J'ai pris connaissance avec amusement du communiqué de Marc Le Fur concernant le prétendu refus du Sénat d'inscrire à son ordre du jour le projet de loi sur le référendum

J'ai pris connaissance avec amusement du communiqué de Marc Le Fur concernant le prétendu refus du Sénat d'inscrire à son ordre du jour le projet de loi sur le référendum d'initiative populaire, qui comprend la disposition facilitant la réunification de la Bretagne. Une telle déclaration est empreinte d'une mauvaise foi absolument confondante. Marc Le Fur sait mieux que quiconque qu'un projet de loi est un texte d'initiative gouvernementale, et qu'en toute logique il revient à l'exécutif de l'inscrire à l'ordre du jour des assemblées, sans que celles-ci puissent s'y opposer. Si le Sénat n'a pas examiné le texte en question, c'est donc tout simplement parce que le gouvernement n'a pas souhaité le lui soumettre. Arrêtons dès lors de prendre les Bretons pour des imbéciles. Ils savent pertinemment que chaque camp compte des partisans et des opposants à la réunification de la Bretagne, et que dans la présente affaire le Premier ministre François Fillon, ancien président du conseil régional des Pays de Loire, est assurément bien plus à blâmer que Jean-Marc Ayrault ou Stéphane Le Foll. Je trouve enfin pour le moins paradoxal que le candidat-président Nicolas Sarkozy, dont on sait la soudaine appétence pour l'outil référendaire, n'ait pas mis plus d'entrain à porter un projet de loi qui visait justement à en favoriser l'usage. On peine à cerner la cohérence d'une démarche qui paraît décidément dictée par d'inavouables considérations d'opportunisme.
Jean-Jacques Urvoas