Hier, en milieu d\'après-midi, le Conseil supérieur de l\'audiovisuel réunissait la presse pour rendre publique la liste des premières radios autorisées à diffuser en RNT (Radio Numérique Terrestre). Seules trois grandes agglomérations ont été retenues pour le lancement de ce qui s\'annonce comme la première phase du lancement de la radio numérique en France. Ainsi, les auditeurs de Paris, Marseille et Nice vont pouvoir bénéficer de la RNT dans les mois qui viennent.
Toutes les catégories de radios sont présentes dans les villes respectives pour ce démarrage qui, s\'il ouvre la voie de la radio numérique en France, reste cependant timide. Les grands opérateurs (RTL, Lagardère, RMC, NRJ...) demeurent les gagnants de l\'opération en déclinant nombres de leurs programmes en radios thématiques, tout comme TF1 qui arrive sur la RNT avec une radio toute info. Nombre de radios commerciales et associatives déjà diffusées en FM ont obtenu également l\'autorisation de pouvoir diffuser en RNT. On notera aussi l\'arrivée de quelques nouveaux entrants à l\'image de Radio Mandarin Europe, radio destinée à la communauté asiatique sur Paris. Certaines stations comme Goom radio , Radio public santé ou La radio de la Mer restent absentes de cette sélection.
Littoral AM, qui oeuvre pour la radio numérique depuis plusieurs années, se réjouit pour les candidats retenus dans le cadre de ce que l\'on peut considérer comme le démarrage de la RNT en France, et du signal fort donné aux opérateurs par le CSA , néanmoins il nous est tout de même permis de nous interroger sur les conditions de ce lancement. Le choix des trois grandes métropoles que sont Paris, Marseille et Nice comme point de départ à la RNT, semble obéir plus à une réalité économique qu\'à une véritable avancée technologique.
Le raisonnement qui conduit à opérer le démarrage national de la RNT d\'une manière sélective uniquement dans ces trois villes, exclu de la sorte tout espoir pour les auditeurs des villes moyennes et plus encore des campagnes de pouvoir avoir accès à la radio numérique dans des délais raisonnables. Il nous apparaît évident que le démarrage de la RNT devait, de la part du gouvernement et plus particulièrement du Ministère de l\'Industrie et du Ministère de la Culture, s\'inscrire dans une logique de cohésion technique. Le choix d\'un système de diffusion multinormes, cohérent avec les normes choisies par les autres pays européens pouvait permettre de lancer la radio numérique à grande échelle. Il n\'en n\'est rien.
Avec l\'utilisation de la norme T-DMB la France à décidé de privilégier une vision restrictive et aux conséquences financières hasardeuses pour les petits opérateurs avec comme corollaire inéluctable un appauvrissement de la diversité du paysage radiophonique et un essor réduit du médium radio à long terme dans la future économie numérique. De part sa singularité la norme T-DMB, enferme la France dans une sorte d\'isolement que nous considérons comme révélateur d\'une situation de protectionnisme en matière de déploiement de la RNT. Cette situation prédispose à un retard considérable de l\'implantation de la radio numérique sur l\'ensemble du territoire français. Ce retard, qu\'il sera difficile de combler, risque de peser lourdement sur l\'avenir de la diffusion hertzienne de la RNT, à un moment où s\'offre aux auditeurs la possibilité de disposer de moyens d\'écoute de la radio tels qu\'Internet ou le téléphone mobile.
Forte du succès de l\'expérimentation de diffusion en RNT selon la norme DRM, qui a permis de couvrir la quasi-totalité de la Bretagne au printemps 2008, et plus récemment de l\'émission spéciale diffusé toujours selon la norme DRM depuis l\'émetteur norvégien de Kvitsøy, Littoral AM entend plus que jamais incarner une voie alternative et indépendante pour le déploiement de la RNT à l\'échelle nationale, en s\'engageant avec détermination pour une radio numérique multinormes. Ainsi, dans ce contexte, Littoral AM souhaite poursuivre la réflexion engagée dans ce sens avec le CSA.