Dans quelques mois, le Club de Bretagne fêtera ses 25 ans. En attendant, il a reçu Patrick Poivre d’Arvor à l’occasion de son dernier dîner de l’année à Paris.
Assurément, le Club de Bretagne présidé par Guy Plunier est devenu une institution. Chaque dîner, on attend l’invité d’honneur en guettant parmi les convives le subtil mélange des affaires, des médias, de la politique et du monde associatif. Le succès de la soirée consacrée à PPDA pouvait se mesurer instantanément à la longueur de la liste d’attente des inscrits ou à la renommée des participants. Louis Le Duff, Bris Rocher, Denis Seznec et le professeur Cabrol faisaient notamment partie des personnalités venues écouter le journaliste le plus regardée de France tout droit arrivé en scooter du 20 heures de TF1. Un « Breton parmi les Bretons qui nous font rêver » , salua d’emblée Guy Plunier. PPDA apprécie chez les Bretons « qu’il n’y ait pas seulement la Bretagne du sol ou la Bretagne du sang, mais aussi la Bretagne du cœur. » La Bretagne, il la connaît par cœur bien qu’il soit originaire de Château-Thierry. Né d’une mère nantaise et d’un père d’origine bretonne, il a « une petite maison dans le Trégor du côté de Trégastel » .
La Bretagne l’inspire. C’est « là où je pense écrire le mieux » . En effet, non content de présenter le JT, d’officie sur RTL et de présenter Vol de Nuit - « une émission [que] j’ai voulue à mort » - il mène de front une carrière d’écrivain. N’a t’il pas écrit son premier livre à 17 ans ? On lui doit récemment Pirates et corsaires écrits à quatre mains avec son frère Olivier. Mais, c’est avec sa fibre de journaliste qu’il s’exprima lorsqu’il mit l’accent sur la présence de nombreux Bretons dans les médias ... et lors de ce dîner. Patrick Mahé de Télé 7 Jours suggéra d’ailleurs que Poivre d’Armor « reste à l’antenne au moins jusqu’à l’âge de Dan Rather » (ndlr : 72 ans). Interrogé sur la presse bretonne, PPDA s’employa à souligner « la très bonne qualité de Ouest France un modèle pour beaucoup de quotidiens français » et la concurrence entretenue par Le Télégramme et par la presse hebdomadaire très fournie en Bretagne.
Déplorant le déficit d’hommes politiques bretons au pouvoir depuis René Pléven ou Raymond Marcellin, PPDA se félicita tour à tour de la capacité des Bretons à prendre leur destin en main, de leur « ouverture » et de leur « tolérance » ainsi que de leurs « réactions modérées, intelligentes, jamais sectaires » . Rien d’incompatible, pour lui, à « mettre en valeur ses racines et son patrimoine breton, à souhaiter que le Parlement de Rennes reprenne ses couleurs et à aller en même temps faire entendre sa voix au Parlement à Strasbourg et à Bruxelles » . Il avoua avoir été frappé dans le débat autour de Diwan par les enfants « aussi à l’aise en breton qu’en français » tout en étant « extrêmement doués pour les langues étrangères. » On aurait aimé que se prolonge cette soirée où Patrick « nous a parlé comme des amis » , comme le conclut Guy Plunier. « On était en famille. » Marie-Hèlène Le Hir, qui orchestre l’organisation de ces dîners mensuels, ne se fit pas prier pour remettre à PPDA la cravate du Club de Bretagne. Vers 20 heures quelques jours plus tard, lors du sacro saint journal de la Une, Poivre d’Arvor arborait la cravate parsemée d’hermines.
RONAN LE FLECHER