Le projet de loi, désormais retiré, sur les pratiques amateurs du ministère français de la Culture avait pour but de considérer comme des professionnels la quasi-totalité des pratiquants bénévoles de la culture, avec toutes les conséquences juridiques, administratives et financières que cela aurait induit pour les structures associatives concernées (feuilles de paie, contrats de travail...).
Préparé sans aucune concertation et même en catimini, ce projet aurait permis, selon le ministère, d' « éviter les pratiques déloyales à l'égard du secteur professionnel » . Dans les faits, ces cas sont rarissimes et les moyens de les combattre existent déjà.
Au contraire, les deux formes d'expression sont très complémentaires dans notre vie culturelle ; chacune est même indispensable à l'existence de l'autre. La plupart des professionnels ont commencé comme amateurs et opposer les deux statuts de la sorte est inacceptable.
Malgré le recul du gouvernement sur ce dossier, la vigilance doit rester de mise.
Plus de la moitié des bénévoles de la culture de l'Hexagone se trouvent en Bretagne. Or ce texte voulait limiter considérablement leur nombre et leur rôle. C'est la vie culturelle même des Bretons qui en serait « asséchée » . Les conséquences de ce projet seraient les suivantes :
— disparition de la plupart des centaines d'associations culturelles en Bretagne, ainsi que des événements culturels associés, les grands comme les petits (festivals, fêtes, festoù-noz, concerts, spectacles et manifestations diverses), incapables qu'ils seraient de supporter la charge des salaires, les nombreuses conséquences administratives… 40 000 à 50 000 Bretons seraient touchés dans leur activité artistique régulière, des centaines de milliers de personnes perdraient un moment festif ponctuel ;
— la vie économique du secteur culturel cassée et des milliers d'emplois détruits… au nom de leur protection. Artistes professionnels, techniciens du spectacle, producteurs, monde associatif… personne n'y échapperait en Bretagne.
En plus le secteur du tourisme, dont les liens avec la culture bretonne sont évidents, serait également affecté (hôtellerie, restauration, transports, alimentation, services…).
— à moyen terme,. un risque de disparition des spécificités culturelles bretonnes.
À travers ce projet de loi, c'est la question des valeurs de société que nous souhaitons porter qui est posée. Ce projet aurait mis à mal un facteur de cohésion sociale et de bien-être général que constitue la culture pour une société. Quid des vertus d'éducation populaire, d'intégration sociale, de convivialité ? C'est toute une vision de la société qui est en jeu.
En vertu d'une logique culturelle purement élitiste, la politique française a abouti à la destruction de nombreuses langues et cultures populaires, y compris la sienne Elle ne doit pas détruire les nôtres.
Pour permettre la pleine expression d'une culture vivante et multiple, les Bretons doivent s'émanciper du système politique français.
Le Parti Breton propose dans son programme la création d'un ministère des Arts Vivants, qui créera une législation adaptée aux réalités nationales et locales. Le soutien au monde associatif fera partie de ses missions. Des mesures fiscales seront prises pour encourager les festivals et fêtes populaires. Le statut des artistes libres et des employés culturels évoluera pour permettre à la Bretagne de valoriser tous ses talents. Le Parti Breton propose aussi la création d'une télévision et d'une radio publiques bretonnes, car la culture en Bretagne n'a pas à servir les intérêts de l'audiovisuel parisien ou les grandes multinationales comme cela est sous-tendu dans ce projet de loi.
Tout ceci n'est possible que si la Bretagne fait comme ses voisins européens, et développe ses institutions politiques propres aujourd'hui embryonnaires.
Pour le Parti Breton, le président, Gérard Olliéric