Dès 14 heures, 44=BREIZH commençait sa journée militante par une intervention auprès du « débat participatif » proposé par le CRJ des Pays de la Loire, rue La Tour d'Auvergne à Nantes. Par la voie de notre porte-parole, 44=BREIZH obtenait une courte intervention et exprimait son point de vue sur le caractère faussement démocratique que voulait souvent se donner la région Pays de la Loire dans ses campagnes de communication, alors que celle-ci s'oppose toujours depuis des dizaines d'années à toute forme de référendum sur la question de la Réunification de la Bretagne. Beaucoup de dents grincèrent, mais plusieurs personnes apprécièrent sourire en coin à l’appui.
Appelant à la manifestation unitaire contre toutes les répressions qui se tenait à 15 heures, les membres de notre collectif, du SLB/Skol-Veur et d'Emgann, se sont donc ensuite rassemblés derrière la banderole BREIZHISTANCE, afin de rappeler la répression politique dont souffre régulièrement le mouvement d'émancipation national breton et de dénoncer celle qui s’abat sur les défenseurs de l'Hôpital de Carhaix, les opposants à l'aéroport de Notre Dame des Landes, les manifestants de Saint-Nazaire, etc....
Après un début de manifestation unitaire et animé d'environ 400 personnes, à mi-parcours, un certain nombre de personnes a commencé à s'en prendre aux vitrines d'agences immobilières, de banques, d'assurances, etc... À ce moment, le cortège BREIZHISTANCE a choisi de quitter la manifestation avec d'autres comités de soutien et organisations politiques, afin notamment de protéger notre voiture sono.
Notre participation à cette manifestation a consisté à diffuser des tracts, crier quelques slogans et diffuser de la musique. En effet nous ne partageons pas l'analyse faite par certains sur l'utilité politique d'une contestation s'exprimant par le cassage systématique de vitrines. N'importe quelle personne présente ce jour n'aura pu confondre le mode d'action des autonomes et celui plus pacifique que nous avons choisi. Aucune interpellation n'était à déplorer durant la manifestation.
Après la manifestation, la préfecture veut des coupables
Près d'une heure après la fin de la manifestation, une vingtaine de personnes ayant composé notre cortège sirotait un verre dans une ambiance familiale en terrasse du Cercle Rouge, bar situé rue des Carmes. À un moment est apparu au bout de la rue l'officier de la DCRI chargé des « affaires bretonnes » sur Nantes, bien connu des militants et vice et versa. Accompagné de plusieurs policiers, il leur indiquait la terrasse à laquelle nous étions installés. En quelques secondes celle-ci fût entourée d'une dizaine de policiers exigeant que toutes les personnes présentes se soumettent à un contrôle d'identité. Surpris et étonnés nous fûmes plusieurs à leur poser la question de l'utilité de ce contrôle, sachant que l'identité de la plupart leur était déjà connue et que nous ne voyions pas le danger que nous pouvions représenter à boire un verre à cet endroit, accompagnés d'enfants qui plus est.
Les policiers nous demandaient de nous exécuter, point. Désapprouvant cette mascarade policière nous avons refusé et leur avons demandé de nous laisser et de partir, ce qu’ils n’ont pas fait. Les gérants du bar extrêmement surpris de la situation leur ont demandé à leur tour de ne pas faire de problèmes et de nous laisser tranquille sachant que nous étions les clients de son bar, lieu privé. Voyant que les policiers appelaient des renforts, nous avons décidé d'appeler la presse. C’est à ce moment là que tout s'est enchaîné, et qu’un un militant ainsi que notre porte-parole furent interpellés :
« J'étais rentré dans le bar pour appeler la presse. J’y étais depuis cinq bonnes minutes et je discutais avec un journaliste au téléphone. D'un coup, une demi douzaine de policier en tenue anti-émeute entra dans le bar. Sans que je m'y attende un policier me fit une clef de bras en me passant les menottes, j'eus à peine le temps de comprendre ce qui se passait que je vis des coups de matraque pleuvoir autour de moi avant d'être violemment projeté au sol. Menotté et un genou de policier posé sur le visage j'entendais autour de moi des cris et des bruits de verre sans discerner ce qui se passait. Une fois relevé, j'eus le temps d'apercevoir un camarade la tête en sang et l'enfant d'un ami terrorisé qui pleurait. Les passants autour restaient pantois, indignés par les méthodes des policiers. Une fois au poste, ceux d’entre eux qui m'avaient interpellé m'indiquèrent que j'avais été arrêté car j'avais été vu cassant des vitrines boulevard Guist'hau. Alors que les policiers se foutaient de moi et me criaient dessus, je m'aperçus qu'ils croyaient qu'il n'y avait que moi à avoir été contrôlé. Quelque temps après je vis arriver Alan Haye au poste, qui avait connu la même infortune que moi » , témoigne Jonathan Guillaume
Solidarité face à la répression !
Pendant ce temps la solidarité s'organisait et une quarantaine de personnes se sont rassemblées pendant plusieurs heures devant le commissariat Waldeck-Rousseau. Les premières brèves à la radio indiquaient que « deux jeunes casseurs avaient été interpellés lors de la manifestation » . Après plus de 16 longues heures de garde à vue éprouvante, nos deux camarades sortaient ce matin avec une convocation au tribunal de Nantes pour rébellion le 14 octobre 2009.
Nous dénonçons fermement la répression politique arbitraire qui s'exerce contre notre mouvement et notamment notre porte-parole. En effet, alors que 6 de nos membres ont été condamnés en février dernier à 30 000 euros d'amende, 2 mois de prison avec sursis et 100 heures de TIG pour de simples tags sur des panneaux Pays de la Loire®, nous souhaitons faire savoir que notre porte-parole a été convoqué quatre fois à la gendarmerie et au commissariat pour des interrogatoires et qu'il passera en comparution le 16 juin à Nantes pour avoir été surpris en compagnie d'un membre de 44=BREIZH en train de prendre en photo un barbouillage pro réunification sur un panneau PdL® à Nozay, un jour de novembre 2008. L'arrestation clairement ciblée et arbitraire de samedi, témoigne de la répression politique que nous dénoncions ce même jour.
Plusieurs personnes ont été blessées, et une personne hospitalisée. Des plaintes vont sûrement être déposées contre les policiers. Nous demandons à toute personne ayant été témoin de la scène, ou possédant des photos ou vidéos de ce moment de nous contacter par mail à stourmomp [at] no-log.org
Plutôt que de nous faire peur, la répression nous montre la nécessité de nous mobiliser ensemble contre les dérives autoritaires et antidémocratiques de l'État français en Bretagne !
Pour 44=Breizh, Blandine Baudoux