Le Mouvement Fédéraliste de Bretagne prend acte des résultats du referendum sur le texte de la Constitution pour l'Europe. Il se félicite que quatre des cinq départements bretons aient manifesté leur intérêt pour l'Europe et déplore l'exception costarmoricaine. Le « oui » breton est cependant bien fragile. Le MFB rappelle que les principes du fédéralisme ne sont en rien affaiblis par ce vote. La classe politique qui s'est partagée le pouvoir depuis plus de trois décennies s'est laissée enfermer dans la gestion au jour le jour du pays en pratiquant le clientélisme. Provinciaux aux aspirations électoralistes, ils ont ignoré l'Europe ou l'ont utilisée comme bouc émissaire. Qu'en est-il de nos régions qui ont bénéficié des fonds structurels européens, des paysans dont 60% des revenus sont assurés par l'Europe ? Ce referendum, métamorphosé en motion de censure, traduit bien l'inadéquation de la France à la démocratie. Là où l'Europe a permis le développement, là où elle a assuré le maintien des activités, on a volontairement tu son nom et ce sont les politiciens locaux qui s'en sont attribué les mérites.
Tous les partis politiques traditionnels portent une lourde responsabilité dans le travestissement des réalités. Quand le chômage croît en France, il baisse massivement au Royaume-Uni et en Espagne. Le développement de la misère en France ne trouve pas son origine dans l'Europe. Pendant combien de temps encore la France pourra-t-elle sacrifier l'intérêt général sur l'autel des avantages sectoriels ?
Le Mouvement Fédéraliste de Bretagne rappelle que le fédéralisme est bien davantage qu'un mode de gestion politique et administrative. En n'autorisant qu'un seul mandat électif non renouvelable, il fait obstacle au carriérisme politique ; en favorisant l'initiative locale, il renforce la démocratie ; en considérant la personne comme source de droits et de devoirs, il accroît sa liberté et la rend responsable et solidaire. Une personne privée est aussi une personne politique.
Seul le fédéralisme permet d'éviter la dérive totalitaire ; le totalitarisme de la pensée unique qui s'exprime dans les partis politiques qui prétendent exprimer la pensée nationale alors qu'ils n'expriment que la volonté d'une minorité. Quand on veut représenter l'intérêt de tous, on ne représente l'intérêt de personne. Les résultats du referendum à l'échelle de l'hexagone en sont une preuve, comme l'étaient ceux des dernières présidentielles. Voter n'est plus construire ; voter est devenu sanctionner et ce sont tous les partis politiques qui se trouvent rejetés au fil des élections successives. Cette entente cordiale qui interdit toute réforme indispensable ne saurait perdurer. Ils seront sans cesse éconduits tant qu'une transformation de ce qu'est « La Politique » n'aura pas été effectuée.
Le fédéralisme redonne à chacun sa capacité d'action, au quotidien, sans qu'il soit toujours nécessaire d'abandonner sa volonté au profit d'un représentant qui ne représente que lui-même.
Redonnant le pouvoir de décision à la personne, le fédéralisme lui permet de rester debout. Il lui permet d'accepter ou de s'opposer ; il lui permet de faire ou de ne pas faire, n'étant plus subordonnée à la catégorie de l'utile qui ruine l'épaisseur de la réalité humaine.
Le fédéralisme, c'est avant tout cette refondation sociale et politique dont nous avons tant besoin.