SORTI DE RIEN
ou « MEMOIRE DE MON PERE »
Récit paru à Editions du Seuil
Le récit personnel et biographique d'Irène Frain aurait pu s'appeler aussi : « Mémoire de mon Père » à la façon Clint Eastwood de « Mémoire de nos Pères » , car il relate aussi le douloureux ravage de la guerre.
C'est sans aucun doute un très bel hommage que rend Irène à son père, un regard plein d'admiration et de fierté, une reconnaissance aussi, car oui si aujourd'hui elle est un auteur reconnu et célèbre, elle le lui doit sûrement de par son éducation reçue, et le courage inculqué surtout qui fait la force du Breton dans toutes les familles.
Nul mieux qu'Irène Frain ne pouvait prétendre le présenter et le porter, elle s'en explique :
"Un jour, un journaliste m'interpelle : Vous qui êtes sortie de rien ! Quel rien ? La misère qui fut celle de mon père ? Je retourne en Bretagne. Le fil du passé n'est pas encore rompu, les gens se souviennent, un monde stupéfiant ressuscite, un lignage archaïque dont j'ignorais l'existence, rudesse et merveilles, austérité et truculence, cocasserie, poésie. L'esprit même de mon père, l'humilié qui ne plia jamais devant l'adversité. Une colère ancestrale prend alors la parole et me dicte, sans me laisser d'issue : "Cherche donc ce qu'il fut, ce Rien dont tu es la fille. Et dis-le". Je m'incline, je croise ce passé avec ce qu'il me reste de mon père : ses récits, sa légende, ses carnets, toutes ces lettres qu'il écrivit lorsqu'il était prisonnier des nazis. Des énigmes s'expliquent, des secrets se dévoilent. Oui, mon histoire, jusqu'à mon prénom, est bien fille de la sienne : le combat d'un Breton "sorti de rien". Combien sont-ils encore, sur la planète, à vouloir sauver comme lui le seul trésor qui vaille : la dignité ? »
Il faut du temps, à chacun, avant d'oser se retourner et de braver la pudeur pour comprendre le vrai sens de sa vie et le parcours restant à accomplir.
Isaline Remy & www.irenefrain.com