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Affichage électronique en faveur du oui au référendum 2014 sur Leith Wlak, à Édimbourg
Affichage électronique en faveur du oui au référendum 2014 sur Leith Wlak, à Édimbourg
- Point de vue -
Sur le rejet de l'indépendance par les Écossais
Le résultat du référendum sur l'éventuelle indépendance de l'Écosse, bien que consacrant nettement (55,7%-44,3%) l'union politique de la nation écossaise avec les trois autres qui composent, officiellement, le Royaume-Uni, est riche d'enseignements.
Christian Rogel pour ABP le 24/09/14 14:43

Le résultat du référendum sur l'éventuelle indépendance de l'Écosse, bien que consacrant nettement (55,7%-44,3%) l'union politique de la nation écossaise avec les trois autres qui composent, officiellement, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, est riche d'enseignements et ne peut pas clore définitivement la question, car le oui a gagné 10% dans les derniers mois, ce qui a entretenu une sorte de panique des dirigeants anglais, qu'ils ont réussi à transférer sur une partie des électeurs.

Puissance et partialité des médias

La fin de la campagne a mis en lumière que la BBC, autrefois réputée pour son traitement équilibré de points de vue, a introduit des biais dans la couverture de la campagne en évitant de montrer trop souvent le leader indépendantiste, Alex Salmond, et quand elle l'a fait, un de ses journalistes, Nick Robertson a escamoté une réponse pour prétendre ensuite que son interlocuteur s'était dérobé.

Un seul quotidien local (The Herald) a pris parti pour l'indépendance, tandis que tous les autres, pour une grande partie, propriété de Rupert Murdoch, soutien du gouvernement anglais, ont fait campagne pour le non. George Monbiot, journaliste du quotidien anglais, The Guardian, a montré ces manipulations (voir le site) (en anglais). Elles sont apparues plus clairement, quand les leaders des trois partis unionistes (Conservateurs, Travaillistes et Libéraux-Démocrates) se sont précipités en Écosse pour accentuer la campagne des médias qui agitaient, depuis des mois, toutes les perspectives les plus négatives. Sans surprise, les 16-24 ans ont voté plus pour le oui que les plus de 65 ans qui ont voté aux deux-tiers pour le non.

Une campagne pour le oui menée par la base

Malgré ses 41% obtenus aux élections de 20, le Parti national écossais ("SNP") n'avait pas la capacité militante pour diriger, en détail, la campagne pour l'indépendance. Celle-ci a été le fait d'un genre d'organisation que les anglophones aiment à définir comme grass roots (mot à mot : au niveau des racines d'herbe). L'équivalent utilisé couramment en France, "organisation citoyenne", a un aspect abstrait et idéologique qui est moins employé dans les pays qui privilégient la communauté locale par rapport à la machine de l'État.

L'organisation Yes Scotland a ouvert des locaux dans toute l'Écosse et des volontaires ont afflué et organisé, d'eux-mêmes, des réunions, des rassemblements et des porte-à-porte. Un parallèle peut être fait avec l'association "Assemblea Nacional Catalana", qui a coordonné depuis 3 ans les manifestations géantes ( voir l'article ), auxquelles les partis catalanistes (CiU, ERC, ICV-UIA) ne font que participer. Pour des objectifs non indépendantistes, on peut voir comme une équivalence les comités locaux des Bonnets rouges ( voir l'article ) ( voir l'article ) et les comités locaux qui agissent pour la Réunification de la Bretagne (comités "Bretagne réunie" et "44=Breizh").

L'indépendance soutenue par une partie des classes défavorisées

Si la plus grande partie de l'Écosse a donné la majorité au non, mais, le fait que la plus grande ville du pays (et la 3ème du royaume) ait soutenu majoritairement l'indépendance s'explique par le fait que s'y concentrent des nombreux quartiers d'habitat social (jusqu'à 70% de oui) où la sortie du Royaume-Uni apparaît comme une solution à la politique de réductions drastiques de prestations sociales initiées par les Conservateurs.

Les partisans du non voient dans cette particularité le fait que l'éducation, reconnue comme performante en Écosse, a joué en faveur de leur cause, cependant, cela signifie que l'indépendance a, maintenant, une résonance sociale et, surtout, que le Parti travailliste va perdre des députés. Par contrecoup la droite britannique va garder une majorité forte, mais elle sera sapée par le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni ("Ukip"). L'Écosse continuera donc à voter de manière différente, en particulier, pour les trois partis indépendantistes de gauche (SNP, SSP et Verts) et continuera d'empoisonner la vie politique londonienne. En Bretagne, la chute annoncée du PS aura des conséquences similaires.

