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- Chronique -
Rencontre Bretagne Costa Rica
Une bouille ronde d'enfant heureux sous un chapeau de cuir et des yeux noirs où brillent l'intelligence et la malice : Juan Carlos Bejarano est chargé, entre autres tâches, du développement des activités de tourisme de découverte
Jean-Charles Perazzi Par JCP le 11/02/12 18:24


« El Silencio » : une coopérative comme on les aime


Plomelin/Ploveilh/El Silencio.- Suite du journal de campagne de J.C. Perazzi

Une bouille ronde d'enfant heureux sous un chapeau de cuir et des yeux noirs où brillent l'intelligence et la malice : Juan Carlos Bejarano est chargé, entre autres tâches, du développement des activités de tourisme de découverte à « El Silencio » (un nom générique pour désigner l'ensemble de ses activités. Son nom véritable est "coopesilencio"). Et l'histoire qu'il nous retrace de cette coopérative « auto-gérée » du district de Quepos, sur la côte du Pacifique au Costa Rica n'est pas banale du tout.

Sous le règne d'United Fruit Company

Depuis des lustres, la célèbre « United Fruit Company », régnait ici sur sept cents hectares consacrés essentiellement à la production de bananes. En 1955, une grande inondation détruit à 90% la plantation. Les petits paysans sont contraints d'aller chercher du travail ailleurs, d'autant que la compagnie nord-américaine semble de désintéresser des terres abandonnées.

Du coup quelques familles de paysans se groupent et s'y installent, en 1972, pour les travailler. United Fruit fait intervenir la police. Les hommes sont mis en prison, les femmes et les enfants expulsés, les maisons en bois brûlées. Cette période a été baptisée par les paysans « La lucha del silencio », « La lutte du silence ». D'où le nom de la coopérative qui fêtera bientôt ses quarante ans.

La fête et le travail

Au Costa Rica existe l'Institut du développement agricole qui a décrété que « la terre es à toi si tu la travailles. »

Au terme des négociations assez rudes, une soixantaine de familles obtiendront le feu vert pour s'installer sur place et créer le 20 février 1973 leur coopérative. Une grande fête locale célèbre chaque année l'évènement. Avec tournoi de foot, de volley, course en sac, concours de pêche. « Les deux prix vont au plus gros poisson pêché et… au plus petit », rigole Juan Carlos. Et tous les cinq ans, pour un faire le point, on reçoit sur place des membres du gouvernement, de l'ensemble des partis politiques et, bien sûr de la municipalité de Quepos au sein de laquelle la communauté d'« El silencio » compte une demi-douzaine de représentants. « Même la présidente de la République est venue nous voir », souligne Juan Carlos.

C'est que sa coopérative est un modèle, par son histoire et son fonctionnement, pour toutes celles, nombreuses, qui naissent dans le pays. Ses fondateurs en ont défini les statuts, un règlement strict, « à côté de l'officiel. » Le partage du travail et des salaires vont de pair.

Elle compte quarante-trois associés directs, mais, au total, cinq cent cinquante personnes en vivent. Directement ou indirectement.

La culture du palmier à huile, moins sensible aux inondations que le bananier, accompagne celles du riz, du maïs, du tabac, de la papaye, des légumes.

La clinique de Juan Carlos

On trouve dans le village une école et un collège. « Et la coopérative peut accorder des prêts pour les élèves qui vont à l'université. » Elle a aussi une crèche et même une supérette où tout s'achète ou se vend -comme le reste- avec la monnaie créée pour les habitants d' « El Silencio » : l'udis, l'unidades de intercambio solidario, l'unité d'échange solidaire. Un udis vaut un colon, la monnaie du pays.

Le potager bio -le recyclage, ici, est obligatoire-, une porcherie, une laiterie et une centre de vie sauvage (les visiteurs sont accueillis dans des chalets de bois et ont un restaurant à leur disposition), complètent les installations d'« El Silencio. » Des coopérateurs en quête de « vraies recettes », des scientifiques, de simples vacanciers qui, à l'occasion, apportent leur concours bénévole à la coopérative.

On trouve même ici un centre d'accueil pour les animaux blessés ou maltraités. Juan Carlos en est aussi le responsable. Des singes blessés, des perroquets et autres animaux des immenses forêts primaires et secondaires du pays. Si tel est leur désir, ils reprennent leur liberté une fois guéris. Juan Carlos qui, à l'occasion, est aussi guide de nature, footballeur, guitariste et chanteur en est le responsable. Un jour il a recueilli un singe grièvement brûlé en traversant un cercle de feu, sur le dos d'un cheval, dans un cirque. Paniqué, le singe lui a mordu le bras. Rupture de tendon, hospitalisation, rééducation…

Juan Carlos n'est pas rancunier. La preuve, lui et le singe s'embrasse aujourd'hui à travers le grillage. Sur la bouche.

Gracias, mi hermano pour cette belle leçon de vie. Et de nous avoir montré un modèle de coopérative comme on aimerait en connaître beaucoup en Bretagne.


Jean-Charles Perazzi


Une quinzaine de Bretons a participé à ce séjour de découvertes des hommes et de la nature au Costa Rica, pays à la biodiversité préservée (faune et flore) unique au monde et… sans armée. Séjour organisé par Voyages Coopératifs de Bretagne, siège à Lorient.

Pour en savoir plus : (voir le site)

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