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- Editorial -
Société : Autopsie du sens

Le foot est une passion irrationelle. « Des milliardaires qui patatipatata », «ah et puis les supporters qui blablabla ». Jusqu'à récemment, les excès du genre pouvaient encore être acceptables. Difficilement mais acceptables. Les

F. Lécuyer pour ABP le 18/01/12 12:45
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Le foot est une passion irrationelle. « Des milliardaires qui patatipatata », «ah et puis les supporters qui blablabla ». Jusqu'à récemment, les excès du genre pouvaient encore être acceptables. Difficilement mais acceptables. Les footballeurs pouvaient même servir de défouloir au comptoir du café du commerce. Mais aujourd'hui, le football n'a plus de sens. A quoi cela sert il de supporter une équipe ? Les joueurs sont interchangeables, nomades, les entraîneurs aussi. Fini le Nantes de Coco Suaudeau et son jeu à la nantaise ou le Auxerre de Guy Roux. Dernièrement, on a même vu l'arrivée d'une nouvelle mode : les joueurs prennent des contrats ailleurs lors des périodes de trèves annuelles, différentes selon les continents. Thierry Henry joue habituellement en championnat américain et lors de la trève d'hiver, il vient jouer quelques mois en championnat anglais. Plus aucune sorte d'ancrage local, de valeur de club, de figure de proue même. Rien ! La dématérialisation du ballon rond ! Quelques clubs cherchent encore à conserver un certains nombres de principes : Ossassuna et ses joueurs Basques ou ayant grandis au Pays Basque, Sankt Pauli en Allemagne et ses valeurs antifascistes ou encore le Celtic de Glasgow et son attachement aux relations entre les deux frères celtes d'Ecosse et d'Irlande. Mais ceux-ci deviennent des curiosités de cirque Pinder.

Et nos équipes bretonnes dans l'histoire ? Le stade Rennais, sous la présidence de Patrick Le Lay, s'efforce de s'inscrire dans l'identité bretonne mais... combien il y a t'il de Rennais dans l'équipe ? Ou tout simplement de Bretons ? Attention ce n'est pas ici une question de couleur ou d'origine. Si le Stade Rennais était composé de joueurs des différents quartiers de Rennes ou des meilleurs joueurs du Nord-Est de la Bretagne, quelle que soit leurs origines, il y aura un sens à les supporter. Ce serait des gars de chez nous, la crème des joutes des cours de récré bonifiée au centre de formation. Mais là ça devient ridicule. Demain, les meilleurs joueront pour Rennes la moitié de l'année, ensuite iront, à la trève, jouer à Shanghaï ou à Dubaï devant des équipes composées elles-mêmes de vieilles gloires du foot européen.... Plus aucun sens à tout ça.

Mais malheureusement, le foot n'est que la caricature hypertrophiée du monde actuel. Je ne vais même pas parler de l'ominprésence de l'argent, juste de la quête d'une certaine forme de logique. Aujourd'hui, il est question du Triple A. Et l'on découvre que la 5è puissance militaire au monde, la maîtresse d'école de la morale républicaine se roule par terre parce qu'une bande de cancres (ils n'avaient pas prévu la crise des subprimes par exemple) lui colle une mauvaise note. A quoi ça sert d'avoir 12 portes avions et le feu nucléaire si Sarkozy redoute Standard & Poor's comme une invasion soviétique ? En fait, il est à se demander pourquoi les nationalistes bretons, basques, occitans ou corses ne montent pas une agence de notation plutôt que de faire des manifs. En 54, la France a été vaincue par le Viet Minh, en 62 par le FLN, en 2012 par Standard & Poor's. Et en 2016, ce sera par qui ? Bertaèyn Galeizz ?

Alors, pari que ça va rouler des mécaniques d'ici le premier tour de la présidentielle. Ah la la, « On va voir ce qu'on va voir » et tout le cirque. Mais difficile de cacher que la politique a capitulé devant l'économique. Impuissance totale ! L'Homme n'a plus de sens qu'en tant qu'Homo Economicus. Et de chaque côté de l'échiquier politique ! A droite, nous sommes une capacité de remboursement d'emprunt, à gauche un pouvoir d'achat amoindri sur pattes.

Alors effectivement, on ne vit pas dans un monde magique où la galette saucisse se cueillent dans les arbres, mais quelle perte de sens depuis la fin des grands combats idéologiques ! Du plus futile comme le foot au plus essentiel comme la politique, il n'y a plus de sens dans ce qui faisait les cadres sociaux balisant la société. En Bretagne, on croit encore aux élections, à la valeur de l'élu local. Le taux d'abstention est moins élevé qu'ailleurs dans l'Hexagone. Et pourtant, deux élus, De Rugy et Le Fur, un Vert et un UMP, se mettent ensemble pour présenter une loi, par les voies les plus légales qui soient, rendant un peu de souveraineté au peuple en général et au peuple Breton en particulier et on annonce déjà l'échec de l'initiative. La cause ? Ce n'est même pas l'indifférence des sénateurs ou députés ne se sentant pas concerné par le débat de la Réunification de la Bretagne mais tout simplement la veulerie des députés et sénateurs bretons eux-mêmes. Car ils seront sûrement bien loin de tous voter pour le projet et ce pour des histoires de basse cuisine politique (l'ABP ne manquera de vous tenir informé à ce sujet).

Crise économique, crise identitaire, crise morale, crise politique, crise de l'école, crise de l'Europe, crise de société, crise de la mondialisation ? Grave crise du sens de tout chose avant tout. Parce que si le sens est mort dans bien des domaines, son autopsie révèle que les causes du décès sont toujours les mêmes et résultent d'une déconnexion entre le monde réel et les élites intellectuelles, politiques et économiques, anciennement génératrices d'idéaux.

Parce que l'idéal républicain français, l'idéal européen, l'idéal communiste, l'idéal libertaire post-soixanthuitard ou l'idéal libéralo-capitaliste ont bien du plomb dans l'aile, je fais partie de ceux qui pense que la Bretagne et ses valeurs simples et de bon-sens, voire même un certain « localisme » en général, seront une partie de la réponse à cette crise générale.

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Fabien Lécuyer est spécialisé dans l'enquête journalistique, les mouvements "en marge" du bipartisme et les mouvements indépendantistes .
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Vos 1 commentaires
  Ar Vran
  le Mercredi 18 janvier 2012 14:37
Bon article.
Quant à moi, je verrai bien enlever une lettre à la France, c'est la première et cela correspondrait à merveille à la situation de ce pays.
Il est temps de jeter ce "beurre fétide" à la poubelle de l'histoire
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