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Depuis Marx et Engels, le nationalisme et le régionalisme autonomiste sont rejetés par la gauche comme bourgeois et manipulés par les possédants, mais, dans une situation politique confuse qui entraîne le discrédit des dirigeants, il devient un débouché politique normal, pour le meilleur et pour le pire. Les États, les institutions européennes, les banques et les grandes entreprises préfèrent, toujours, le statu quo, mais, l'actualité montre que le contrôle absolu n'est pas possible.

Le match continue

Malgré le résultat très net, les partisans du statu quo n'ont pas de quoi être tranquilles pour la stabilité de l'Écosse, qui demande une autonomie la plus poussée possible depuis 150 ans et qui a trop souvent été trompée ou déçue par ce qu'elle voit comme des miettes du vrai pouvoir, en particulier dans la répartition des recettes fiscales et dans la confiscation des revenus pétroliers.

Alex Salmond a annoncé qu'il accepte le verdict des urnes, se retire de la présidence de son parti et donc de son poste de premier ministre ("first minister"), tandis que David Cameron suppose qu'il n'y aura "pas de nouveau référendum avant une génération". Il annonce qu'il tiendra sa promesse de pouvoirs accrus pour l'Ecosse, ainsi que pour les trois autres nations et les régions anglaises. Les citoyens des régions qui veulent des pouvoirs de proximité ont appris que la lutte pour les pouvoirs locaux peut payer, si elle est menée avec constance et habileté.

"Yes Scotland" a pour successeur le mouvement The 45 (%) qui va harceler les dirigeants britanniques, pour qu'ils tiennent leurs promesses.

Les deux principaux partis indépendantistes, le Parti national écossais et les Parti socialiste écossais annoncent un afflux de militants depuis le référendum, mais, s'il n'est pas créé de télévision écossaise, l'effet en restera limité.

Depuis la fin de la guerre froide, l'Europe est, de nouveau, entrée dans la grande lessiveuse, et il vaut mieux parier sur la réduction des partages inégaux du pouvoir que sur la stabilité des dominations illégitimes Voir la tribune libre de Carlo Lottieri ( voir l'article ). Puisse l'État français en tirer les conséquences.

Un articles du quotidien The Herald donnant un aperçu d'un sondage après vote : (voir le site)

