soutenir leur combat à la lumière des intérêts supérieurs de la nation kurde » (article 7 de la charte constitutive du KNK). Il est dirigé par conseil exécutif de 14 membres élus par une assemblée de 150 membres répartis dans six commissions (affaires étrangères, langue-éducation-culture, femmes, affaires nationales, justice internationale, relations publiques). Il se veut être la représentation des aspirations des Kurdes de Turquie, d'Iran, d'Irak, de Syrie et de la diaspora.