Christian Rogel

Voir aussi :
Christian Rogel est spécialiste du livre, de la documentation et de la culture bretonne.
Voir tous les articles de de Christian Rogel
Vos 16 commentaires
Leòmhann Albanach Le Mercredi 24 septembre 2014 16:28
Les Scottish Greens sont indépendistes eux aussi et ont enregistrer une augmentation massive de leurs adhérents à la suite du referendum
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Katell D. Le Mercredi 24 septembre 2014 18:43
Depuis vendredi dernier, le SNP à enregistré plus de 34 mille nouveaux membres, arrivant à un total de 60 mille à l'heure actuelle, une moyenne d'environ 6 mille personne par jour.
Ils sont officiellement donc le 3e plus gros parti du Royaume-Uni, et les chiffres montent à un niveau qui peut les rendre d'ici quelques semaines en numéro 2, devant les conservateurs.
Les "45" comme ils se font appeler maintenant, pour les 45%, on décidé de ne pas se laisser faire. Ils se font rejoindre par beaucoup de déçus du camp 'non'.
Le but maintenant pour ce groupe, c'est les prochaines élections. Comme l'a suggérée Alex Salmond, et avant lui sur les médias sociaux, il s'agit maintenant de mettre une majorité de SNP au gouvernent écossais. Ils auront le pouvoir de mettre en place une indépendance de fait (autonomie gouvernementale), et ainsi pouvoir la déclarer. Le fait d'obtenir la majorité des sièges permet aux électeurs de déclarer en majorité aux élections en faveur d'une indépendance.
Une pétition est aussi en cours pour donner à l'écosse pouvoir sur la BBC écossaise pour lui retirer son biais.
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Pôtr ar skluj Le Mercredi 24 septembre 2014 18:51
Il serait intéressant d'avoir une étude sur l'impact du vote des immigrés sur la victoire du "non".
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Christian Rogel Le Mercredi 24 septembre 2014 19:07
@Pôtr ar skluj
Il y a la réponse dans cet article du Herald : http://www.heraldscotland.com/news/home-news/referendum-survey-suggests-a-slender-majority-of-young-people-voted-no.25407723
On y lit que 74% de ceux qui sont nés hors de l'Ecosse, probablement une majorité d'Anglais, mais, pas que, ont voté non à 74%.
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Pôtr ar skluj Le Mercredi 24 septembre 2014 20:37
C'est bien ce que je soupçonnais. L'extrême mobilité qu'exige la mondialisation sonne, en Europe occidentale, le glas des rêves des nationalismes régionaux. Les appels à l'ouverture des indépendantistes écossais et leur politique généreuse à l'égard des étrangers peinent à dissimuler leur impuissance face au monde moderne.
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bernard guyader Le Mercredi 24 septembre 2014 21:40
Le vote Catalan est pour bientôt ( le 9 nov.) .. Les tensions sont multiples ( au nord comme au sud).Les "intimidations" vont commencer...Cette consultation est prise d'une manière radicale par l'espagne et la france ...Ce qui n'était pas le cas lors du vote écossais ..l'angleterre respect les traités ..C'est pas plus mal. L'évolution du Yes depuis les années 1970 est forte et régulière ..Le prochain sera le bon...De plus les celtes parait il ont une faculté à assimiler les étrangers ... Ca c'est constant et il faut s'en féliciter .B.G
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Léon-Paul Creton Le Mercredi 24 septembre 2014 22:17
"De plus les celtes parait il ont une faculté à assimiler les étrangers ... Ça c'est constant et il faut s'en féliciter .B.G"
Est-ce la seule réponse à la (aux) question(s) que soulèvent les 74% d'Anglais et "autres" nonistes au référendum "écossais"?
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Pôtr ar skluj Le Mercredi 24 septembre 2014 22:31
"De plus les celtes parait il ont une faculté à assimiler les étrangers "
Nous gagnerions beaucoup en crédibilité en abandonnant notre grandiloquence celtomane et en regardant le monde tel qu'il est, et tel qu'il nous échappe.
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SPERED DIEUB Le Jeudi 25 septembre 2014 14:06
voilà qui en dit long
http://actu.orange.fr/monde/royaume-uni-cameron-presente-ses-excuses-pour-un-double-crime-de-lese-majeste-afp_CNT0000004cwic.html
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Jean Albert Le Vendredi 26 septembre 2014 16:17
était-il sensé de faire voter les ados ???
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Pôtr ar skluj Le Vendredi 26 septembre 2014 20:29
Le vote des moins de 18 ans était clairement une tentative de manipulation démographique qui pariait sur la plus grande popularité du romantisme indépendantiste au sein de la jeunesse.
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Dewi Le Samedi 27 septembre 2014 11:03
En même temps la majorité civile est à 16 ans en Écosse depuis 91. Les moins de 18 ans n'ont pas le droit de vote pour les élections au niveau Britannique mais ils l'ont au niveau Écossais.
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Pôtr ar skluj Le Samedi 27 septembre 2014 13:01
Merci à Dewi pour sa mise au point, j'étais mal informé. En fin de compte, les indépendantistes écossais sont incapables de duplicité, c'est peut-être même leur plus grande faiblesse.
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Alan PRYTGWENN Le Dimanche 28 septembre 2014 18:10
L'échec du référendum écossais démontre l'importance de détenir et de contrôler des médias radiophoniques, télévisuels, et un journal digne de ce nom.
L'honnêteté et la compétence ne suffisent pas.
Il faut également obtenir l'adhésion des puissances financières.
Il faut encore se poser le problème impliqué par le phénomène du remplacement des populations déjà longuement et fortement pratiqué par la Ripoublique Française.
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Pôtr ar skluj Le Lundi 29 septembre 2014 16:54
La question des flux de population est bien sûr cruciale pour tous les mouvements se réclamant des identités locale. Seulement, je ne suis pas sûr qu'il se pose en Bretagne dans les termes dont use Alan PRYTGWENN. Nous ne sommes pas sur la côte méditerranéenne où la France a massivement installé ses pieds-noirs et ses fonctionnaires attirés par l'héliotropisme. Oui, Rennes, Nantes et même Brest sont de plus en plus cosmopolite. Mais c'est le fait d'une pression migratoire que connaît la France entière et nous n'en sommes pas plus victime que les autres. Le problème des Anglais en Centre-Bretagne nous est, il est vrai, plus spécifique. En l'occurrence, le responsable est plutôt l'Europe que la France. Enfin, nous souffrons du tourisme sur les balnéaires et des résidence secondaires. On peut en accuser la France, mais la solution ne peut venir que de nous : ayons le courage de refuser la manne que représente cette économie, véritable menace pour notre pays.
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Mikael Le Lundi 6 octobre 2014 10:12
La Bretagne n'est pas assimilable à "la France entière". L'immigration française, souvent nord-africaine et d'Afrique noire, n'est que le résultat de la colonisation d'hier et d'aujourd'hui.
Que les Français se les gardent leurs immigrés !
(Et Dieu sait que je n'ai rien contre ces personnes)
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